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300. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Si Sparte avait combattu, elle aurait livré aux corbeaux les Ilotes tués dans ses rangs ; la noble Athènes, chez qui le servage n’était qu’une fraternité inférieure, accorda aux esclaves morts pour sa liberté, un tombeau d’honneur. […] Ce petit peuple qui se dévoue à la patrie commune, ces dix mille contre deux cent mille, qui marchent en avant sans regarder derrière eux, cette victoire qui semble divine tant elle est rapide, quel plus noble et plus pur triomphe !

301. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

C’est une noble émulation qui ne peut être suspecte. […] Ces cinq premiers vers sont nobles et imposans, ils ont pourtant un défaut.

302. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Cette espèce d’homme, dans l’imagination du philosophe, joue le même rôle que joue l’artiste dans l’imagination d’Emma Bovary, ou l’Oriental noble et rêveur dans l’imagination d’un Lamartine. […] Taine, ne trouvant pas autour d’eux l’Anglo-Saxon individualiste, l’Oriental noble et rêveur, l’artiste débauché et génial qui contenteraient leur conception de la vie, déclarent que la France est perdue, que les temps modernes sont honteux.‌

303. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

—  Adieu, noble reine. […] —  Une maison de catins repentantes. —  Est-ce que les nobles de Rome l’ont bâtie pour leurs femmes, qu’on m’envoie loger là ?  […] —  Il n’en est que plus noble. —  Il est plein d’ombres effrayantes ! […] … In faith, my lord, you might go to pistol flies ; The sport would be more noble. […] ‘Tis so much the more noble.

304. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Jamais, en effet, on n’avait entendu sur le théâtre rien de si passionné, ni de si noble, ni de si beau. […] Il ne faut donc pas s’étonner si tous (à l’exception de Rotrou, noble cœur) se déchaînèrent sur cet orgueilleux imprudent. […] Le monde dirait : « Il n’est pas du sang de Talbot, celui qui a fui lâchement, quand le noble Talbot restait !  […] Romanesque, tant qu’on voudra ; mais grand et noble, brillant et généreux. […] Une vive sympathie unissait ces deux nobles cœurs.

305. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Mais on sort de la pièce avec l’espoir que deux si nobles amants seront unis. […] Qu’y a-t-il donc de plus noble que notre cœur ? […] J’appellerais cela une coquetterie vertueuse, si la plus noble de toutes les épithètes pouvait relever le mot de coquetterie. […] Par les yeux, par les oreilles, il recevait de vives impressions de cette galanterie noble qu’affectait l’amour en ce temps-là. […] Quiconque sort d’une représentation théâtrale sans y avoir été autant acteur que spectateur est incapable de ce noble plaisir.

306. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il accompagne le général dans le voyage qu’il fait jusqu’à Palerme pour y remettre au ministre de Naples la noble prisonnière contre un récépissé de sa personne délivré en bonne formeac. […] J’ai attaché tous ces rubans, et j’ai vu de douces larmes de reconnaissance couler sur des visages bronzés ; j’ai senti des cœurs bien nobles et bien fermes devant l’ennemi battre comme le cœur d’une femme, et le mien battait à l’unisson. » — Et à Varna, quand il sera général en chef et pendant le fléau du choléra, revenant de visiter les hôpitaux : « J’ai vu là onze cents malades et deux mille malingres qui ne me sortent pas de la pensée. […] Heureux qui ne meurt pas sans avoir vu l’instant sublime qui lui rend accompli et exaucé son plus noble désir ! […] À sa noble femme, la maréchale de Saint-Arnaud qui l’avait accompagné jusqu’à Constantinople et qui avait songé à aller même plus loinae, il écrivait de Varna, à cette heure du départ pour la Crimée : Il vaut mieux que je ne te voie pas. […] À sa noble femme, la maréchale de Saint-Arnaud qui l’avait courageusement accompagné jusqu’à Constantinople et qui avait songé à aller même plus loin af.

307. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Il balayait les princes, les nobles, les inégalités sociales, et même se souciait peu qu’il y eût du sang au balai. […] Cardinal, il résista à Rome sans manquer à sa foi ; et féodal de naissance, il n’abaissa point les féodaux, comme on l’a dit étourdiment, pas plus que Louis XI, son aïeul, dont on l’a dit aussi ; mais il frappa les nobles qui avaient failli, en s’appuyant pour cela sur la conscience même de la noblesse ! […] Il a cru que la Démocratie française se composait de quelques nobles jeunes gens, innocents à force de jeunesse, et d’une poignée de dévoyés de l’Ordre et de la Famille, étudiants de quinzième année, réfugiés politiques, cherchant le grain de la révolte n’importe où il tombe, le tout orné d’une guirlande fanée de bas-bleus, bons à mettre aux Incurables de l’Adultère et aux Impossibles de la Maternité. […] En parlant de la concubine de Marat, qu’il ose appeler la veuve Marat, au front souillé de laquelle il ose attacher ce noble voile de veuve, le plus beau qu’après son voile de vierge une femme puisse jamais porter, il écrit sans rire les mots suivants : « On trouva dans les papiers de Marat une promesse de mariage à Catherine Éverard. […] Ainsi encore, après Théroigne de Méricourt, une figure moins terrible, une sainte plus douce, Mme Kéralio, Mme Robert, une fille noble, mal mariée, devenue ambitieuse et tombée à force d’abjection et de folie dans le mépris de Mme Roland et si bas que M. 

308. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

La France telle que l’a faite le suffrage universel est devenue profondément matérialiste ; les nobles soucis de la France d’autrefois, le patriotisme, l’enthousiasme du beau, l’amour de la gloire, ont disparu avec les classes nobles qui représentaient l’âme de la France. […] Essentiellement borné, le suffrage universel ne comprend pas la nécessité de la science, la supériorité du noble et du savant. […] Un peuple sans nobles est au moment du danger un troupeau de pauvres affolés, vaincu d’avance par un ennemi organisé. […] Réduisez cette noble race à travailler dans l’ergastule comme des nègres et des Chinois, elle se révolte. […] Sous la Restauration, l’esprit public était très vivant encore ; la société noble songeait à autre chose que jouir et s’enrichir.

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