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1925. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

… Dans cette ferveur d’oraison funèbre qui nous transporta et dura encore quelques jours, ne transforma-t-on pas cette flexibilité que j’accorde à Sainte-Beuve, mais aux conditions où elle lui a été donnée, en une faculté qui n’est pas nécessaire au critique, la faculté d’entrer dans une autre personnalité que la sienne ?

1926. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

On ne l’y voit pas toujours, mais, regardez-y, elle y est. » Et c’est la vérité ; mais Mme Du Barry et ses pareilles ne sont pas seulement de ces influences ou de ces instruments nécessaires dont les têtes politiques les plus pures sont parfois obligées de jouer : elles sont plus que cela, elles !

1927. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Je dirai même que je les crois nécessaires, mais à une condition, qui est de ne jamais les relire, à moins d’y être invité par l’appel immédiat du sujet, par la rencontre qui se fait, dans l’esprit, du geste logique d’un personnage avec le geste autrefois vu et saisi au vif de la nature.

1928. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Le verbe est mimable directement, l’adjectif ne l’est que par l’intermédiaire du verbe qu’il enveloppe, le substantif par le double intermédiaire de l’adjectif qui exprime un de ses attributs et du verbe impliqué dans l’adjectif, le nom propre par le triple intermédiaire du nom commun, de l’adjectif et du verbe encore ; donc, à mesure que nous allons du verbe au nom propre, nous nous éloignons davantage de l’action tout de suite imitable, jouable par le corps ; un artifice de plus en plus compliqué devient nécessaire pour symboliser en mouvement l’idée exprimée par le mot qu’on cherche ; et comme c’est au cerveau qu’incombe la tâche de préparer ces mouvements, comme son fonctionnement est d’autant plus diminué, réduit, simplifié sur ce point que la région intéressée est lésée plus profondément, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une altération ou une destruction des tissus, qui rend impossible l’évocation des noms propres ou des noms communs, laisse subsister celle du verbe.

1929. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Cette gradation nécessaire, quant au physique, ne l’est pas moins quant au moral.

1930. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

De tant de tragédies, il ne s’est conservé que quatre vers des Pélopides, où se rencontre une forte et mélancolique image : « Les infortunés144, quand la mort est loin, l’appellent de leurs vœux ; mais, lorsque vient sur nous le dernier flot de la vie, nous souhaitons de vivre : on n’a jamais satiété de la vie. » Que si, d’après la seule œuvre de ce poëte qui lui ait survécu, on augure mal de son génie ; si la subtile et bizarre emphase du poëme d’Alexandra ne permet de lui attribuer, ni la libre éloquence nécessaire au drame, ni la splendeur lyrique, n’oublions pas cependant qu’il fut, pour les contemporains, l’égal d’Apollonius de Rhodes, d’Aratus et de Théocrite, formant avec eux et d’autres plus obscurs la pléiade poétique du ciel alexandrin.

1931. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’aujourd’hui plus d’une année et plus d’un volume seraient nécessaires pour mener à bonne fin un pareil travail, et qu’un seul homme, eût-il l’esprit analytique et la plume rapide de Chénier, ferait preuve d’une grande témérité s’il s’en chargeait. […] Là, le progrès est nécessaire, infaillible, même lorsque le génie baisse et cède la place aux simples travailleurs. […] Pour donner à notre travail la clarté désirable, nous en indiquons les divisions nécessaires. […] Mais Émaux et Camées, imprimés en 1853, réunissent toutes les conditions nécessaires pour être cités dans ce travail : les omettre semblerait peut-être une affectation de modestie plus déplaisante que l’amour-propre d’en parler. […] Plutôt que de courir les hasards d’une création, si elle avait besoin d’ajouter un attrait à son répertoire ou au programme de ses congés, elle reprenait Mademoiselle de Belle-Isle et Louise de Lignerolles, pièces faites pour Mlle Mars et en dehors des conditions nécessaires de sa force et de sa puissance, mais qui n’avaient plus à compter avec les chances d’une première représentation et dont le succès éprouvé l’assurait qu’elle pouvait leur confier sa fortune.

1932. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Conçoit-on chez les pauvres filles du peuple, qui ne se sentent pas la force physique nécessaire pour gagner leur vie, les angoisses secrètes, le crucifiement journalier qu’elles éprouvent ? […] Chaque vigneron pourrait cultiver quatre hectares de vigne, et il n’en cultive que deux, par suite des tailles qu’ils font, et qui ne sont pas nécessaires, et qu’ils ont pris l’habitude de continuer après leurs pères et leurs grands-pères, qui se faisaient payer à la journée, — et les avaient inventées, ces tailles, pour augmenter le nombre de leurs journées.

1933. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Mais il est nécessaire de scruter sa conscience et de peser les péchés de son cœur, en redoutant le jugement et la colère de Dieu… Et Dagobert ajouta qu’il voulait léguer ses biens aux basiliques des saints, et qu’il allait faire écrire quatre testaments. […] Si je manque j’aurai à prendre une détermination très nécessaire et assez prompte de changement de vie, et de de fuite de Paris s’il est possible, pour me mettre un peu au travail… » Pauvre Sainte-Beuve ! […]   Un autre point : La sensibilité est-elle nécessaire à l’acteur ? […] Un autre acteur peut être doué de toute l’extériorité nécessaire à son rôle, jusqu’à paraître animé du sentiment le plus profond ; et cependant tout son jeu n’est que purement mécanique.

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