Ce sont tous ces défauts du Dictionnaire de Trévoux qui ont fait naître l’idée du Grand Vocabulaire françois, contenant l’explication de chaque mot considéré dans ses diverses acceptions grammaticales, propres, figurées, synonimes & relatives ; les loix de l’orthographe, celles de la prosodie ou prononciation, tant familiere qu’oratoire ; les principes généraux & particuliers de la Grammaire ; les regles de la versification, & généralement tout ce qui a rapport à l’éloquence & à la poésie ; la géographie ancienne & moderne ; le blason, ou l’art heraldique ; la mythologie ; l’histoire naturelle des animaux, des plantes & des minéraux ; l’exposé des dogmes de la Religion & des faits principaux de l’histoire sacrée, ecclésiastique & profane ; des détails raisonnés & philosophiques sur l’œconomie, le commerce, la marine, la politique, la jurisprudence civile, canonique & bénéficiale ; l’anatomie, la médecine, la chirurgie, la chymie, la physique, les mathématiques, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, &c.
Les autres pièces du recueil, celles qui paraissent moins un défi à la langue, défiée, mais comme une maîtresse qu’on adore et qu’on veut voir triompher, l’Ave Maria, si beau même après celui de lord Byron, la Petite ode aux petits oiseaux, Le Grand théâtre, la Musique, les Saisons en quatre chants, Pygmalion, les Trois crimes, Le Bain, etc., etc., moins longues sans doute, mais longues encore, sont d’une jointure d’ensemble qui ne permet d’en rien détacher.
Une musique touchante et guerrière a suivi cette inauguration. […] Je veux parler de cette conception grandiose d’après laquelle la musique, étroitement unie à la poésie et sortant de la même âme, doit être l’interprétation la plus profonde et la plus pathétique du mystère de la destinée humaine, suspendue entre l’amour et la mort, entre l’égoïsme et le sacrifice, entre l’aspiration idéale et la fascination des sens. La musique se prêtait à ce rôle transcendant par son pouvoir unique de soulever au fond des cœurs toutes les vagues des passions humaines et de les apaiser en même temps, de faire tout pressentir sans rien expliquer nettement, d’être ce qu’il y a dans l’art à la fois de plus intime et de plus général, de plus expressif et de plus indéfini. […] C’est dans les mythes traditionnels, dans les vieilles légendes populaires que cette âme de musique et de poésie étroitement unies devait, d’après Wagner, trouver à s’incorporer. […] Les chefs-d’œuvre classiques ont leur perfection en eux-mêmes : la poésie n’ose pas les transformer, la musique qu’on leur ajoute n’est qu’un ornement accessoire, un lierre qui s’enroule autour d’une colonne.
. — C’était une œuvre excessive et bizarre, où la prose se mélangeait au vers dans une proportion shakspearienne, et où l’on sentait que le Don Juan de Tirso de Molina et de Molière avait lu Byron, Hoffmann, et écouté la musique de Mozart. […] Tout jeune, il savait l’allemand, la musique, il portait des gants paille, et l’autorité paternelle lui ouvrait les coulisses et les loges intimes des théâtres lyriques. […] La connaissance de la musique et des grands maîtres de cet art lui fournit une veine de comparaisons et d’effets qui ne sont pas à la disposition des poëtes, ordinairement médiocres dilettanti. […] Il fait lui-même la musique de ses vers, et il les chante avec beaucoup de goût et d’expression. […] C’est le plus beau morceau de musique qu’on ait exécuté sur la lyre.
Comme les peuples jeunes, comme les Indiens, comme les Nègres aux longues palabres, nous avons toujours le goût de nous écouter parler, de nous bercer à la musique verbale. […] La poésie lyrique n’est encore que cela, très souvent, surtout quand elle se revêt de musique, quand elle soutient la danse ; rondes enfantines, danses paysannes. […] Milton, Alfieri s’entraînaient par un peu de musique. […] Comme Buffon, Haydn cherchait l’inspiration dans une toilette raffinée ; il lui fallait, de plus, avoir au doigt une bague ornée d’un diamant ; alors il écrivait sa musique, sans jamais s’arrêter, pendant cinq ou six heures, et sans faire une rature. […] Un régiment passait, musique en tête et drapeau déployé.
