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1481. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

On aperçoit encore aux murs des cartons de vitraux religieux, une horrible ronde-bosse argentée de Rudolfi, représentant le Miracle des roses de sainte Élisabeth, et à contre-jour, entre deux fenêtres, apparaît l’aigle de Pologne, brodé en argent au plumetis, et entouré d’une couronne d’épines sur fond de peluche amarante, avec au-dessus : Offert par les Dames de la Grande Pologne à l’auteur d’« Une nation en deuil ». 1861. […] Ensuite il a émis cet axiome que, chez les nations, un peu de libertinage adoucit les mœurs, et enfin, à la grande indignation d’une honnête femme qui se trouvait là, il a commencé une audacieuse et originale apologie de la tribaderie, qui, selon lui, raffine la femme, la parfait, l’accomplit.

1482. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Pourquoi vit une nation ou un siècle, sinon pour les former ? […] S’il y a une place entre les deux nations, c’est la nôtre.

1483. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il affirme que jamais un mauvais gouvernement n’a suffi pour perdre une nation. […] Dès qu’il y est le maître, c’en est fait des espérances de liberté : une période de décadence et d’abaissement s’ouvre pour cette nation, dont les malheurs ne laissent pas Gobineau insensible, bien qu’elle soit latine et que son bourreau arrive des Flandres. […] On devine que ce prince, c’est la foi, qui mobilise les nations et déplace les montagnes, mais s’accommode mal des curiosités indiscrètes. […] Ni Rarahu, ni Fatou-Gaye, ni Madame Chrysanthème n’ont su lui inspirer le même attachement pour leur nation. […] En outre, il demande qu’on ne confonde point la nation ottomane avec son gouvernement, ou ses gouvernements successifs.

1484. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Ce qui est probable, c’est que, « déchirées intérieurement par des révolutions partielles, les nations retourneront tour à tour à la barbarie. […] Il n’aime pas la démocratie, « le pire des gouvernements », surtout « quand il faut combattre un ennemi puissant et qu’une volonté unique est nécessaire au salut de la pairie. » Ce qu’il déteste surtout dans l’état populaire, c’est qu’il lui paraît affaiblir la nation dans la lutte contre l’étranger, pensée qui n’a rien d’original, et qui a été bien souvent exposée depuis, mais qui est curieuse à sa date, au lendemain des guerres de la Révolution française. […] Une nation, selon lui, doit conquérir. […] Je suis très grand, mes pieds sont sur les nations… J’élève mes regards, votre esprit me visite ; La terre alors chancelle et le soleil hésite ; Vos anges sont jaloux et m’admirent entre eux. […] Il a cru : d’abord que la littérature est l’expression de la société, théorie très goûtée vers 1810, exposée par Madame de Staël ; ensuite que la littérature formait la société, était le démiurge de la nation, idée encore plus contestable, mais qui flattait l’amour-propre professionnel des littérateurs.

1485. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Autant lui demander de n’être ni homme ni citoyen, de se ravaler au rang de ces êtres neutres qui ne pensent pas et qui ne comptent pas dans la vie intellectuelle d’une nation ! […] Les époques qui lui sourient sont les époques calmes et conservatrices qui apparaissent comme des haltes dans la marche perpétuelle des nations. […] Il est certain que la masse de la nation n’est pas atteinte par cette propagande de sentiments et d’idées dont M.  […] Entre ces deux points de vue, qui dominent tour à tour dans la vie d’une nation, M. 

1486. (1900) Molière pp. -283

Il y a une chose que je ne peux pas absolument leur passer, aux femmes de Molière, et vous me pardonnerez, parce que notre théâtre est, de tous les théâtres, celui qui contient le plus grand nombre de femmes charmantes et parfaites (et, je pense, notre nation aussi) ; mais notre théâtre est certainement ainsi ; vous me pardonnerez donc d’être sévère, à cause de cela, pour les femmes de Molière ; à force d’être voisines de l’instinct, la délicatesse leur manque, ainsi que le charme et la fraîcheur. […] Qu’on vienne dire maintenant que le tableau de telles iniquités, de telles violences, d’un tel avilissement de la grande masse de la nation, de la bourgeoisie, est le plus beau plaidoyer qu’on puisse faire en faveur de l’égalité ; cela est vrai ; mais c’est nous qui faisons ce raisonnement deux cents ans après. […] Un poète écrit alors, sous l’inspiration d’un courant national violent, Les Souvenirs du peuple, Le Vieux sergent, La Vivandière, La Déesse de la Liberté ; il peut trouver de ces inspirations qui châtient d’une façon immortelle les faits dont souffre une nation : mais ce ne peut être qu’un moment, et cette intervention directe du poète n’est possible qu’à des conditions très précises et très déterminées. […] Privilège charmant de l’esprit français de n’être le don que d’un seul peuple et de plaire à tous tandis que d’ordinaire ce qu’il y a d’original dans une nation est ce qui rebute le plus facilement les autres.

1487. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Cette idée d’une descendance espagnole sourit à son imagination ; elle n’en est pas bien certaine, mais elle tâche de se le persuader, et elle convie son frère à l’aider à y croire : « Je me suis toujours sentie attirée vers l’étude de la langue espagnole, parce que Douai est tout rempli des vestiges de cette nation. — Nous-mêmes, je crois, mon bon frère, nous en sortons du côté de la mère de mon père.

1488. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Il est arrivé ainsi, au grand regret et déplaisir déjà de Fénelon en son temps, que la langue française poétique s’est vue graduellement appauvrir, dessécher et gêner à l’excès, qu’elle n’a jamais osé procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire 118, que tout ce qui est droit, licence et gaieté concédée aux autres poésies, a été interdit à la nôtre, et qu’on n’a fait presque nul usage, en cette voie, des conformités naturelles premières qu’on se trouvait avoir par un singulier bonheur avec la plus belle et la plus riche des langues, conformités que, deux siècles et demi après Henri Estienne, Joseph de Maistre retrouvait, proclamait hautement à son tour119, et qui tiennent en bien des points à la conformité même du caractère et du génie social des deux nations.

1489. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Le petit avis au lecteur y répond bien mieux d’un seul mot : « Il faut prendre garde…, il n’y a rien de plus propre à établir la vérité de ces Réflexions que la chaleur et la subtilité que l’on témoignera pour les combattre141. » Voltaire, qui a jugé les Maximes en quelques lignes légères et charmantes, y dit qu’aucun livre ne contribua davantage à former le goût de la nation : « On lut rapidement ce petit recueil ; il accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif, précis et délicat.

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