Ménage, et par la guerre civile qu’il a causée dans l’Académie, est un jeune homme qui a commencé de bonne heure à se gâter soi-même, et que, depuis, ont achevé de gâter quelques approbateurs… » Gilles Boileau, quand il était en voyage, portait dans son sac de nuit les Satires de Régnier, et, d’ordinaire, il présidait au troisième pilier de la grand-salle du Palais, donnant le ton aux clercs beaux esprits. […] Pour jouir de tout l’agrément du Lutrin, j’aime à me le figurer débité par Boileau avec ses vers descriptifs et pittoresques, tantôt sombres et noirs comme la nuit : Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses ; tantôt frais et joyeux dans leurs rimes toutes matinales : Les cloches dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines ; avec ces effets de savant artifice et de légèreté, quand, à la fin du troisième chant, après tant d’efforts, la lourde machine étant replacée sur son banc, Le sacristain achève en deux coups de rabot, Et le pupitre enfin tourne sur son pivot ; ou avec ces contrastes de destruction et d’arrachement pénible, quand le poète, à la fin du quatrième chant, nous dit : La masse est emportée, et ses ais arrachés Sont aux yeux des mortels chez le chantre cachés. […] Ils ont passé une nuit dans un magnifique appartement que l’on fait à Mlle de Fontanges. Les peintres, en sortant le soir, n’avaient pas songé à fermer les portes ; ceux qui ont soin de cet appartement avaient eu autant de négligence que les peintres : ainsi les ours, trouvant les portes ouvertes, entrèrent, et, toute la nuit, gâtèrent tout. […] Les deux poètes firent bivouac où les deux ours l’avaient fait la nuit précédente, et eurent le loisir de songer ou à leur poésie passée, ou à leur histoire future.
Je ne trouve pas le sommeil, mais j’obtiens une espèce d’engourdissement, en la nuit de ma chambre fermée, dans laquelle mon ennui se formule à ma pensée, d’une manière moins distincte, plus vague, plus estompée. […] » phrase qui faisait naître dans l’esprit de l’enfant, l’idée d’une localité, où son oncle se rendait la nuit. […] À propos de ces funérailles — un détail curieux donné par la police — dans ces nuits de priapées, sur les pelouses des Champs-Élysées, toutes les Fantines des gros numéros, fonctionnaient, les parties naturelles, entourées d’une écharpe de crêpe noir. […] quelle nuit ! […] Un soir que Delpit s’était retiré de bonne heure, sous le prétexte qu’il était fatigué, Ganderax venant se coucher, trouvait son camarade de chambre, au milieu de la petite pièce, en chemise, sa table de nuit renversée, et titubant et bégayant, complètement ivre de chloral.
Il y a, je ne sais quoi, chez lui, d’un montreur de prodiges et d’un commis voyageur des Mille et Une Nuits. […] Nous entendons sonner toutes les heures de la nuit avec le sentiment d’un épigastre tiraillé et douloureux. […] Les arbres, — une légèreté dorée — apparaissant dans la nuit comme feuilles de brouillard. […] Tout le jour dans de la nuit, dans des ténèbres éclairées par deux quinquets. […] et nous pensons à ces petits bouts de rôle, aperçus sur des tables de nuit d’actrices de deux sous, et qui nous faisaient palpiter le cœur.
pour chanter, crois-moi, Charles, il n’est pas l’heure ; Le temps n’a pas appris à ton front qu’il effleure Ce que son aile apporte et de nuits et d’hivers. […] Nous resterons dehors, souffrant, loin de l’enceinte, Et le froid de la nuit et la chaleur du jour ; Ah ! […] Ne peut-on cacher à l’aurore La nuit qui la dévorera ? […] Après ces variations du jour, après ces orages, la dernière pièce, intitulée Nuit, ramène un peu ce que M. […] Alfred de Musset, que s’il jetait souvent à la face du siècle d’étincelantes satires comme la dernière sur la Paresse, que s’il livrait plus souvent aux amis de l’idéal et du rêve des méditations comme sa Nuit de Mai, il serait peut-être en grande chance de faire infidélité à son groupe, et de passer, lui aussi, le plus jeune des glorieux, à l’auréole pleine et distincte154.
C’était une nuit sans vent, une de ces nuits d’étuve où l’air de Paris surchauffé entre dans la poitrine comme une vapeur de four. […] Ses oreilles bruissaient comme dans les nuits de tentation atroce. […] La nuit tombait. […] Il disparaissait déjà dans la nuit. […] Ce n’était ni le jour ni la nuit.
Il est encore nuit ; une voix gronde sur la tour du palais d’Argos comme la plainte d’un chien à l’attache. […] Ainsi le Chœur célèbre d’abord la grande nuit de la prise, cette nuit « qui a jeté sur les murs de Troie le large filet de l’esclavage ». […] Chaque nuit, l’insomnie la retournait sur sa couche hantée par les rêves ; le roi d’un moucheron la redressait en sursaut. […] Tout enfant on l’avait oubliée, une nuit, dans le temple d’Apollon ; on la retrouva, le matin, ceinte d’un serpent noué autour de ses tempes, qui lui léchait les oreilles. […] La nuit suprême tomba sur Troie, qui se réveilla envahie, au milieu des flammes.
… » Une autre nuit, dans un vallon perdu, j’ai entendu un rossignol chanter si merveilleusement que sa voix nous a fait taire longtemps… La nature me console ; elle est mon amie, je suis dans son intimité ; j’ai épié tous les moments de la nuit et du jour. […] Pendant la nuit, je fais faire des rondes, et le jour je dois surveiller les travaux, de sorte que je n’ai pas un instant à moi : à peine puis-je prendre un peu de repos sur de la paille humide, dans une cagna où je n’entre qu’à genoux. […] Elle est admirable, la spiritualité d’un tel vivat chez un enfant de vingt ans qui, nuit et jour, souffre dans la boue, à son humble rang ! […] Quand la nuit viendra, nous unirons nos cœurs. » Sur son passage, il note : « Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les vieilles femmes. […] Cette nuit, je veillerai sur vous, l’arme à la main ; vous savez qui veille sur moi ».
» Je rentrai chez moi, la nuit, je relus d’un coup le roman, et le matin, j’écrivais à Alexis pour avoir sa collaboration, en même temps que je vous demandais l’autorisation pour faire la pièce. […] J’ai reçu ce matin une lettre de Mme Daudet me disant, que Daudet a eu cette nuit des crachements de sang qui l’ont bien effrayée. […] Des gens qui déménagent, des maisons où l’on prend des gardiens pour la nuit. […] L’une racontait qu’ayant acheté deux cravates, et son mari ayant témoigné assez vivement, qu’il ne les trouvait pas jolies, avait pleuré toute une nuit. […] Mais les deux fils de l’architecte du souterrain s’y introduisaient toutes les nuits.
. — Les Nuits d’hiver (1861). […] Ses meilleurs endroits sont toujours les ébauches faciles, assez gracieuses dans leur facilité, d’un homme qui, peut-être, sera un artiste demain… En parcourant ces pages incorrectes et lâchées, et ces vers dans lesquels l’émotion ne peut sauver le langage, on a senti que cette langue de poète avait le filet… On ne le lui coupa pas et jamais il ne se l’arracha… Dans ses Nuits d’hiver comme dans sa Vie de Bohême, il n’a pas plus d’inspiration personnelle qu’il n’a de style à lui.