« Il se lamentait de sa vocation arrêtée, de son avenir perdu, et, rêvant quelque boutique dans une grande ville, comme à Rouen, par exemple, sur le port, près du théâtre il restait toute la journée à se promener en long, depuis la mairie jusqu’à l’église, sombre et attendant la clientèle. » L’orgue de Barbarie, sous les fenêtres, met la musique qui convient, première ébauche du roman qui recueillera ces existences. […] Toutes les fois qu’Emma est purement sensuelle, il en parle avec une émotion délicate et presque religieuse, comme Milton parle d’Ève ; il quitte le ton impassible ou ironique, il s’abandonne à cette musique par laquelle l’auteur assume son personnage et le prend pour son substitut. […] Alors elle entendit tout au loin, au-delà du bois, sur les autres collines, un cri vague et prolongé, une voix qui se traînait, et elle l’écoutait silencieusement, se mêlant comme une musique aux dernières vibrations de ses nerfs émus. […] Et nous n’entendrons pas Tristan, nous ne le revivrons pas, si nous n’avons d’abord, nous aussi, bu de ce philtre, qui est l’âme même de la musique transfiguratrice, le vin de Dionysos, de la seconde naissance.
Elle me demanda si j’aimais la musique ; sa voix me donna le frisson. […] Si j’avais fui Mme Gance dans cette soirée funeste où, jouant un nocturne avec tant de poésie, elle fit passer dans l’air je ne sais quels frissons ; si je l’avais fuie alors, elle ne m’aurait pas dit : « Aimez-vous la musique ? […] Elle le menaça du doigt, et courant à un casier à musique placé auprès du piano, elle prit dans un tiroir, cachée sous un amas de musique, une partition de petit format, à la reliure fanée, et, revenant à son père : — C’est la Fille de Madame Angot que je vais te jouer, comme autrefois. […] Elle me répondit qu’elle allait à l’école et que, dans les intervalles, elle apprenait, sous la direction d’une de ses sœurs, la coulure et un peu de musique. […] La conversation languissait cependant : « Faites-nous donc un peu de musique, Suzie », dit notre ami à l’une de ses sœurs.
Je ne parle que des véritables critiques, que je voudrais tous parfaits, sincères, qui ne passent par leur temps à se servir, en musique par exemple, de Wagner pour frapper sur Berlioz et de Berlioz pour frapper sur Wagner, les exécrant peut-être tous les deux, et qui n’oublient pas que, maîtres tout-puissants, ils ont, de par la presse, le droit de la parole et de l’accusation contre des gens qui n’ont pour la plupart du temps le droit ni les moyens de la défense. […] …………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………… Au loin, sur la voie déblayée à l’étendue du cortège, des roulements voilés alternaient avec des sonneries de trompettes, ameutant tout du long les passants du trottoir et les curieux des fenêtres ; puis la musique reprenait à longs cris la « marche pour la mort d’un héros ». […] Le souper y est certainement pour quelque chose ; mais, ce qui les a surtout émues, énervées, disons le mot : grisées, c’est le « bruit le mouvement, la musique, la danse, les compliments murmurés à leur oreille, les regards fixés sur elles, leur succès, leur triomphe, le parfum des fleurs, les feux des lustres et des diamants, les effluves montant de la foule et tous ces rapprochements dans une chaude atmosphère, ce long contact de l’homme et de la femme. […] Il a souri en homme habitué à déchiffrer les rébus, et après m’avoir dit qu’ils seraient exquis en musique, m’a très facilement traduit les deux quatrains. […] Adagiettos, prélude, tout cela dit bien que nous avons affaire à un écrivain à qui la musique n’est pas antipathique.
D’ailleurs, Mgr Menjaud, évêque de Nancy et de Toul, était premier aumônier de Sa Majesté l’empereur, et disait des messes mises en musique par M. […] Il faudrait illustrer ces pages avec des aquarelles de l’exact Eugène Lami, et avec de la musique du romanesque Charles Gounod. […] Le piano de ses filles interrompt, par des gammes fâcheuses, la sérénité de ses méditations sur la musique des anciens. […] Il sait que l’insurrection contre les chefs est punie par une série de châtiments qui s’échelonnent depuis la simple salle de police jusqu’à la fusillade en musique. […] En revanche, il parut souvent aux Allées, le dimanche, tandis que la musique militaire prodiguait aux Toulousains le joyeux tonnerre de la grosse caisse et les fioritures du cornet à pistons.