La haine sauvage dont il fit preuve en d’autres circonstances, envers le doux et inoffensif Fénelon, montre bien que la violence lui était naturelle.
Car l’image fantasmatique de son expérience, image qui lui montre comment cette expérience apparaîtrait, si le dispositif expérimental était en mouvement, à un observateur immobile pourvu d’un nouveau système de référence, est sans doute une déformation temporelle et spatiale de l’image première, mais une déformation qui laisse intactes les relations entre les parties de l’ossature, conserve telles quelles les articulations et fait que l’expérience continue à vérifier la même loi, ces articulations et relations étant précisément ce que nous appelons les lois de la nature.
Moréas croyant peu à l’idée, et féru de la forme, l’entendait dans un autre sens ; outre que ses vers faisaient montre souvent de connaissances étendues, il ne dédaignait pas d’intercaler dans ses œuvres en grande proportion des traductions, ou, selon son expression, des paraphrases. […] Être nous montre l’arrivée de l’écrivain à la conscience exacte d’une littérature soucieuse avant tout du phénomène passionnel ambiant étudié à la clarté d’une conscience, d’un écrivain aussi suffisamment muni pour suivre les oscillations du phénomène et les résumer en de nobles lignes. […] Il en est jusqu’ici de tout système sociologique comme des théories littéraires et scientifiques ; on ne peut qu’approuver le théoricien quand il montre énergiquement les vices de l’état social, la part que l’homme prend à l’entretien de ces vices, la dépression que sa cervelle étriquée de privilégié sans droit impose à la science et à l’art. […] Peut-être les montre-t-elle un peu, au lendemain d’un déluge, dans sa hâte à se retrouver.
Le malheur de Fléchier, comme aussi bien de tous ceux qui songent moins à traiter leur sujet, quel qu’il soit, qu’à faire montre d’eux-mêmes, c’est que (son observation glisse à la surface des choses, et qu’il en demeure toujours, selon l’énergique expression de Bossuet, « au lieu où se mesurent les périodes ». […] Il faudrait le fixer dans l’attitude indulgente et doucement souriante où nous le montre une anecdote racontée par Bernis, qui fut l’un de ses protégés. […] C’est que, quoi qu’on en dise, il ne fait pas tant montre de son esprit, et les mots chez lui s’incorporent au dialogue presque aussi étroitement que dans la comédie de Molière. […] » Malesherbes répondit par la lettre suivante, un peu longue, mais que nous donnons tout entière, d’abord parce qu’elle montre bien dans quelles étroites limites se resserraient les attributions d’un directeur de la librairie, et puis, pour une autre raison, que l’on verra tout à l’heure : Vous savez mieux que moi, monsieur, qu’il n’y a point de ministère de la littérature. […] « Élevez son buste ou sa statue sur un piédestal, entrelacez autour de ce piédestal la corne d’abondance, faites-en sortir tous les symboles de la richesse ; contre ce piédestal appuyez mon épouse ; qu’elle verse des larmes de joie ; qu’un de ses bras posé sur l’épaule de son enfant, elle lui montre de l’autre notre bienfaitrice commune ; que cependant la tête et la poitrine nues, comme c’est mon usage, l’on me voie portant mes mains vers une vieille lyre suspendue à la muraille. » Là-dessus il prétend qu’un artiste ami lui répondit : « Je vois le tableau », mais je crois qu’il se vante.
Mais la montre d’Amiel a-t-elle à marquer autre chose que l’éternité ? […] Le lendemain, l’ami de Philine lui montre négligemment son poème.
Effectivement, si l’on avait besoin de quelque chose alors, après Du Bellay, c’était de précision dans l’enthousiasme ; et ce que Scaliger se montre avant tout dans sa Poétique, c’est un définiteur exact ; c’est un classificateur ingénieux ; c’est enfin, si je puis risquer le barbarisme, un infatigable comparateur. […] Je ne crois pas que nulle part la confiance dans le pouvoir des « règles » et de la « théorie », se soit plus naïvement étalée, dans un plus beau jour, comme on disait alors ; et si la Pucelle est prodigieusement ennuyeuse à lire — quoi qu’en aient dit ceux qui ont eu l’idée singulière, voilà tantôt dix ans, d’en éditer les douze derniers chants, — du moins on ne se lasse pas d’en lire la Préface : Je dirai maintenant en peu de paroles, qu’afin de réduire l’action à l’universel, suivant les préceptes, et de ne pas la priver du sens allégorique, par lequel la poésie est faite l’un des principaux instruments de l’architectonique, je disposai toute sa matière de telle sorte que la France devait représenter l’ami de l’homme, en guerre avec elle-même et travaillée par les plus violentes émotions ; le roi Charles, la volonté, maîtresse absolue et portée aussi bien par sa nature, mais facile à porter au mal sous l’apparence du bien : l’Anglais et le Bourguignon, sujets et ennemis de Charles, les divers transports de l’appétit irascible… Amaury et Agnès, l’un favori et l’autre amante du prince, les différents mouvements de l’appétit concupiscible… « Quand je considère en moi-même la disposition des choses humaines, confuse, inégale, irrégulière, je la compare à certains tableaux que l’on montre comme un jeu de la perspective… » La Pucelle de Chapelain ressemble à ces tableaux dont parle Bossuet ; elle y voudrait ressembler du moins ; regardée d’un côté, c’est de l’histoire, et regardée de l’autre, c’est de la morale ; un paysage, quand on se met à droite ; un portrait, quand on se met à gauche ; mais, par malheur pour Chapelain, comment que l’on se place, et en dépit des règles, ce que ce n’est jamais ni de nulle part, c’est un poème. […] Ce qu’on négligeait, c’est ce qu’il exprime ; ce qu’on cachait, il le montre ; et ce qu’on déguisait, il l’étalé. […] Fidèle à la pensée de Rousseau, Mme de Staël nous montre de combien de relations, diverses et cachées, dépend l’autorité du jugement esthétique.
A la nouvelle de la levée du Siège, dans les premiers mois de 1871, n’y tenant plus, il vend sa montre pour se faire un peu d’argent et gagne Paris. […] Le beau poème des Visages de la vie82 nous le montre attentif aux idées morales, penché sur le cœur douloureux de l’humanité, épiant ses tressaillements, guettant ses aspirations divines et ses bonnes velléités.
Il résulte du témoignage de mademoiselle Aïssé qu’il y avait dans cet état plus de montre que de fond, et que le crédit de la dame baissa fort avec l’éclat de ses yeux65.
Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle, sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées.