Ses nuits n’avaient que rêves ailés et gazouillements mélodieux ; les images de ses favoris hantaient sa pensée. […] Ce travail occupait mes nuits et mes jours. […] À l’approche de la nuit, à mesure que l’ombre s’épandait sur le fleuve, une plus profonde émotion nous saisissait. […] Arrivé à la hutte, je demandai à cette femme si je pourrais trouver sous son toit une retraite pour la nuit. […] Nous passâmes la nuit dans la hutte, et l’aurore reparut vermeille et riante.
Mais avant de parler de ce dernier poème que j’ai reçu hier, que j’ai lu d’une seule haleine cette nuit, rappelons-nous deux heureuses journées déjà loin de nous, qui nous feront connaître Laprade. […] On voit successivement s’ouvrir une fenêtre, puis une autre, comme pour entendre ces bruits et pour respirer cet air matinal embaumé par la nuit ; on aperçoit, entre les rideaux blancs des fenêtres flottant au souffle des bois, quelques charmantes têtes de jeunes filles, ou de beaux enfants qui regardent les pigeons fuyards ou les hirondelles voleter autour des corniches, dans les rayons transparents du jour. […] Tout semble se mouvoir au mouvement de la pensée elle-même ; c’est une terre en action, quoiqu’en repos ; on y assiste à une création quotidienne ; toutes les heures du jour et de la nuit y donnent en passant un coup de pinceau, une teinte, un caractère, une physionomie. […] L’un de ces artistes était le jeune Allemand Liszt, ce Beethoven du piano, pour qui la plume du premier Beethoven était trop lente, et qui jetait à plein doigté ses symphonies irréfléchies et surnaturelles au vent, comme un ciel des nuits sereines d’été jette ses éclairs d’électricité sans les avoir recueillis dans la moindre nuée. […] Versez les chastes jours et les nuits profanées, Et l’asphodèle vierge et les roses fanées ; Versez votre douleur, versez votre beauté.
La nuit, il rôdait, voulant y rentrer et sourd aux insultes de l’archange. […] Aux Morts, le Dernier souvenir, les Damnés, Fiat nox, In Excelsis, la Mort du soleil, les Spectres, le Vent froid de la nuit, la Dernière vision, l’Anathème, Solvet saeclum, Dies Irae, tous ces poèmes, prodigieux par la magnificence et la dureté des lamentations, ne sont que prières à la Mort, effusions noires vers le néant. […] Qui ne pleure sur toi, magnanime faiblesse, Esprit qu’un aiguillon divin excite et blesse, Qui t’ignores toi-même et ne peux te saisir, Et, sans borner jamais l’impossible désir, Durant l’humaine nuit qui jamais ne s’achève, N’embrasse l’infini qu’en un sublime rêve ! […] Elle a le soleil, mais elle a aussi le crépuscule et la nuit. […] Le Vent froid de la nuit.
La nuit ne cache pas les actions mauvaises. […] Celui-là porta la ruine chez les hommes ; celui-là ne m’a laissé le plaisir ni de me couronner de fleurs, ni de savourer la coupe profonde, ni de prolonger la douce harmonie des flûtes et les joies de la nuit. […] Auparavant, contre les alarmes de la nuit et les traits lancés j’avais un rempart, l’impétueux Ajax ; maintenant, il a été donné en proie à un funeste démon. […] « Il existait le chaos et la nuit, et, au commencent ment, le noir Érèbe et le Tartare ; mais ni la terre, ni l’air, ni le ciel, n’étaient encore. Dans le cercle infini de l’Érèbe, avant tout, la Nuit aux ailes noires produisit un œuf non couvé, d’où, par la révolution du temps, jaillit l’Amour, père des Désirs, battant son dos de ses ailes dorées, et semblable lui-même aux tourbillons de la tempête.
À la prise de Cahors, qui fut tant disputée (1580), et qui ne dura pas moins de trois jours et trois nuits à mener à fin après qu’on eut pénétré dans la ville, le pillage fut en raison de la peine ; on ne s’y épargna pas : « Et en votre particulier, disent les secrétaires de Rosny, vous gagnâtes par le plus grand bonheur du monde une petite boîte de fer que nous croyons que vous avez encore, que vous baillâtes lors à l’un de nous quatre à porter, et l’ayant ouverte, trouvâtes quatre mille écus en or dedans. » À une première tentative de Henri IV sur Paris (1589), Rosny donne, avec MM. d’Aumont et de Châtillon, du côté du faubourg Saint-Germain, « où, ayant enclos entre deux troupes, dans une rue près la foire de Saint-Germain, plusieurs Parisiens, il en fut tué quatre cents en un monceau en moins de deux cents pas d’espace. […] Dans la nuit du 12 au 13, Rosny, qui était en garnison dans Pacy-sur-Eure, vit ou crut voir au milieu d’un orage « de grands signes au ciel de deux armées fort bien distinguées, et les hommes et les chevaux aussi se battant furieusement », presque de même qu’il devait le voir ensuite le lendemain. […] Rosny enfin fait si bien qu’il arrive au château d’Anet, s’y maintient avec cornette et prisonniers, et y passe la nuit après y avoir reçu les premiers soins pour ses blessures. […] Au siège de Laon, on voit Henri, qui passait les jours et les nuits à visiter les batteries et les tranchées, faire un soir la partie d’aller le lendemain à Saint-Lambert, dans la forêt, vers une métairie de son domaine, « où, étant jeune, il était allé souvent manger des fruits, du fromage et de la crème, se délectant grandement de revoir ces lieux-là où il avait été en son bas-âge ». […] Henri IV lui ayant exposé la question complète telle qu’elle s’agitait alors au sujet de sa religion, et lui ayant recommandé d’y bien réfléchir, lui dit qu’il le renverrait quérir dans trois ou quatre jours ; car c’était la coutume de Rosny, lorsqu’il était consulté par le roi, de demander du temps pour y penser ; il réfléchissait durant plusieurs nuits aux choses sans fermer la paupière, et mettait en ordre avec méthode tout ce qui lui venait dans l’esprit, afin de le déduire ensuite de point en point.
Claude, cette nuit-là, a passé une heure à regarder l’eau du haut du pont des Saints-Pères ; il est enfin rentré ; mais, à peine couché, il s’est échappé du lit. […] Vous trouverez même des pages apaisées et presque gracieuses : Christine recueillie, par une nuit d’orage, dans l’atelier de Claude, ou l’idylle parisienne et bourgeoise du ménage de Sandoz. […] Une nuit qu’il tombait de la neige, elle avait été recueillie par un monsieur et une dame qui s’appelaient Hubert et Hubertine. […] … Par les nuits chaudes, Angélique, ne sachant ce qu’elle a, saute pieds nus sur le carreau de sa chambre. […] Et, pendant ce temps-là, monseigneur l’évêque de Beaumont, qui a quelque soixante ans, tourmenté dans sa chair par le souvenir de la femme qu’il a adorée, passe les nuits à se tordre sur son prie-Dieu avec « un râle affreux… dont la violence, étouffée par les tentures, effraye l’évêché ».
… » Le dîner a commencé gaiement, mais voici que Tourguéneff parle d’une constriction du cœur, survenue la nuit, il y a quelques jours, constriction mêlée à une grande tache brune, sur le mur en face de son lit, et qui dans un cauchemar, où il se trouvait moitié éveillé, moitié dormant, était la Mort. […] Et Daudet de s’écrier : « Moi, ça été huit jours une plénitude de la vie, pendant laquelle j’aurais embrassé les arbres… Puis, une nuit, sans avertissement, sans douleur, je me suis senti quelque chose de fade et de gluant dans la bouche — et il fait le geste d’en retirer une limace — et après ce caillot, trois fois des flots de sang qui ont rempli mon lit… Oui, c’était une déchirure du poumon… et depuis ce temps je ne puis cracher dans mon mouchoir, sans regarder s’il n’y a pas de ce sacré sang ! […] Une tiède pâleur, à tout moment, rosée d’animation passagère, le bleu sombre de l’œil pareil à une lumière de nuit, des traits découpés et sculptés dans la chair, une coiffure retroussée à la Diane, découvrant le précieux modelage des joues, des tempes, et une petite oreille au contour transparent. […] Je me rappelais une fois, où par hasard à la campagne, chez elle, on m’avait improvisé, par terre, un lit dans une chambre, et qu’elle eut besoin, lorsque j’étais couché, de traverser cette pièce, sa toilette de nuit déjà faite. […] Et sans demander, en pleine nuit, il retrouve son hôtel de la place du Mont-Parnasse, ce que, dit-il, il ne pourrait faire aujourd’hui.
» Tout le long de la tranchée, il s’est promené avec moi dans la nuit. […] De jour et de nuit, n’a cessé d’assister les blessés et d’exalter l’enthousiasme des combattants par sa parole et son attitude. […] Depuis ce jour, a passé ses nuits et ses jours à ramener les blessés et à secourir les mourants. […] Pendant cette relève, je songerai à la Cène et à cette nuit affreuse du Jardin des Oliviers… Si vous voulez mon sang, ô mon Dieu, je vous l’offre en union au sang de mon divin Sauveur. Vendredi saint. — La nuit vient de clore la période des combats… A partir de onze heures, le gros calibre commence.
Et ce portrait-là ne nuit pas aux autres. […] Au défaut, je fus longtemps à considérer la porte… Sans la nuit, on n’eût jamais pu m’arracher de cet endroit. » Son attachement pour Mme de La Sablière fut si délicat, qu’en vérité il payait tous les services. […] Deux ans après, la lecture d’une ode de Malherbe le ravit ; il ne lit plus autre chose, il passe les nuits à l’apprendre par coeur, il va déclamer son poëte à l’écart. […] Il rêve toute une nuit de la princesse de Conti qu’il vient de voir parée et prête à partir pour le bal : L’herbe l’aurait portée, une fleur n’aurait pas Reçu l’empreinte de ses pas… Vous portez en tous lieux la joie et les plaisirs15 ; Allez en des climats inconnus aux zéphyrs, Les champs se vêtiront de roses.