Rends-moi bien cet instant ; laisse là tous ces monstres symboliques ; surtout donne de la profondeur à ta scène ; que tes figures ne soient pas à mes yeux des cartons découpés, et tu seras simple, clair, grand et beau. […] Et, enragées bêtes que vous êtes, je ne l’exige pas de vous pour faire un nez, une bouche, un œil, mais bien pour saisir dans l’action d’une figure cette loi de sympathie qui dispose de toutes ses parties, et qui en dispose d’une manière qui sera toujours nouvelle pour l’artiste, eût-il été doué de la plus incroyable imagination, et eût-il par devers lui mille ans d’étude.
Nous examinons comment l’artisan a fait pour tromper nos yeux, au point de leur faire prendre des couleurs couchées sur une superficie pour de veritables fruits. […] Les tableaux de l’école lombarde sont admirez, bien que les peintres s’y soïent bornez souvent à flater les yeux par la richesse et par la verité de leurs couleurs, sans penser peut-être que leur art fût capable de nous attendrir : mais leurs partisans les plus zelez tombent d’accord qu’il manque une grande beauté aux tableaux de cette école, et que ceux du Titien, par exemple, seroient encore bien plus précieux s’il avoit traité toujours des sujets touchans, et s’il eut joint plus souvent les talens de son école aux talens de l’école romaine.
Nous contribuerions ainsi à éclaircir, aux yeux du philosophe, la théorie de la Relativité. […] Si donc nous nous guidons sur elle, si nous allons chercher au temps des caractères comme ceux de l’espace, c’est à l’espace que nous nous arrêterons, à l’espace qui recouvre le temps et qui le représente à nos yeux commodément : nous n’aurons pas poussé jusqu’au temps lui-même.
Le front embroussaillé de mèches rousses, la moustache fièrement dressée, les narines palpitantes et avides, deux yeux, oh ! […] Devant nos yeux défilent les tableaux réalistes les plus osés. […] Il pleut des roses sur mes yeux. […] Mes yeux n’ont que trop vu se coucher de soleils ! […] Paris, Flammarion, 1892. — Le Voyage dans les yeux.
Sur mes regrets, Porel nous offrait galamment son théâtre, et instantanément nous improvisions à nous trois la représentation annoncée dans les journaux, et que je trouve pour ma part joliment imaginée comme représentation d’amitié et de cœur, et dont l’argent n’avait rien à mes yeux de plus blessant pour la mémoire de Flaubert, que l’argent d’une souscription du public. […] En robe de chambre de soie claire, et molle, et bouffante, et garnie de haut en bas de gros nœuds floches, elle est paresseusement enfoncée dans un profond fauteuil, avec la mobilité fiévreuse de ses deux yeux de velours noir, avec la coquetterie des poses maladives, et ayant sur ses genoux une caniche noire, aux pattes montrant la ténuité d’une petite serre d’oiseau. […] Potain, une curieuse physionomie, avec l’humaine tristesse de sa figure, son crâne comme concassé, son œil rond de gnome, sa réalité un peu fantastique. […] La femme, de beaux yeux et un air aimable, l’homme, une tête à la détermination froide, et s’exprimant avec une netteté de la pensée et une correction de paroles, remarquables. […] Les Arabes condamnés à mort, en sa présence, ne laissaient rien voir de leur peur de la mort, dans l’expression des yeux, dans le port de la tête, dans l’ensemble des attitudes, mais en les regardant bien, on remarquait un battement de l’artère du cou, une agitation nerveuse de la pomme d’Adam.
Elle paraissait ignorer que l’on menait, sous ses yeux, au Panthéon « le plus grand poète qui eût jamais existé ». […] Mais la Fraternité hugoïste n’était pas de composition si humaine, elle n’entendait pas suspendre l’action des conseils de guerre, « mais tempérer l’œil du juge par les pleurs du frère… et tâcher de faire sentir jusque dans la punition la fraternité de l’assemblée ». […] À ses yeux, la confiscation des biens de la famille d’Orléans est un des plus affreux crimes de Napoléon III. […] Hugo, aux yeux du gros public, accapara la gloire de la pléïade romantique, non parce qu’il fut le plus grand poète, mais parce que sa poétique embrasse tous les genres et tous les sujets, de l’ode à la satire, de la chanson d’amour au pamphlet politique : et parce que, il fut le seul qui mit en vers les tirades charlatanesques de la philanthropie et du libéralisme bourgeois. […] Il se disait simple de cœur, parlant comme il pensait et agissant comme il parlait ; mais, ainsi que tout commerçant cherchant à achalander sa boutique, il jetait de la poudre aux yeux à pleines poignées, et montait constamment des coups au public.
D’ailleurs la chasteté du langage heureusement introduit dans l’histoire et dans la poésie par une religion plus pudique, défendait à Boileau ces nudités de la chair, scandales de l’esprit comme des yeux. […] On sentait qu’il parlait dans une langue vêtue et chaste, qui s’offense des nudités du style comme d’une profanation des yeux. […] Le sommeil sur mes yeux commence à s’épancher. […] La volupté la sert avec des yeux dévots, Et toujours le Sommeil lui verse ses pavots. […] Il faut plaindre ceux qui méprisent un tel artiste de n’avoir ni des yeux ni des oreilles capables de comprendre ce grand art de faire rendre à des syllabes tout ce que la nature fait éprouver de plus inexprimable aux sens, même le silence et l’assoupissement des sensations !
Mais il ne semble pas qu’elle soit exacte. » Le grand mérite, dira-t-on, de n’avoir pas accueilli les yeux fermés tous les mensonges des voyageurs, toutes les légendes et superstitions populaires ! […] Mais certainement, il a fait faire de nombreuses dissections ; il parle des yeux intérieurs de la taupe, des viscères du lion et de plusieurs reptiles. […] Le dieu d’Aristote n’est pas, comme celui de Platon, un ouvrier qui maîtrise, façonne une matière indocile, les yeux fixés sur un modèle ; il ignore la nature et ne l’organise que par l’attrait qu’exerce sur elle sa souveraine perfection. […] Au fond, Aristote tient pour l’immutabilité des espèces, ou tout au moins de certains types essentiels qui marquent à ses yeux comme les échelons de la vie dans la nature. […] Aux yeux du philosophe, la forme, seule intelligible, est, dans l’individu, tout ce qu’il a de réel, et la matière s’évanouissant graduellement, la pensée ne se trouve plus en présence que d’elle-même dans un monde de formes et de fins.
Balzac définirait le bas-bleu : « la fille aux yeux d’or de la littérature ». […] Je cherchais alors le vrai sens dans ses yeux ; mais ces yeux, railleurs et tendres, m’embrouillaient davantage. » Quelquefois pourtant le regard de la conteuse se mouille, et elle s’excuse : « Les vieux cœurs sont si pleins de larmes qu’une émotion de plus les fait déborder. […] Or, sachez que ce cœur a des « yeux pleins de larmes » et que sa « main tremble ». […] J’ai sous les yeux un acte de Sarah Bernhardt, l’Aveu. […] Tournons des pages… Je rencontre ce final : Viens chaque soir, Ô bel œil noir, A mes yeux bleus Ouvrir les cieux !