Des réticences amères se glissent pourtant entre les mots polis qu’ils échangent. […] Chaque mot marque, chaque trait déchire ; il semble qu’on entende frémir un fer rouge et siffler un fouet. […] L’acte finit par ce mot sifflant, acéré, mortel, qu’on voit partir en s’effrayant de la fureur qu’il va déchaîner. […] pas une lueur de repentir, pas un mouvement de bonté, pas un mot d’affection ou de compassion pour l’admirable femme qui se traîne et s’humilie à ses pieds ! […] » A ce mot, la vengeresse tombe ; son caractère s’efface, son originalité disparaît.
Il en parle même toujours avec convenance et discrétion quand il le nomme ; mais il le juge : « Il étoit assez puissant, dit-il, de gens et d’argent, mais il n’avoit point assez de sens ni de malice pour conduire ses entreprises. » Ce mot de malice revient souvent chez Commynes, et toujours en bonne part. […] Il avait, comme le grand Frédéric, le propos méchant, caustique ; il ne pouvait se tenir de lâcher un bon mot sur les gens, quand il ne les craignait pas. Mais, le bon mot lâché, il fallait voir comme il réparait, comme il se condamnait lui-même aux dépens ; il guérissait de son mieux, avec sa libéralité, les blessures qu’il avait faites à l’amour-propre. […] On a là d’avance, dans Commynes, la critique de ce mot de Louis XIV : « L’État, c’est moi », et de cet autre mot d’un courtisan à Louis XV enfant : « Tout cela est à vous ». […] En un mot, Commynes est tellement moderne par les idées et par les vues, qu’on pourrait assigner en le lisant (ce qui est bien rare pour les auteurs d’une autre époque) la place qu’il aurait tenue à coup sûr dans notre ordre social actuel, et sous les divers régimes que nous avons traversés depuis 89.
L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique et le plus vulgaire, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. […] Aussi, comme auxiliaire et complément indispensable de ces lectures publiques, pour qu’elles atteignent tout leur résultat et produisent tout leur fruit, il semblerait nécessaire d’établir deux petits cours parallèles, que j’indiquerai en deux mots. […] C’est ainsi que, par le simple choix des morceaux et avec deux mots d’indication à peine jetés dans l’intervalle, on ferait un cours de littérature pratique et en action. […] Après la prise de Corinthe, le général romain, pour distinguer les enfants de condition libre d’avec les autres, ordonna à chacun d’eux de tracer quelques mots. […] Si l’on me demande ce que j’entends par ce mot, je répondrai que j’entends cette amélioration dans un sens qui ne saurait être contesté par les honnêtes gens d’aucun parti et d’aucune nuance d’opinion.
Je ne dirai pas que cet ouvrage des Girondins émeut, mais il émotionne : mauvais mot, mauvaise chose. […] Le mot de médiocre appliqué à Fontanes poète est injuste, et il l’est doublement de la part de M. de Lamartine, qui semble en ceci se venger des sévérités de Fontanes, son précurseur. M. de Lamartine est un grand poète, Fontanes n’était qu’un poète distingué ; c’est le mot que M. de Lamartine aurait dû trouver s’il cherchait tant soit peu ses mots, et si sa plume n’était pas à la merci du premier qu’elle rencontre. […] Lubis, sans y mettre un mot de plus ni de moins et sans les contrôler. […] Il y a un moment sensible où l’écrivain les poétise et les romance, je ne sais pas un autre mot.
Carrel le savait bien ; tout en saluant d’une expression de regret et de compassion le ministère Laffitte au moment de sa retraite, il disait, en le qualifiant d’un mot : « M. […] Périer n’était pas fait pour l’opposition prise dans l’acception populaire du mot. […] En un mot, dans cette rude guerre qu’il soutint durant près de six années, les soldats de Carrel sont vigoureux, fermes, adroits, infatigables, ils ne sont pas brillants ; ils n’ont pas de casque au soleil. […] En janvier 1832, Carrel commença à ne plus marchander les termes, et le mot de république fut lâché. […] L’esprit de chevalerie, n’oubliez jamais ce mot-là en jugeant l’homme, ça été le principe de son erreur.
je crains que La Rochefoucauld, bien compris, n’ait en définitive raison ; car, sans nier l’élan de l’amour-propre sous sa forme sublime et glorieuse, et en se bornant à l’expliquer, c’est précisément au solennel qu’il en veut dans l’habitude de la vie, c’est à toutes les comédies même sérieuses, à toutes les emphases et à tous les charlatanismes ; il les voit, il les perce à jour, il les remet à leur place d’un mot. […] Villemain ne s’est montré rhéteur plus accompli (au meilleur sens du mot) que dans ce morceau où il parle précisément contre les rhéteurs, et où il traduit une pensée d’homme d’État. Quelques mots, dont évidemment l’auteur s’est souvenu, et qui sont bien de Napoléon, sont enchâssés dans une trame habile, dont l’ensemble constitue le plus admirable discours d’un Conciones français. […] Ce sont là des mots napoléoniens ; mais il me paraît très douteux qu’il ait ajouté, en parlant du soin qu’il mit à rallier les chefs de file de tous les partis : « Sauf deux ou trois opiniâtres, je ne laissai rien de considérable en dehors, et j’enveloppai tout dans ma toge consulaire. » Toge consulaire, il n’a pas dit cela. […] Ce sont les inconvénients inévitables de ce genre de discours refaits, lorsqu’en réalité il n’y a eu que des mots.
Il préparait sa leçon huit jours à l’avance, idées, plan, style, métaphores, et jusqu’aux mots saillants ; il l’écrivait ; il la récrivait ; il l’apprenait par cœur ; il la répétait devant ses amis, devant les indifférents, devant tout le monde. […] Point de mots brillants ni de phrases hasardées ; nul calcul pour amuser, émerveiller ou toucher ; au contraire, de longs exordes, encombrés de divisions et de subdivisions minutieuses, un examen circonstancié et incessant de questions préalables. […] Un critique a remarqué qu’involontairement sous sa plume le mot mélancolique revenait sans cesse. […] Il ne réduisait point les grands mots métaphysiques aux expressions simples et familières qui les éclaircissent, les rendent palpables et permettent à l’esprit d’en démêler la vérité ou l’erreur, D’ailleurs, par métier peut-être, il y répugnait. […] Priez un grammairien d’examiner ces mots : Faits moraux de la nature humaine, capacité sensible, personnalité qui ne gouverne plus, pouvoir qui garde la vertu de faire ; il n’y trouvera que des monstres.
Ce mot est très-bien trouvé. […] Faut-il dire le mot à la portion majeure du Public ? […] Je n’entends point ici la création de mots nouveaux. […] Les mots frappent plus l’imagination que le feroit la chose même. […] A mesure que le peuple se polit, les mots prennent un rang comme les hommes.
Il n’y a pas de mots abstraits dans ses pages ; il y a souvent des pensées, ou plutôt des mots qui font penser, mais point de raisonnements. […] Jules Renard est maître absolu des mots qu’il emploie. […] Julien Ochsé a-t-il écrit ce mot au terme de son livre. […] Tenons-nous enfin le mot de l’énigme ? […] En un mot, il forcera sa nature, et imitera des modèles.