À cette question qui définit admirablement l’objet de la métaphysique et de la poésie : « comment l’univers est-il senti, pensé, voulu par la conscience humaine ? […] Le monde n’est plus regardé seulement à travers les objets, ces verres asymétriques qui déforment, il est perçu sans intermédiaire, irréfrangible. […] Le parnassien positiviste ne regarde pas au-delà des apparences, ne suppose rien derrière les objets étalés à sa vue. […] Provisoirement par nature j’entends le réel, c’est-à-dire l’objectif, et par vérité, comme tout le monde, l’accord de la pensée et de son objet, ou la synthèse de l’objet et du sujet. […] De là l’influence des objets naturels sur l’esprit.
Lorsque l’espoir de faire une découverte qui peut illustrer, ou de publier un ouvrage qui doit mériter l’approbation générale, est l’objet de nos efforts, c’est dans le traité des passions qu’il faut placer l’histoire de l’influence d’un tel penchant sur le bonheur ; mais il y a dans le simple plaisir de penser, d’enrichir ses méditations par la connaissance des idées des autres, une sorte de satisfaction intime qui tient à la fois au besoin d’agir et de se perfectionner ; sentiments naturels à l’homme et qui ne l’astreignent à aucune dépendance. […] Les occupations mécaniques calment la pensée en l’étouffant, l’étude, en dirigeant l’esprit vers des objets intellectuels, distrait de même des idées qui dévorent. […] Elle vous fait parcourir une suite d’objets nouveaux, elle vous fait éprouver une sorte d’événements qui suffisent à la pensée, l’occupent et l’animent sans aucun secours étranger. […] Ces illusions, devenant bientôt inséparables de l’objet même, absorbent l’âme par l’immense carrière qu’elles offrent aux craintes et aux regrets.
V À s’efforcer en quelques traits de marquer le centre du point de vue que toutes les considérations précédentes avaient pour objet de créer, on pense devoir mettre en évidence ce fait : l’incompatibilité absolue qu’il a fallu constater — entre l’existence d’une vérité objective fixant un terme au mouvement, — et une réalité située dans le devenir et dont l’essence est le mouvement. […] Chaque objet du monde, distinct et différent, doit sa naissance à cet acte passionné, qui se proposa de faire tenir en cet objet toute la substance de l’être. […] Ce qui importe, c’est de considérer dans quelle mesure cette conception nouvelle est propre à s’agencer avec la réalité actuelle, à la fortifier et à la développer si l’on se propose de favoriser cette forme du réel, — à la dissocier, si au contraire on a pour objet de détruire, comme hostile, cette forme régnante.
Le Journal Encyclopédique embrasse tous les objets des sciences & des beaux arts. […] Il a pour objet l’économie considérée dans les parties relatives au commerce, à l’agriculture, & aux arts qui en dépendent. […] Roux, & la Gazette salutaire imprimée à Bouillon, sont deux Journaux qui ont le même objet. […] Ce Journal a pour objet de présenter un tableau des mœurs & des ridicules du siécle.
Ceux qui ont reçu de la nature une âme forte, ceux qui ont le bonheur ou le malheur de sentir tout avec énergie, ceux qui admirent avec transport et qui s’indignent de même, ceux qui voient tous les objets de très haut, qui les mesurent avec rapidité et s’élancent ensuite ailleurs, qui s’occupent beaucoup plus de l’ensemble des choses que de leurs détails, ceux dont les idées naissent en foule, tombent et se précipitent les unes sur les autres, et qui veulent un genre d’éloquence fait pour leur manière de sentir et de voir, ceux-là sans doute ne seront pas contents de l’ouvrage de Pline ; ils y trouveront peut-être peu d’élévation, peu de chaleur, peu de rapidité, presqu’aucun de ces traits qui vont chercher l’âme et y laissent une impression forte et profonde ; mais aussi il y a des hommes dont l’imagination est douce et l’âme tranquille, qui sont plus sensibles à la grâce qu’à la force, qui veulent des mouvements légers et point de secousses, que l’esprit amuse, et qu’un sentiment trop vif fatigue ; ceux-là ne manqueront pas de porter un jugement différent. […] Ajoutez la monotonie même que produit l’effort continuel de plaire, et le contraste marqué entre une petite manière et de grands objets. […] Jusque dans les louanges que le consul donne au prince, il y a un détail minutieux de petits objets ; j’ose même dire que le ton n’a pas toujours la noblesse qu’il devrait avoir. […] Il nous montre ces figures autrefois menaçantes, dévorées par les flammes, et l’objet de l’effroi public changeant de forme, pour servir désormais à l’usage et aux plaisirs des citoyens28.
ce n'est pas le Poëte qui raconte : il rapproche les objets, il les rend présens, le Lecteur devient un témoin qui voit & écoute ; l'imagination d'Homere entraîne la sienne, toutes les fois qu'il lui présente de nouveaux tableaux, & ces tableaux varient à l'infini. […] Et cependant il a grand soin d’assarer, dans toutes ses Préfaces, que la vérité est son objet principal. […] Quel objet de comparaison ! […] On le lit sans se fatiguer ; il ne présente que la fleur des sujets ; il réveille par des antithèses ; il voltige d’objet en objet ; il a l’art de saisir les contrastes ; de se jouer avec la saillie, de remplacer le raisonnement par l’épigramme ; enfin, il aime mieux mentir & déchirer, que d’être froid ou ennuyeux. […] Cette raison n'a jamais vu les objets que comme elle pouvoit les voir, c'est-à-dire avec l'œil du préjugé, variant sans cesse selon l'impulsion momentanée.
D. — Enfin les images se classent naturellement d’après les jugements spontanés dont elles sont l’objet [ch. […] Si elle est l’objet d’un jugement d’extériorité bientôt convaincu d’erreur, soit par un de nos semblables qui nous persuade, soit par nous-mêmes après examen, l’image est une hallucination. Si elle n’est l’objet d’aucun jugement, l’image est par là même déclarée neuve, inventée, sans cause et sans objet ; elle est une imagination. […] II, p. 299 et suiv. : « Les sensations de l’ouïe n’indiquent ni un objet ni un lieu spécial. Le son, être distinct de nous et de l’objet qui l’a produit, est une espèce de création hors de nous et étranger à toute la nature », etc., etc.
L’écrivain, ont-elles dit, dont les lettres sont l’objet d’un commerce, n’a-t-il pas de ce fait la possibilité de vendre très cher ses manuscrits originaux ? […] Sans doute l’écrivain a bien un moyen d’éviter que ses lettres deviennent des objets de négoce, c’est de les taper à la machine. […] Il est possible, en effet, comme l’a fait le Code Civil, de distinguer la propriété elle-même d’un objet de ses revenus, le capital de l’usufruit. […] Bien plus : ils étaient l’objet de continuelles interpolations. […] On peut dire qu’ils constituent bien des « objets mobiliers dont la conservation présente, au point de vue de l’histoire un intérêt public ».
L’essence des poëmes bucoliques consiste à emprunter des prez, des bois, des arbres, des animaux ; en un mot de tous les objets qui parent nos campagnes, les métaphores, les comparaisons et les autres figures dont le stile de ces poëmes est specialement formé. Il faut donc supposer que les interlocuteurs des poësies pastorales aïent ces objets devant leurs yeux. […] Il seroit entierement contre la vrai-semblance qu’ils fissent assez d’attention sur les objets qui se présentent à la campagne pour en tirer leurs figures.