Quand Goëthe ne pensait pas à « sa spirale », il disait honnêtement : « Si je voulais consigner par écrit la somme de ce qui a quelque valeur dans les sciences dont je me suis occupé toute ma vie, ce manuscrit serait si mince que vous pourriez l’emporter sous une enveloppe de lettre. » Toute l’histoire de la philosophie, qui en était, peut donc tenir sur une carte à jouer. […] Voilà pourquoi les historiens qui s’occupent d’elle peuvent être à la fois humbles et concis. […] … La Philosophie dont il s’occupe dans son livre n’est pas cette philosophie générale — qui a seule le droit de porter ce nom absolu de Philosophie — et qui a pour prétention de donner la loi de tous les phénomènes. […] c’était là une idée, c’était là un criterium dont on pouvait partir, puisqu’on s’occupait d’une histoire de la philosophie politique !
De l’onction, du sentiment, l’heureux talent de la persuasion, l’ont fait placer parmi les Prédicateurs, au même rang que Racine occupe parmi les Poëtes tragiques. […] La plupart des Prédicateurs modernes ne s’occupent point assez à sentir & à se pénétrer de leur sujet.
La mémoire n’est donc à aucun degré une émanation de la matière ; bien au contraire, la matière, telle que nous la saisissons dans une perception concrète qui occupe toujours une certaine durée, dérive en grande partie de la mémoire. […] Il doit donc y avoir, dans l’ensemble des perceptions qui occupent un moment donné, la raison de ce qui se passera au moment suivant. […] On devra écarter les vibrations les unes des autres assez pour que notre conscience puisse les compter ou tout au moins en enregistrer explicitement la succession, et l’on cherchera combien cette succession occuperait de jours, de mois, ou d’années. […] C’est que l’espace nous est extérieur, par définition ; c’est qu’une partie d’espace nous paraît subsister lors même que nous cessons de nous occuper d’elle. […] Ne nous arrive-t-il pas de percevoir en nous, pendant notre sommeil, deux personnes Contemporaines et distinctes dont l’une dort quelques minutes tandis que le rêve de l’autre occupe des jours et des semaines ?
Robert Wood, autrefois voyageur en Orient et dans la Troade, et qui préparait un Essai sur le génie d’Homère dont Goethe parle comme d’un des livres qui donnèrent à son esprit une impulsion propice, Wood, arraché un moment aux Lettres, occupait, à cette date, le poste de sous-secrétaire d’État dans le ministère dont le comte de Granville était le président. […] En Grèce, il n’y a de grand que l’homme ; la nature se proportionne à sa taille et forme le fond du tableau dont il occupe toujours le premier plan. […] Plus tard, la place est occupée ; les affaires, les soucis, les soins de chaque jour la remplissent, et il n’y a plus guère moyen qu’avec un trop grand effort de repousser la vie présente qui nous envahit de tous côtés et qui nous déborde, pour aller se reporter en idée à trois mille ans en arrière19. […] Aussi, j’y ai souvent pensé : de même qu’autour d’un vaisseau menacé d’être pris par les glaces, on est occupé incessamment à briser le cercle rigide qui menace de l’emprisonner, de même chacun à chaque instant devrait être occupé à briser dans son esprit le moule qui est près de prendre et de se former. […] Un moraliste à la façon de Nicole les a très-bien définis en ces mots : « Ce sont des esprits trop remplis d’eux-mêmes et des images présentes qui les occupent, pour pouvoir s’ouvrir et faire place en eux à d’autres idées que les leurs, et surtout quand il s’agit d’admettre et de comprendre les choses du passé. » De ces esprits exclusivement voués au monde moderne, aux impressions actives de chaque jour, et qui ne sauraient s’en déprendre, il en est, d’ailleurs, je le sais, de bien fermes et, à tous autres égards, d’excellents.
Il n’en est pas moins vrai que, pour occuper les premiers rangs dans l’ordre de l’art, la condition est un certain équilibre et une ordonnance entre les éléments humains, une volonté supérieure qui en dispose, tout en les déchaînant, une élévation qui, au sommet, triomphe des orages eux-mêmes et se rit des déchirements au sein d’une sereine clarté. […] La Terreur et le règne sanglant de Robespierre lui arrachèrent bientôt d’autres cris non moins dignes de son cœur et de sa muse : « Que me parles-tu, Vallier, écrivait-il à un ami, de m’occuper à faire des tragédies ? […] Il m’est impossible de m’occuper d’affaires : elles me répugnent ; j’en ai l’horreur. […] Dès que j’ai été un peu mieux, je m’en suis occupé, et je vous l’envoie. […] cela occuperait bien agréablement les moments que je suis forcé de rester au coin de mon feu.
