Quoi de plus en rapport avec le fonds des épopées que les secousses générales dont le système des nations de l’Europe est ébranlé depuis la fin du dernier siècle, et le commencement du nouveau ? […] Mais comment réfuter les raisons de les comprendre dans le genre épique, sans nier les effets qu’elles ont produits sur l’esprit des plus doctes nations modernes qui les placent en ce haut rang. […] Elle doit être grande et noble dans l’épopée héroïque, c’est-à-dire intéresser les nations et toucher les plus hauts sentiments. […] « Ce furent ces grands rois, ces deux jeunes lions, « Image en tous leurs traits de leurs deux nations. […] Non pas appliquer les machines de l’antiquité à des sujets modernes, mais y adapter celles qui sont propres à leur qualité, et convenables aux temps, aux lieux, et à l’esprit des nations.
Que l’on y regarde bien, jamais chez une nation qui a joui de la liberté, les lettres ne se sont abaissées qu’avec cette liberté même. […] On peut remarquer aussi qu’ils contractaient peu de mariages avec les femmes de la nation assujettie. […] Deux écrivains célèbres reprochent aux nations de l’antiquité de n’avoir pas connu le genre rêveur et mélancolique. […] Ne nous étonnons donc pas que, chez une nation pensante et spirituelle, ses ouvrages soient comme le fond et la souche de la littérature. […] Il a ressemblé à son temps ; il en a été la vive et rayonnante image ; et comme dans son temps plusieurs nations étaient à la fois arrivées au même degré de raffinement et d’égoïsme, de lumière et de satiété, en étant l’homme de son temps, il a été le poète de ces diverses nations à la fois.
Comment chaque nation peut les reforger. — Exemples anciens : L’Espagne au seizième et au dix-septième siècle. — Les puritains et les jansénistes au dix-septième siècle. — La France au dix-huitième siècle. — Par quels chemins ces idées peuvent entrer en France. — Le positivisme. — La critique. […] Mais attendez un peu jusqu’à ce que toute la nation soit dans un état électrique, c’est-à-dire jusqu’à ce que toute votre électricité vitale, non plus neutre comme à l’état sain, soit distribuée en deux portions isolées, l’une négative, l’autre positive (à savoir, la faim et l’argent), et enfermées en deux bouteilles de Leyde grandes comme le monde ! […] Nulle nation et nul âge ne l’a possédée à un si haut degré que ces Allemands. […] C’est celle que Carlyle a prise ; c’est par elle que la religion et la poésie dans les deux pays se correspondent ; c’est par elle que les deux nations sont sœurs. […] Il considère le poète, l’écrivain, l’artiste « comme un interprète de l’idée divine qui est au fond de toute apparence, comme un révélateur de l’infini », comme un représentant de son siècle, de sa nation, de son âge ; vous reconnaissez ici toutes les formules germaniques.
Nous voyons en quatrième lieu les nouvelles combinaisons de personnes y produire cette jouissance nouvelle si féconde en autres jouissances, si féconde surtout en talents et en vertus, cette jouissance enviée à la France par foules les nations civilisées, celle de la conversation.
Mais quand on saura que les talens agréables n’ont été, dans cet illustre Auteur, que le germe & le prélude des plus hautes qualités ; quand les siecles futurs seront dans le cas d’admirer, comme notre siecle, un génie formé pour les plus grandes affaires, une ame nourrie des plus beaux sentimens, un cœur, le siége des plus rares vertus ; quand la postérité de toute l’Europe enfin reconnoîtra dans lui le vrai grand homme consacré par le suffrage de toutes les Nations ; alors les couronnes dues à ses talens littéraires ne seront que de foibles guirlandes de fleurs que les Muses auront déposées aux pieds de sa Statue ; & celles qui sont dues à ses succès dans les négociations les plus importantes, à l’administration la plus éclairée & la plus sage dans les fonctions de l’Episcopat, aux monumens multipliés de son zele & de sa générosité, iront d’elles-mêmes se reposer sur sa tête.
Tout y respire le génie François & le vrai ton de ce genre, dans lequel il n’est donné qu’à notre Nation d’exceller.
Le premier mot, qui est emphatique, promet plus qu’il ne tient : « J’ai vécu, je voudrais être utile à ceux qui ont à vivre. » L’auteur, après quelques généralités assez vagues, s’attache, dans son examen des mœurs, à celles de notre nation, et particulièrement à celles de la société de Paris : « C’est dans Paris qu’il faut considérer le Français parce qu’il y est plus Français qu’ailleurs. » Il va parler de ce qu’il sait le mieux et de ce qui lui donnera le moins de peine. Il connaît bien sa nation : « Le grand défaut du Français est d’être toujours jeune, et presque jamais homme ; par là il est souvent aimable et rarement sûr : il n’a presque point d’âge mûr… Il y a peu d’hommes parmi nous qui puissent s’appuyer de l’expérience. » Avec ces défauts qu’il signale, il est loin de déprécier la nation ; il lui voudrait insinuer le patriotisme ; il se demande, avec le sentiment qu’ils ont de leur propre valeur, ce qui manque aux Français de son temps pour être patriotes.
Voltaire, en faisant l’histoire de la civilisation, avait donné une esquisse de l’histoire de France : en dehors de ses ouvrages, les Français ne pouvaient rien lire de passable sur l’histoire de leur nation. […] Puis la lutte des partis, après la Restauration, profita aux études historiques : les libéraux s’efforcèrent de fonder leurs revendications et les droits nouveaux sur le développement antérieur de la nation ; ils allèrent chercher jusqu’aux temps féodaux et aux invasions barbares les germes de l’état contemporain, ou les titres de la souveraineté populaire et surtout de la suprématie bourgeoise. […] L’Histoire de la Révolution d’Angleterre 827, l’Histoire de la Civilisation en Europe, l’Histoire de la Civilisation en France, ces grandes œuvres froides et fortes, sont la démonstration, impartiale et scientifique eu apparence, systématique et passionnée au fond, de ces deux vérités : qu’une royauté même légitime n’a pas de droits contre les représentants de la nation ; et que le gouvernement doit appartenir aux classes moyennes qui ont la richesse et les lumières, qui, par intérêt et par capacité, assureront la prospérité du corps social.
Sa condition de roi, son amour de la noble gloire, et le grand caractère dont il était doué, le dirigèrent à d’autres applications qui avaient pour but l’utilité sociale et la grandeur de sa nation : il estimait « qu’un bon esprit est susceptible de toutes sortes de formes, qu’il apporte des dispositions à tout ce qu’il veut entreprendre. […] Cette nation qu’avait ébauchée avant lui le Grand Électeur, il acheva de la former, de lui donner un corps, de lui imprimer l’unité d’esprit : la Prusse n’exista réellement qu’au sortir de ses mains. […] Le Brandebourg retardait sur les autres nations ; il n’y avait là rien d’étonnant ; mais Frédéric s’en trouvait humilié, et il se disait que c’était à lui d’inaugurer cette nouvelle ère de renaissance dans le Nord.