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723. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Et non seulement elle existerait, mais elle ferait ses œuvres de miséricorde ; elle fonctionnerait, elle officierait comme Église parmi nous qui ne la voyions plus et qui la tenions pour morte et déshonorée sous des jugements de police correctionnelle, genre de martyre, celui-là, qui n’aurait pas convaincu Pascal ! […] Non, « elle est sur les champs de bataille, couverts de frères blessés qui se sont égorgés entre eux… Elle est dans des bouges infects où l’homme meurt de douleur, de honte et de misère… elle est sur ces calvaires impies où l’homme condamne à mort son frère… Elle est dans les ateliers où l’on travaille… dans les lupanars où la fille du peuple vend sa chair (bien portante) jusqu’à ce qu’on la jette pourrie à l’hôpital.

724. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante, Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux Une ondulation majestueuse et lente S’éveille… et va mourir à l’horizon poudreux. […] On juge, à le voir rouler en se débattant dans cette vacuité de pensées, dans ce vortex du rien où il meurt, de la solidité d’articulations qui était en lui et qui eût pu l’élever dans l’éther du ciel poétique, s’il avait eu seulement un peu d’âme, — un peu d’âme qui est l’haleine du poète et qui lui permet de monter haut !

725. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Écho mourut, je crois, d’amour pour Narcisse. […] On vit d’abord de ceux qu’on répète ; mais on finit toujours par mourir de les avoir tant répétés !

726. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Et cependant, il n’y a pas d’autre façon de l’entendre : les Aventures parisiennes sont à peine des faits extérieurs ; ce sont des sentiments qui rident ou agitent les surfaces de l’existence, puisqu’on en souffre et qu’on en meurt : mais ce sont des sentiments dont l’âme est le théâtre encore plus que la vie, en ces récits qui semblent profonds et qui sont à peine appuyés ! […] Antoinette, la spirituelle, la raisonnable, la vertueuse Antoinette, s’éprend d’un adolescent de l’âge de sa fille, qui commence, à son tour, la vie, et c’est cet amour tardif, ce contresens du cœur et de la destinée, ces curiosités d’Eve condamnée à mourir, les espoirs fous qui unissent par une douleur folle, les pudeurs qui deviennent des hontes de toute cette passion forcenée et vulgaire, que M. 

727. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Othon passa presque pour un grand homme pour avoir su mourir, et Pétrone, l’homme le plus voluptueux de son siècle, se donna la mort avec plus de tranquillité que Caton. […] Gratien, qui eut de la faiblesse et du zèle, qui posséda peut-être le courage militaire, mais à qui le courage d’esprit et les talents manquèrent, que les écrivains d’un parti ont comparé aux meilleurs princes, que ceux du parti contraire ont comparé à Néron ; Gratien, dont le plus grand mérite peut-être est d’avoir, élevé Théodose à l’empire, et qui, après un règne de huit ans, mourut à vingt-quatre, vaincu à Paris et assassiné à Lyon, eut aussi ses panégyristes.

728. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

il ne te sert de rien d’avoir abordé les régions de l’éther, et promené dans le cercle des cieux ton esprit qui devait mourir !  […] Tu vois les jours passer en tourbillons rapides, et les éléments de ce monde périssable s’user, mourir, disparaître.

729. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

» Ophélia, semblable à une fée des eaux, la rêveuse Marguerite, ont une grâce étrange qui laisse dans notre âme une impression profonde, mais c’est à condition qu’elles meurent pour nous ou que nous mourions pour elles. […] La bonne femme mourut dans l’année ; ce fut une tante qui s’en chargea. […] Le vieux Saint-Simon n’avait plus qu’à mourir. […] Il n’en mourut pas, mais il en fit un nouveau voyage. […] Il naît à Dijon le 9 juillet 1689 : il meurt à Paris en 1773, à quatre-vingt-quatre ans.

730. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La littérature et l’art seuls peuvent le conserver au cœur de l’homme, et l’homme meurt de ses rêves brisés. […] Il meurt tué, dans une bataille, par Ponchon, devenu capitaine de chasseurs d’Afrique et chez qui le patriotisme l’emporte sur l’amitié. […] Et c’est de cela qu’ils meurent. […] Si l’on n’avait pas la perspective de mourir d’une mort prochaine, mille fois plus gaie, écrabouillé par de la mélinite, réduit en boue sanglante par des projectiles jubilatoires, on voudrait mourir de rire. […] Il mourut bravement, mais il ne fut pas le seul, hélas… Combien, en cette douloureuse année, sont morts qui le valaient ?

731. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Desportes  »

Je veux mourir s’il en reste la moindre trace dans ma mémoire.

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