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242. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Le romancier qui soutient trop une thèse (voilà le défaut, malgré la grâce et les ressources de son talent), pose en fait que tous les gouvernements sont, (l’essence, les ennemis de la pensée, de l’art, de la poésie, ce qui n’est pas nécessairement, et il le prouve (on prouve tout ce qu’on veut quand on a de l’esprit et de l’invention dans l’esprit) par trois romans historiques qu’il a comme incrustés dans un premier roman, qui est la base même de sa thèse, discutée entre Stello, le poète spleenétique, et le docteur Noir, son médecin. […] « Si j’étais peintre, je voudrais — dit-il encore dans son journal — être un Raphaël noir : forme angélique, couleur sombre. » Mais en réalité il l’était, un Raphaël noir, ce lumineux !

243. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

., — le rouge chante la gloire du vert ; le noir, — quand il y en a, — zéro solitaire et insignifiant, intercède le secours du bleu ou du rouge. […] Granet, — laquelle est généralement noire, comme chacun sait depuis longtemps. […] L’un fait le moine, l’autre le cheval ; mais l’un est noir, l’autre est clair et brillant. […] Il mêle quatre procédés différents qui ne produisent qu’un effet noir, une négation. […] Les grands coloristes savent faire de la couleur avec un habit noir, une cravate blanche et un fond gris.

244. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il refit des tragédies ; il connut « la série noire », et l’abandon, et la pauvreté, et la gloire odieuse du jeune Racine. […] Léon Daudet : l’Astre noir. ) Voilà ce que j’ai compris, pour ma part, au dernier drame de M.  […] Ahasvère n’est donc qu’un noir croquis. […] noirs ou roux ? […] etc… Et de tout ce qui fut noire amour, rien ne subsisterait en ta mémoire, parce qu’une fatalité imbécile te fait trouver dans un bahut un homme… que tu ne connais même pas ? 

245. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mariotte, Émile »

Oui, plus d’un doutera de tes tourments affreux, Devant ton noir chagrin détournera la tête, Dira : « Larmes d’enfant !

246. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Cependant, l’atmosphère du Cœur de François Remy semble plus lumineuse que celle du Pain noir. […] Éteints, les flambeaux noirs ! […] Bruxelles, Deman, 1888. — Les Flambeaux noirs. […] Nouvelle série : Les Soirs, Les Débâcles, Les Flambeaux noirs. […] Les Flambeaux noirs, « Départ ».

247. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Roland de la porte » p. 203

Il est très-bien, mais ces sortes de morceaux ne sont pas la magie noire ; c’est ce qu’ignorent ceux qu’ils attirent par l’illusion qu’ils font au sens de la vue.

248. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge, Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là. […] Renan niait récemment avec une si noire et si complète ingratitude. […] Douter et railler ainsi, c’est simplement nier ; et ce nihilisme, si élégant qu’il soit, ne saurait être qu’un abîme de mélancolie noire et de désespérance. […] Les yeux brûlaient ; on voyait seulement les trous de bouches noires chantant la Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure. […] Zola est noire et désespérée.

249. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

XVI « L’hiver, la broussaille était noire, mouillée, hérissée, grelottante, et laissait un peu voir la maison. […] Il lui sembla que, du jour au lendemain, son âme était devenue noire. […] Vous rougissez et vous pâlissez quand un certain être vêtu de noir paraît au bout d’une certaine allée verte ? […] Comment se fait-il que l’oiseau chante, que la neige fonde, que la rose s’ouvre, que mai s’épanouisse, que l’aube blanchisse derrière les arbres noirs au sommet frissonnant des collines ?

250. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

. — Le Rose et le Noir (1885). — Tous les baisers, 4e vol […] Théodore de Banville Avec son jeune visage apollonien, et son menton ombragé d’un léger duvet frissonnant que n’a jamais touché le rasoir, rien n’empêcherait ce jeune poète d’avoir été le prince Charmant d’un des contes de Mme d’Aulnoy, ou mieux encore d’avoir été dans la Sicile sacrée, à l’ombre des grêles cyprès et du lierre noir, Damoitas ou le bouvier Daphnis, jouant de la Syrinx et chantant une chanson bucolique alternée, si ses yeux perçants et calmes, et sa lèvre féminine, résolue, d’une grâce un peu dédaigneuse, n’indiquaient tous les appétits modernes d’un héros de Balzac. […] Et merci, puisque tu m’as mis Parmi ceux, qui, de tes amis, N’auront pas reçu d’un commis Aux noires manches de lustrine Le volume à couleur citrine Qui fut l’honneur de sa vitrine. […] Mais voilà que pendant deux actes, deux interminables actes, Catulle Mendès accumule un tas de noires horreurs !

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