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1157. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — En quoi consiste la personne morale. — Deux personnes morales pourraient se succéder dans le même individu. — Ce qui fait la continuité d’une personne morale distincte, c’est la renaissance continue d’un même groupe d’images distinctes. […] Mais quel que soit le phénomène, rudimentaire et normal, ou anormal et complet, il montre comment nos images, en se liant, composent ce groupe qu’en langage littéraire et judiciaire on appelle la personne morale.

1158. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

si l’imprudent public composait le répertoire, il y placerait Tibère, Fénelon, Charles IX, Clovis, Charles VI, Julien dans les Gaules ; il voudrait puiser dans l’histoire nationale de grandes leçons de morale et de politique. […] À cela Pascal dirait : Trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la morale ; un méridien décide de la vérité ; beauté au-delà du Rhin, horreur en-deçà. […] Aristote), à tout ce que nous savons de réel touchant la nature physique et morale , c’est à elle aussi que nous devons, dans tous les genres d’écrire et dans tous les arts, les chefs-d’œuvre anciens et modernes que nous appelons classiques.

1159. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Même alors, c’est du Thomas, et non pas du Corneille : l’intuition personnelle de la vie morale n’anime pas la conception cornélienne de la volonté ; Essex, malgré quelques beaux cris d’une âme fière, fait l’effet d’un mannequin bien creux, je ne dis pas à côté de Nicomède, mais seulement en face de Suréna. […] Boileau, La Bruyère n’avaient pas tort de mépriser ces livrets trop vantés, où s’étalaient « tous ces lieux communs de morale lubrique ». […] Il étale, naturellement, la morale et les maximes de l’opéra, une éternelle invitation à aimer, que les sujets mythologiques amenaient.

1160. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Son dessein était de « prouver que, de toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres ; que le monde moderne lui doit tout ; … qu’il n’y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte ; … qu’elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l’écrivain, et des moules parfaits à l’artiste649…. » Ce vaste dessein d’apologie se développait à travers quatre parties : Dogmes et doctrines, Poétique, Beaux-Arts et Littérature, Culte. […] Les deux livres intitulés Existence de Dieu prouvée par les merveilles de la nature, et Immortalité de l’âme prouvée par la morale et le sentiment 651 sont d’une incomparable candeur dans le maniement des preuves. […] Le courant se rétablissait entre l’idée du Dieu catholique desséchée au fond des cœurs et tous les éléments actifs de la vie morale : l’escamotage logique devenait une suggestion puissante.

1161. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

La théorie de l’art pour l’art, bien interprétée, et la théorie qui assigne à l’art une fonction morale et sociale sont également vraies et ne s’excluent point. […] Il dit : Je t’établis pour être la lumière des nations ; ainsi parle l’Eternel à celui qu’on méprise. » On peut dire de la haute pensée philosophique et morale ce que Victor Hugo a dit de la nature même : elle mêle Toujours un peu d’ivresse au lait de sa mamelle. […] On pourra objecter que nul ne se soucie d’une suite de raisonnements mis en vers ; sans doute ; n’oublions pas pourtant que les grandes idées font la grande poésie, et que, pour Musset même, sa réelle valeur n’est pas dans le badinage, si élégant et charmant qu’il soit, mais dans l’expression sincère, poignante parfois, de la souffrance morale et de l’angoisse du doute.

1162. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Retournera-t-il à l’Histoire, mais à l’histoire austère, pudique, morale, et non à l’histoire physiologique, par laquelle, hélas ! […] Or, la meilleure des idées anti-chrétiennes sur laquelle on pût établir toute la vie morale et intellectuelle de l’enfant, — du jeune ouvrier de l’avenir, — c’est encore l’idée de Justice opposée à la Grâce, — cette idée de Justice comme elle n’est pas, mais comme ils ont dit et voulu nous faire croire, les révolutionnaires, qu’elle était, dans la Révolution ! […] Michelet a assez henni, il s’est assez emporté, mais, comme nous autres chrétiens, il croit que la question politique n’est qu’une question morale, que tout est dans un homme, pour les peuples, et dans un caractère.

1163. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Ordinaire tombe subitement dans une décrépitude morale et corporelle, quand il a perdu tout espoir d’arriver à l’évêché. […] « Ce qui est vrai du réaliste est vrai aussi de son action (morale). […] En affaire de goût il se préoccupera du plaisir, en affaires de morale il se préoccupera du bonheur, bien que ce ne soit pas là la condition de sa conduite morale. […] Si donc le réaliste a pour but, dans ses tendances politiques, le bien-être, dût-il en coûter quelque chose à l’indépendance morale du peuple, l’idéaliste, lui, visera à la liberté, même au préjudice du bien-être. […] Dans le premier cas, il s’agit du prix (de la valeur temporelle) de notre vie, et dans le second cas, de la dignité (de la valeur morale) de notre vie.

1164. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

En un mot, dans ce mélange et cette intervention sans frein de la passion publique aux représentations judiciaires, il y a ruine pour l’art, danger pour la justice, perversion de la morale moyenne en ce qu’on initie chaque classe aux émotions fortes.

1165. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

Il est certain que le charme de Paul et Virginie consiste en une certaine morale mélancolique, qui brille dans l’ouvrage, et qu’on pourrait comparer à cet éclat uniforme que la lune répand sur une solitude parée de fleurs.

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