. — Aveuglé par son amour paternel, C… ne suivit pas les progrès incessants du mal, cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre. […] Ainsi dans une des phrases citées, le passage : « … cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur ». […] Nous avons « la sphère d’influence — la sphère diplomatique — les sphères politiques — une sphère plus étendue — la sphère intellectuelle — la sphère morale — la sphère d’activité — une sphère plus élevée — la sphère des idées — la sphère des progrès démocratiques — la sphère des intérêts matériels, etc. », toutes locutions où « sphère » n’évoque plus aucune image, sinon en certains esprits irrespectueux ; non seulement le mot est arrivé au dernier période de l’abstraction, mais il semble même, la plupart du temps, n’avoir qu’une valeur de redondance oratoire, ne correspondre à rien. […] La politique partage avec la morale l’usage des principes et des bases et pendant que les uns se placent « sous la sauvegarde de nos immortels principes », d’autres, sans vergogne, « sapent les bases de l’édifice social ».
Quelques-uns essayent d’arrêter cette progression aux questions métaphysiques et spéculatives, comme ils les appellent, et voudraient sauver la morale ; mais c’est une contradiction, et d’après l’échelle précédente on sera forcé de dire que celui qui nie la morale est plus libre penseur que celui qui l’affirme ; par la même raison, celui qui nie tout principe en politique sera plus libre penseur que celui qui en reconnaît quelques-uns, par exemple la liberté et la justice. […] Comment se fait-il donc que ce même examen, s’il tourne contre vous, devienne tout à coup une méthode criminelle et folle, née de l’orgueil, ennemie de la société et de la morale ? […] Lorsque la morale défend les jugements téméraires, ne nous ordonne-t-elle pas de nous éclairer avant de parler, c’est-à-dire d’examiner, de contrôler, de voir clair par nous-mêmes ?
Désiré Nisard, dans ce célèbre manifeste, avait pris parti pour la réflexion, l’étude, la volonté inspirée, contre l’improvisation, la précipitation, le gaspillage ; parce qu’il s’était rangé du côté de la conscience littéraire contre les succès à tout prix et au rabais ; parce que, là comme dans ses autres écrits, il n’avait pas sacrifié toutes les qualités de l’écrivain à ce pittoresque que nous ne haïssons pas, mais qui avait positivement alors tourné la tête à toute la littérature ; parce qu’il honorait la tradition, qu’on ne respectait plus et même qu’on insultait très bien ; parce qu’il ne concevait pas la Critique en dehors de la morale chrétienne, quand le Beau seul suffit aux âmes, disaient les délicieux Esthétiques de ce temps ; parce qu’enfin il avait en lui la faiblesse la touchante faiblesse du xviie siècle au lieu d’avoir l’orgueil insensé et insupportable du xixe , il fut bientôt classé, par les ardents et les rutilants de ce siècle-là, parmi les effacés, les chagrins, les retardataires, les professeurs d’ailleurs, les pédantisants ! […] Nisard n’a jamais fait fléchir devant aucune nécessité de douceur et de politesse — et on voit maintenant si ces nécessités sont dans ses goûts naturels — une seule des religions de sa vie : soit l’autorité de l’enseignement, soit la pureté du goût, soit l’amour de la langue française, soit la morale chrétienne qui comprend tout, même en littérature. […] IV Le Christianisme et sa morale acceptés résolument par l’auteur des Études de critique littéraire et des Études de littérature et d’histoire, voilà ce qui fait, même avant le talent de M. […] Il a le courage de se dire chrétien et de faire planer la morale chrétienne par-dessus la littérature.
Son épargne intellectuelle et morale a rendu plus de services encore peut-être que son épargne monétaire. […] Il n’est de vraie liberté, intellectuelle et morale, que dans une règle et une discipline. […] Il n’y a pas d’enseignement sans morale. […] Cette liste complète dégagerait ce genre de bouffonnerie dont j’ai déjà parlé, spécial aux époques de décomposition intellectuelle et morale, qui prétendent donner le ton, et dicter la loi, en matière d’intelligence et de morale. […] C’est d’ailleurs pourquoi elle ne saurait être mise à la base de l’instruction, de l’éducation, ni de la morale.
N’a-t-il pas étiqueté de ces deux mots son autobiographie morale ? […] La recherche de la santé morale et physique était pour M. […] De vie morale, pas davantage. […] L’histoire morale de Mayran est son histoire. […] La fierté, — voilà le trait essentiel de sa figure morale.
Mais il faudrait pousser la réflexion à un degré où elle va rarement, et peu d’hommes ont souffert de cette double vie morale, où l’on s’empêche d’agir à force de se regarder faire. […] Et avec cela, comme au siècle précédent, la conversation, où toute matière était touchée, où, devant les femmes et par elles, jamais avec pesanteur, parfois avec profondeur, étaient agitées les plus sérieuses questions de morale et de religion, de politique et d’économie.
Il est également possible d’atteindre, grâce aux odes et aux drames, à une sorte de puissance morale qui confine à la dictature, comme Hugo, Wagner et Émile Zola en donnent l’exemple en ce siècle. * * * Dans cette situation d’esprit, la jeunesse contemporaine que brûlent les plus violentes ardeurs, n’était guère préparée aux légendes, germaniques, et aux délicates chevaleries à l’aide desquelles les poètes précédents (Henri de Régnier, Maurice Maeterlinck) ont pris l’habitude de se célébrer et d’éclaircir leur position morale.
C’est la peinture morale. […] Fais de la morale en peinture, et fais-en toujours comme cela.
Et je puis résumer ainsi ma critique : Oui, la question sociale est une question morale ; mais elle n’est pas seulement une question morale ; elle est aussi une question d’organisation économique et politique. […] Il ne la séparait pas de la morale. […] Elle est pour Walras à la fois morale et économique. […] Letourneau a étudie l’évolution du droit, de la famille, de la morale, de la propriété. […] Ainsi donc la morale de Voltaire aurait été purement négative.