Il a vu que toutes les révolutions, les guerres, les querelles intérieures, avaient toujours eu pour point de départ, ou pour conséquence, l’émancipation civile et politique d’un plus grand nombre d’hommes ; il a remarqué, au milieu de toutes les déviations, de tous les quiproquos journaliers et des non-sens qui agitent l’avant-scène du monde, le développement graduel de l’égalité des conditions se produisant avec une lenteur irrésistible, se faisant place en chaque mouvement, profitant de chaque crise, ne reculant jamais. […] Le grand nombre, l’extrême division, la courte durée des fonctions publiques dans la Commune, créent au sein de chacun de ces petits mondes un mouvement continu où trouvent à s’exercer, d’accord avec les relations ordinaires de la vie, le désir de l’estime, le goût du bruit et du pouvoir. […] M. de Tocqueville, au reste, ne presse pas trop cette sinistre pensée ; dans l’impartialité philosophique qui le commande, il se contente d’indiquer du doigt à l’horizon l’une des chances mauvaises, et il ne se livre à aucun mouvement vague de découragement ou de plainte. […] Les Américains, en instituant deux Chambres, n’ont pas voulu créer une Assemblée héréditaire et une autre élective ; ils n’ont pas prétendu faire de l’une un Corps aristocratique, et de l’autre un représentant de la démocratie ; donner dans l’un un auxiliaire au pouvoir, et dans l’autre un organe au peuple : ils n’ont voulu que diviser la force législative, ralentir le mouvement des Assemblées politiques, et créer un tribunal d’appel pour la révision des lois.
Il cache son tempérament intime, les mouvements de sa sensibilité, s’il en a : il ne doit offrir à la société que ce qu’il a de commun avec elle, et de communicable, sa raison, ses idées. […] Elle n’a plus couleur ni son ; il ne subsiste plus que le mouvement, un mouvement abstrait et comme idéal. […] Dans la seconde, avec Diderot, avec Rousseau, avec Voltaire qui force le pas pour rester à la tête du mouvement, l’attaque devient plus violente et plus générale.
L’Arabe, qui n’a eu aucun maître, est souvent néanmoins très distingué ; car la tente est une sorte d’école toujours ouverte, où, de la rencontre des gens bien élevés, naît un grand mouvement intellectuel et même littéraire. […] Son auteur, vrai créateur de la philosophie de l’histoire, avait pour la première fois osé ne voir dans le mouvement du monde et la succession des empires qu’une fonction subordonnée aux destinées du peuple juif. […] Peut-être lut-il aussi les livres d’Hénoch, alors révérés à l’égal des livres saints 138, et les autres écrits du même genre, qui entretenaient un si grand mouvement dans l’imagination populaire. […] Enfin, la chrétienté directement issue du premier mouvement galiléen (Nazaréens, Ébionim, etc.), laquelle se continua longtemps dans la Batanée et le Hauran, parlait un dialecte sémitique (Eusèbe, De situ et nomin. loc. hebr., au mot [Greek : Chôba] ; Epiph., Adv. hær., XXIX, 7, 9 ; XXX, 3 ; S.
Souvent aussi, malgré sa force, Fabre manque du trait précis qui achève un mouvement ou une figure commencée ; il n’a pas le coup d’ongle définitif qui les fait tourner et les pose tels qu’ils doivent rester toujours dans l’imagination qui les a contemplés une fois ! […] Le mouvement indiqué n’est pas achevé… Ce n’est qu’une ébauche et presque qu’une velléité de sacrilège. La petite Convenance, cette Blême que Ferdinand Fabre ne devrait pas connaître, lui a lié le poignet avec son bout de fil et l’a empêché d’accomplir un mouvement qu’il fallait pousser à outrance, pour qu’il fût très beau. […] Dans le chapitre La Voix du crucifix, il y a la même indécision que dans le mouvement de ces mains, impuissamment violatrices de la mort et du cercueil.
misérables intérêts, sources de tant de querelles entre des héros, vous ne prévalûtes jamais dans le cœur de celui-ci aux mouvements de son zèle ; il promit son bras, ses conseils, sa vie, s’il était besoin, mais sous le même général qui commandait déjà l’armée ; il eut beau cependant se dépouiller de ses titres, il les retrouva dans l’estime du général, dans le respect des officiers, et dans l’affection des soldats. […] Cette négligence sied bien aux grands mouvements. […] Cet éloge paraîtrait susceptible d’intérêt et de mouvement ; mais il y en a peu. […] Ce n’est point du tout la marche de l’éloquence, qui est plus assurée d’elle-même, et suit tous ses mouvements avec une certaine fierté.
