. — Chacun cherche son trésor, comédie en trois actes, en vers et en prose, musique de Lucien Michelot (1899). — Le Théâtre du Peuple, renaissance et destinée du théâtre populaire (1899). — L’Exil d’Aristide, conte (1899). — Le Chemin du repos, poèmes (1890-1900) [1900].
Le Huron, Lucile, Silvain, l’Ami de la Maison, sont des preuves que son esprit est précisement fait pour les bagatelles, sur-tout quand une Musique agréable vient relever un peu la fadeur de sa Poésie.
Le roman et la poésie ont voulu être de la peinture, de la musique, de la sociologie, etc… À ces croisements multipliés et peu raisonnables s’est abâtardie la sève littéraire d’un pays qui reste cependant encore le premier, dans le domaine littéraire et idéologique.
VI « La poésie », dit Aristote, et il entend par là le poème épique, la tragédie, la comédie, le dithyrambe, musique et paroles, l’élégie, « est un art d’imitation ». […] Non ; l’origine de la Marseillaise, musique et paroles, est d’une nature bien supérieure. […] Quand je parle d’un discours relevé d’agréments, j’entends celui qui réunit le rythme, l’harmonie et le chant, et quand j’ajoute : séparément selon leur espèce, j’entends que certaines parties n’ont que des vers, tandis que les autres se complètent aussi par le chant et la musique. […] « D’ailleurs, ce ne sont pas quelques poètes en petit nombre et qu’on pourrait compter, qui ont employé ces six éléments ; toute pièce, sans exception, renferme à la fois spectacle, caractères, fable, style, musique et pensées. […] « Ensuite, la tragédie peut paraître supérieure en ce qu’elle a tout ce qu’a l’épopée, dont elle emprunte même le vers, si elle le veut, et qu’elle a en outre, ce qui n’est pas un petit avantage, la musique et le spectacle, qui contribuent manifestement à procurer de vifs plaisirs.
Vendredi 18 avril En ce temps tout pratique, un groupe de Français intelligents devrait afficher ce programme aux prochaines élections : « Nous nous foutons de la Légitimité, de l’Orléanisme, de l’Impérialisme, de la République opportuniste, radicale, socialiste ; — ce que nous demandons, c’est un gouvernement de n’importe quelle couleur au rabais : le gouvernement qui s’engagerait dans une soumission cachetée, à gouverner la France au plus bas prix. » Dimanche 20 avril Montegut, le peintre passionné de musique, est allé, avec une bande de dilettantes, exécuter du Wagner dans la forêt de Fontainebleau, la nuit, sur des partitions éclairées par des bougies, tenues par les jeunes et jolies filles de Risler, et c’est un plaisir de l’entendre parler du velours de la musique, en plein air, sous des sapins. […] Dimanche 4 mai Daudet dit aujourd’hui très justement que la littérature, après avoir subi l’influence de la peinture pendant ces dernières années, est aujourd’hui en train de subir l’influence de la musique, et de devenir cette chose à la fois sonore et vague, et non articulée qu’est la musique. […] En tout une vingtaine de Parisiens dans les lettres et le reportage, et une fête avec tente pour les autorités, et musique de foire, comme pour les comices agricoles de Madame Bovary.
Georges Cucuel a pu intituler son livre : La Pouplinière et la Musique de chambre au dix-huitième siècle ? […] Dans un bosquet, s’élevait un groupe d’une femme et de trois enfants, sur un rocher, représentant la Musique. […] Ce qu’on ne peut lui dénier, ce fut un amour sincère et actif pour la musique. […] Grand amateur de musique et de peinture, vous y joignîtes un vif attrait pour les paroles aimables et les jolis visages. […] Vous aimiez les arts, mais celui de la musique avait vos préférence.
Les critiques, qui étaient des adversaires politiques, aussi bien ceux qui raillaient sa mystagogie catholique que ceux qui attaquaient sa langue, ses images, ses invraisemblances et ses absurdités, s’inclinaient cependant devant la « fille des palmiers », admirant « la musique nouvelle de la phrase… l’art de varier et de régler le cortège des épithètes… l’accord du son d’un mot avec le sens d’une idée ou la teinte d’une image… le charme inconnu des descriptions ». Les âmes sensibles étaient conquises et pour prolonger leur enivrement on mettait Atala en musique et en romances, et on reproduisait par la gravure et la peinture ses scènes principales. […] Musique et accompagnement de harpe et de cor obligé (sic) de Pierre Gaveaux, dédiées à Madame Bonaparte. […] La description de ses souffrances ainsi idéalisées par le souvenir et la narration de ses impressions personnelles, diluées dans le torrent des sensations contemporaines, parut aux lecteurs semblable à la musique d’opéra dont on écoute l’air sans prêter attention aux paroles.
Bérénice, bien que commandée par Madame, me semble tout à fait dans le goût secret et selon la pente naturelle de Racine ; c’est du Racine pur, un peu faible si l’on veut, du Racine qui s’abandonne, qui oublie Boileau, qui pense surtout à la Champmeslé, et compose une musique pour cette douce voix. […] Les difficultés du rôle étaient réelles : Bérénice est un personnage tendre ; le plus racinien possible, le plus opposé aux héroïnes et aux adorables furies de Corneille ; c’est une élégie ; Mademoiselle Gaussin y avait surtout triomphé à l’aide d’une mélodie perpétuelle et de cette musique ; de ces larmes dans la voix, dont l’expression a d’abord été trouvée pour elle par La Harpe lui-même.
Dans une famille de vielle richesse bourgeoise, et de hautes charges militaires, sous la galante et faible tutelle d’un grand-père épris, l’éveil d’âme d’une petite fille, sa vie de dignitaire minuscule dans l’hôtel du ministère de la guerre ; la naissance de son imagination par la musique, les lectures sentimentales, et cette précoce surexcitation que causent dans une cervelle à peine formée les exercices religieux préparatoires à la première communion l’esquisse de ses passionnettes et de ses amourettes puis le développement de la jeune fille fixé en ces moments capitaux : la puberté, le premier bal, la révélation des mystères sexuels enfin l’étude, en cette élégante, de tout le raffinement de la toilette, des parfums du corps et des façons mondaines son affolement de ne pas se marier, le léger hystérisme de sa chasteté, l’anémie, une lugubre lettre de faire part en ces phases se résume le récent roman de M. de Goncourt, le dernier si l’auteur maintient, pour notre regret, un engagement de sa préface. […] C’est dans la notation de ces sentiments ténus, délicieux et troubles qu’éclate la maîtrise de M. de Goncourt, dans le rendu tâtonnant, repris, poussé, flottant et enlaceur de ces mouvements d’âme vagues et inaperçus de tous, dans la description de l’ivresse languissante que causent à Chérie la musique ou un effluve de parfums, dans la sorte d’extase hilare de deux clowns tenant un tour qui stupéfiera Paris, dans la vague stupeur d’âme qui vide peu à peu la cervelle d’une prisonnière histérique.