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540. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

A…, et il n’y a pas un mot de bégueulerie ni prêche sur aucune opinion. […] Que ne lisez-vous dans le mien l’attendrissement avec lequel il m’a dicté ce mot-là ! […] Quelle plus frappante confirmation de ce terrible mot d’Aristote, qu’il n’a existé aucun grand esprit sans un grain de folie ! […] Non, ils ne sont pas tous ainsi : il en existe de plus généreux. » Ces derniers mots sont une douceur à l’adresse de Grimm. […] pas un mot.

541. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Le mot vengeance revient souvent dans les tatouages. […] Cinquième point : l’obsession du mot. Dans l’irrégularité du cours des idées un mot se dresse isolé, attirant toute l’attention des détraqués indépendamment de son sens. […] On se contente parfois d’invoquer, pour prouver la décadence, le souci extrême que poètes et prosateurs montrent de la forme et du mot, souci qui prime celui des idées. […] Il dit le mot qu’on cherchait, fait résonner la corde qui n’était encore que tendue et muette.

542. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ils ont voulu, par une copie servile plutôt que fidèle, rendre le mot par le mot, la phrase par la phrase, la syllabe par la syllabe. […] Ce ne sont pas des mots qu’il demande, c’est du sens. Or deux langues différentes n’expriment pas le même sens dans les mêmes mots, ni même dans le même nombre de mots. Si vous vous astreignez à rendre puérilement le vers par le vers, le mot par le mot, le tercet par le tercet, l’octave par l’octave, que faites-vous ? […] Ne vous entravez donc pas vous-même en vous liant comme un bœuf servile au joug parallèle du mot à mot.

543. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

De qui est le mot ? […] Quand vous dites un mot cruel, je vous admire. […] Ils sont tous beaux, plaintifs, les mots qui blessent ; tous douloureux, les mots cruels. […] Ces mots qui incrustent l’ennui !  […] Vous vous rappelez le mot célèbre.

544. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

ou au contraire y a-t-il génération dans le vrai sens du mot ? […] puisqu’il se sert de mots, et que ces mots sont des sons, et qu’ils traduisent ou plutôt qu’ils évoquent des images, les théoriciens de l’art pour l’art n’auraient-ils pas peut-être raison ? […] Comment dédaignerait-on le pouvoir des mots ou des sons dans un art qui nous prend d’abord par l’oreille ? […] Il ne paraît pas démontré que les deux mots importés par Mme de Staël soient aujourd’hui compris de cette façon. […] — Limites de la critique de Sainte-Beuve. — Quelques mots sur Edmond Scherer et sur M. 

545. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

En un mot, la maladie, chez les Modernes, persiste, mais extrêmement voilée. […] Mot à mot : celle-là est la fleur ; c’est-à-dire la fleur des eaux, la plus excellente des eaux. […] Mot à mot : laissant là mon cœur de chien. — Homère met la même expression dans la bouche d’Hélène. […] Mot à mot : tout portier. […] » C’est sur ce mot qu’elle part et s’enfuit du toit maternel.

546. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

— Ce que nous affirmons, c’est d’abord un quelque chose, un être ; j’emploie exprès les mots les plus vagues, pour ne rien préjuger. […] La première action est possible pour moi, parce que sa condition, l’intelligence des mots latins, est donnée ; la seconde est possible pour le portefaix, parce que ses conditions, le développement des muscles et l’habitude de l’exercice corporel, sont données. […] Tous ces mots équivalent à celui de pouvoir ; et, quel que soit le pouvoir, celui d’un chien qui peut courir, celui d’un mathématicien qui peut résoudre une équation, celui d’un roi absolu qui peut faire couper des têtes, ce mot ne fait jamais que poser comme présentes les conditions d’un événement ou d’une classe d’événements. — Rien de plus utile que la connaissance de pareilles conditions ; elle nous permet de prévoir les événements, ceux d’autrui comme les nôtres. […] À ce titre, en maintenant exactement le sens des mots, nous pouvons dire que le moi, comme les corps, est une force, une force qui, par rapport à eux, est un dedans, comme par rapport à elle ils sont un dehors. […] Tantôt l’énergie des associations normales est moindre, comme dans le sommeil et l’hypnotisme ; l’attache qui joint mon nom au mot je est affaiblie ; partant, une suggestion insistante peut substituer à mon nom celui d’un autre ; désormais celui-ci, avec toute la série des événements dont il est l’équivalent, est évoqué en moi sitôt que le mot je revient mentalement, et désormais, à mes yeux, je suis cette autre personne, Richard Cobden ou le prince Albert. — Tantôt l’énergie des associations normales est vaincue par une force plus grande.

547. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Mise debout sur l’industrie (qui oserait écrire le mot : assise, quand il s’agit de la nation américaine ?) […] Si on cherchait cet effet dans les mots, la couleur, le style, enfin tout ce qui constitue, sous la plume d’un grand artiste, la réalité visible du talent, on ne le trouverait pas davantage. […] Baudelaire a lui-même écrit, en parlant de ces compositions logogriphiques et stupéfiantes, le mot de jonglerie, et nous tenons le mot pour exact. […] je voudrais qu’il y eût un autre mot !) […] On ne pouvait pas dire d’Edgar Poe, cette âme si peu américaine, le mot du Géronte de la Comédie : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? 

548. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lafargue, Marc (1876-1927) »

Lafargue devrait le mettre en garde contre une propension regrettable à compter le mot peuplier comme dissyllabique. […] Lafargue a toujours le mot qui fait image ; sa vision est précise. […] Oui, votre vers est net, harmonieux, sonore, flexible ; oui, vous savez en guirlandes parfaites entrelacer les mots, et cela, je l’admire, puisque vous n’avez pas vingt ans, mais avant tout j’aime votre âme si tendre, si délicate, pareille à Une maison blanche où sèche du tilleul.

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