La circonscription générale du champ de nos recherches, tracée avec toute la sévérité possible, est, pour notre esprit, un préliminaire particulièrement indispensable dans une étude aussi vaste et jusqu’ici aussi peu déterminée que celle dont nous allons nous occuper. […] Il en est de même en considérant sous le point de vue pratique la nature des recherches qui occupent primitivement l’esprit humain. […] Il est urgent de s’en occuper sérieusement ; car ces inconvénients, qui, par leur nature, tendent à s’accroître sans cesse, commencent à devenir très sensibles. […] La plupart se bornent déjà entièrement à la considération isolée d’une section plus ou moins étendue d’une science déterminée, sans s’occuper beaucoup de la relation de ces travaux particuliers avec le système général des connaissances positives. […] D’un côté, on vous recommande de vous isoler, autant que possible, de toute sensation extérieure, il faut surtout vous interdire tout travail intellectuel ; car, si vous étiez seulement occupés à faire le calcul le plus simple, que deviendrait l’observation intérieure ?
Au degré de développement déjà atteint par notre intelligence, ce n’est pas immédiatement que les sciences s’appliquent aux arts, du moins dans les cas les plus parfaits il existe entre ces deux ordres d’idées un ordre moyen, qui, encore mal déterminé dans son caractère philosophique, est déjà plus sensible quand on considère la classe sociale qui s’en occupe spécialement. […] Qu’il me soit permis de donner ici quelque développement à cette réflexion, que je crois importante pour caractériser la véritable difficulté de la recherche qui nous occupe actuellement. […] Par le second, on présente le système des idées tel qu’il pourrait être conçu aujourd’hui par un seul esprit, qui, placé au point de vue convenable, et pourvu des connaissances suffisantes, s’occuperait à refaire la science dans son ensemble. […] J’aurai naturellement occasion de lui donner toute son extension dans la leçon prochaine, en montrant que la possibilité d’appliquer à l’étude des divers phénomènes l’analyse mathématique, ce qui est le moyen de procurer à cette étude le plus haut degré possible de précision et de coordination, se trouve exactement déterminée par le rang qu’occupent ces phénomènes dans mon échelle encyclopédique. […] Que peut produire de rationnel, à moins d’une extrême supériorité naturelle, un esprit qui s’occupe de prime abord de l’étude des phénomènes les plus compliques, sans avoir préalablement appris à connaître, par l’examen des phénomènes les plus simples, ce que c’est qu’une loi, ce que c’est qu’observer, ce que c’est qu’une conception positive, ce que c’est même qu’un raisonnement suivi ?
Cette restitution ingénieuse, qu’on admirerait si elle s’appliquait à une maison romaine du temps d’Auguste ou de Trajan ou à un intérieur de châtelaine du Moyen-Âge, ne mérite pas moins d’éloge et d’estime, se rapportant au xviie siècle, qui est déjà pour nous une antiquité ; c’est un parfait tableau d’intérieur, digne en son genre de Mazois ou de Viollet-le-Duc ; on me saura gré de le donner ici : « Les époux Poquelin occupaient dans la maison de la rue Saint-Honoré une boutique avec salle à la suite servant de cuisine et probablement de salle à manger, et au-dessus de cette salle une soupente ; entre le rez-de-chaussée et le premier étage se trouvait une sorte d’entre-sol dans lequel étaient la chambre à coucher et un cabinet ; le premier étage était transformé en magasin. […] » Le centre d’un panneau est occupé par un de ces meubles en forme de buffet, si recherchés aujourd’hui, dans lesquels on renfermait les objets les plus précieux et qu’on désignait sous le nom de cabinet ; celui de Marie Cressé est en bois de noyer marbré, à quatre portes ou guichets fermant à clef, et « garni par dedans de satin de Bruges. […] » Le lit à pente de serge de Mouy vert brun, avec des passements, des crépines et des franges de soie, est garni d’une couverture de parade ; dans la ruelle est le fauteuil ou faudesteuil, siège d’honneur occupé quelquefois par le médecin ou par le confesseur. […] Moland est, en effet, le contraire de ces critiques dédaigneux qui incorporent et s’approprient sur le sujet qu’ils traitent tout ce qu’ils rencontrent et évitent de nommer leurs devanciers ; qui affectent d’être de tout temps investis d’une science infuse et plénière, ne reconnaissant la devoir à personne ; qui ont l’air de savoir de toute éternité ce qu’ils viennent d’apprendre au moment même, et, dont le premier soin est de lever après eux l’échelle par laquelle ils sont montés : ces critiques-là se piquent d’être nés tout portés et installés à la hauteur qu’ils occupent. […] mais pourquoi l’administration de Paris, qui fait tant de belles et grandes choses, n’achèterait-elle pas la vraie maison, celle qui occupe le véritable emplacement du logis où naquit Molière ?
Que le professeur s’en occupe, à la bonne heure, c’est son métier. […] De là l’idée que, l’éducation finie, on n’a point à s’en occuper et qu’elles ne peuvent regarder que les professeurs. […] Voyez Aristote ; certes l’appareil scientifique occupe chez lui une plus grande place que chez aucun savant moderne, Kant peut-être excepté. […] Comprendrions-nous des séances solennelles et publiques occupées par les lectures suivantes : Sur la nature de la conjonction. — Sur la période allemande. — Sur Les mathématiciens grecs. — Sur la topographie de la bataille de Marathon. — Sur la plaine de Crissa. — Sur les centuries de Servius Tullius. — Sur les vignes de l’Attique. — Classification des prépositions. — Éclaircissement sur les mots difficiles d’Homère. — Commentaire sur le portrait de Thersite dans Homère, etc.