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379. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Le style en est simple, mais la poésie nouvelle, même après Homère : « Les cavales87 qui m’entraînent se sont élancées aussi loin que le cœur me poussait, puisqu’elles m’ont porté sur la voie glorieuse de la divinité, qui place l’homme éclairé au milieu de tous les mystères. […] Très grande de son vivant, sa célébrité s’accrut avec le temps dans l’imagination des Grecs ; et, après le grand siècle des arts et de la science, lorsque le monde polythéiste fut troublé et divisé par une lumière nouvelle, le nom d’Empédocle, les légendes sur sa vie, les prodiges attribués à sa science magique, furent un des secours dont s’étayait l’ancienne croyance. […] Ce n’est pas encore la loi de justice et d’amour qui devait enflammer le monde, et y répandre une nouvelle poésie.

380. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Toute vieille évidence est destinée à s’effacer devant une évidence nouvelle. […] Un fait nouveau, une idée nouvelle, cela vaut plus qu’une belle phrase. […] Il s’est incorporé une vaste matière nouvelle ; il s’est annexé la nature entière. […] Voir l’étude très intéressante et nouvelle de M.  […] André Beaunier, la Poésie nouvelle.

381. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Et si Chateaubriand est Breton, il inaugure une manière nouvelle d’être Breton. […] Car par les Mémoires, Chateaubriand a introduit dans la littérature une réalité nouvelle, et qui a eu des suites : l’homme stylisé. […] Mme de Staël affirme le progrès, — la supériorité des modernes — la venue et l’avenir d’une grande littérature nouvelle. […] L’appel d’air qui soulève alors une France littéraire nouvelle est pris entre les trente ans de Lamartine et les vingt ans de Musset. […] C’est la Nouvelle Héloïse qui a déterminé pour la première fois autour d’un grand écrivain à la mode cet appel d’air.

382. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Où donc est la victoire, peut-on dire, et qu’avez-vous produit, vous, École poétique nouvelle, qui soit si supérieur et si à l’abri d’un revers ? Sans répondre à ce qu’aurait de trop direct la question, et d’embarrassant pour l’orgueil ou pour la modestie, il est permis d’affirmer, selon l’entière évidence, que la victoire de l’école nouvelle se prouve du moins dans la ruine complète de l’ancienne, et que dès lors on a loisir de juger sans colère et de mesurer en détail celle-ci, dût quelque partisan de l’heureux Pompée de cette poésie nous venir dire : Ô soupirs ! […] Geoffroy, quoique du même parti politique que Delille, s’est montré beaucoup plus sévère dans la nouvelle Année littéraire qu’il essaya alors, et il ménagea moins l’aimable auteur que l’ancienne Année littéraire ne l’avait fait. Fontanes, bien qu’ami du poëte et défenseur du poëme, cacha sous beaucoup d’éloges des critiques moins détaillées, mais au fond à peu près les mêmes que celles de Ginguené, et qui acquièrent sous sa plume favorable une autorité nouvelle. […] Sa femme, jalouse de l’ascendant qu’elle avait sur lui, ne contribuait pas peu à le tenir soigneusement à l’écart de la puissance nouvelle.

383. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Alfieri l’indique, mais en termes trop vagues : “Au mois de février 1788, mon amie reçut la nouvelle de la mort de son mari, arrivée à Rome, où il s’était retiré depuis plus de deux ans qu’il avait quitté Florence. […] Celles qui suivirent m’apportèrent la nouvelle de sa mort, après une maladie qui n’avait duré que huit jours. […] Ce malheur troubla plus que je ne saurais le dire le reste du temps déjà si court que nous passâmes ensemble ; et, à mesure que le terme approchait, cette nouvelle séparation me paraissait bien plus amère et plus horrible. […] « Après avoir employé ou perdu environ deux mois, dit-il, à chercher et à meubler une nouvelle maison, nous y entrâmes au commencement de 1792. […] « Je n’avais pas eu la même force, au mois de septembre de l’année précédente, pour résister à une nouvelle impulsion, ou, pour mieux dire, à une impulsion renouvelée de ma nature, impulsion toute-puissante cette fois, qui m’agita pendant plusieurs jours, et à laquelle il fallut bien me rendre, ne pouvant la surmonter.

384. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Goethe, qui connut et ne goûta que médiocrement Mme de Staël, ne paraît pas avoir eu une bien haute idée de Chateaubriand, le grand artiste et le premier en date de la génération nouvelle. […] Il se sentait compris, deviné par des Français pour la première fois : il se demandait d’où venait cette race nouvelle qui importait chez soi les idées étrangères, et qui les maniait avec une vivacité, une aisance, une prestesse inconnues ailleurs. […] Ce fut surtout vers 1827 que ce vif intérêt de Goethe pour la nouvelle et jeune France se prononça pour ne plus cesser. […] J’ai reçu ce matin une carte de Goethe sur laquelle était une nouvelle invitation de me rendre chez lui. […] — Hier pour la première fois, dis-je, j’ai lu cette pièce, à cause de la nouvelle édition de vos œuvres, et j’ai infiniment regretté qu’elle soit restée inachevée.

385. (1909) De la poésie scientifique

Il apporte la théorie de nouvelle technique poétique, « l’Instrumentation verbale », dont l’édition de 1887 précisait, de notes et d’un appendice, les données desquelles la partie intuitive s’avérait : les travaux de Helmholtz et de Kratzenstein, sur les harmoniques, dont il était ainsi parlé en Poésie, pour la première fois. […] Le « Symbolisme » se présente donc, non pas le créateur d’une pensée poétique nouvelle, mais comme la victorieuse reconnaissance d’une nécessaire manière d’art pour comprendre et œuvrer poétiquement, en dehors de quoi le vrai sens poétique ne s’exprime plus… . […] Mais veut-on aussi ne pas prendre pour la loi le résultat ainsi acquis momentanément, l’impossible moment d’arrêt et d’équilibre qu’est ce résultat, tandis que tout évolue autour de l’organisme que nous considérons, qui, immédiatement, devra, en nouvelle instabilité, évoluer lui aussi  sous peine de diminution et de mort  et retendre son effort, son plus-d’effort. […] L’Œuvre est le développement de la Méthode, en l’émotion spéciale et inéprouvée encore qui devait résulter d’une pensée nouvelle qui associe continuement l’Humain à l’Universel : de manière que, ainsi que nous l’avons dit quelque part, « l’essence de la Poésie soit une Métaphysique émue de la Vie connue par la Science, et le poète un poète-philosophe ». […] Elle ne passera jamais inaperçue, et soyez sûrs que tôt ou tard elle sera la source d’une nouvelle et large forme de poésie. » — (Etude, aux Ecrits pour l’Art, juin 1905).

386. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

L’officier romancier est une nouvelle catégorie qui affirme à nouveau la confusion des genres, des méthodes et des devoirs dont nous souffrons. […] IX. — Le roman artistique C’est une forme nouvelle intermédiaire entre le poème et le roman. […] La Nouvelle Espérance et la Domination de Mme de Noailles affectent l’allure de confessions. […] Certes, on aurait tort de considérer Esclave comme un roman, mais c’est une nouvelle qui, un peu moins développée, eût été parfaite. […] Celui qui devait indiquer une voie nouvelle et qui disparut trop vite est :   Jean de Tinan.

387. (1886) Le roman russe pp. -351

On en voit déjà percer quelque chose dans certaines œuvres romanesques d’une valeur morale toute nouvelle. […] On ne vit là qu’une tentative littéraire de premier ordre, une note nouvelle en Russie. […] Ce bonheur des deux amants dure une heure ; la nouvelle était fausse, le lendemain la femme de Lavretzky surgit à l’improviste. […] Avec l’œuvre nouvelle, le romancier se hasardait dans les cendres brûlantes, sur une route qui conduisait autrefois jusqu’en Sibérie. […] En revanche, les apôtres de la foi nouvelle ont une auréole de générosité et de dévouement.

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