Gustave Kahn Le sujet de ce poème, car l’Esprit qui passe est bien une sorte d’épopée à la fois enchaînée et variée, c’est-à-dire composée de poèmes simplement juxtaposés d’après une unité de sujet, de rythme et de mouvement, en somme la forme actuelle du poème, ce serait la vie en un poète de l’Esprit, se cherchant dans le passé pour prendre conscience de lui-même. […] Çà et là, la parenté apparaît plus directe qu’il ne sied ; je ne veux point parler de l’identité rythmique de certaines strophes, mais du mouvement même de l’imprécation des captifs ; cela rappelle trop l’anathème de Kasandra et l’emportement haineux du Corbeau et des Siècles maudits.
D’après Bain et son école, au contraire, l’image du mouvement buccal, ou même une ébauche de mouvement laryngo-buccal réel, accompagnerait toujours la parole intérieure ; bien plus, à prendre à la lettre les expressions de Bain, le phénomène de la parole intérieure serait essentiellement un mouvement interrompu ou la simple image de ce mouvement. […] 2° Quand il succède à la perception externe, c’est que le son a été perçu isolé ; en ce cas, nous suivons une habitude : d’ordinaire, il n’y a pas de son sans visum, par conséquent sans point d’origine ; si le son nous apparaît seul, nous cherchons son associé habituel, le visum en mouvement, la chose sonore ; la découvrir, c’est à la fois nous expliquer le son et le localiser. […] Quant au second jugement, il est peu à peu infirmé par les observations suivantes : petites émotions sans réaction sur les mouvements du cœur ; alliance intime de tout sentiment avec la pensée de ses causes, de son but, de sa nature ; en définitive, on localise le sentiment dans la tête avec la pensée. […] Cardaillac paraît avoir en vue une sensation proprement dite, signe d’un véritable mouvement musculaire, et non une simple image ; mais je me crois en droit d’appliquer ses remarques à l’image : car, entre une sensation presque imperceptible et son image presque imperceptible, la différence ne peut guère être perceptible. […] […]Comprendrait-on le pouvoir expressif ou plutôt suggestif de la musique, si l’on n’admettait pas que nous répétons intérieurement les sons entendus, de manière à nous replacer dans l’état psychologique d’où ils sont sortis, état original, qu’on ne saurait exprimer, mais que les mouvements adoptés par l’ensemble de notre corps nous suggèrent ?
Je ne puis prétendre à tracer même une sommaire esquisse du mouvement politique et social. […] Courier est le dernier et authentique représentant de l’art classique chez nous, le dernier des écrivains qui se rattachent au mouvement déterminé par les travaux de l’Académie des Inscriptions : il a droit d’être nommé après André Chénier. […] Il voyait, comme par une direction providentielle, toute l’histoire européenne depuis l’invasion des barbares tendre partout, et particulièrement en France, à former, élever, éclairer, enrichir une classe moyenne : son œuvre d’historien a consisté à dessiner ce mouvement. […] Très curieux d’art, il n’était pas artiste ; et le grand mouvement littéraire de son temps s’accomplit sans qu’il y comprit rien. […] Guizot, toujours froid, maître de lui-même, le même dans sa chaire et dans ses livres, se représentera bientôt à nous quand nous étudierons le mouvement historique.
Le philosophe fait taire les mouvements de son cœur ; le poète les exalte. […] L’attitude parnassienne correspondait au mouvement positiviste créé par la philosophie. […] Notre musique n’est que du mouvement. […] La richesse expressive d’une œuvre d’art se reconnaît à son mouvement. […] Et notez que le mouvement, la vie, la joie n’ont pas ici d’autre fin qu’eux-mêmes.