/ 3391
1007. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Concevoir, créer : il y a dans ces deux mots pour l’homme de lettres un monde d’efforts douloureux et d’angoisses. […] Il me semble que la tristesse se perd parmi tant de monde. […] Ce monde aux yeux renfoncés, est dur, concentré, avec un tas de choses amassées sous l’ensevelissement des traits. […] Ce n’est pas un homme de leur monde… C’est ce qui fait, je crois, qu’Autran a des chances. […] Montégut, l’écrivain de la Revue des Deux Mondes.

1008. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Puis à quoi bon rompre des lances dans ce monde, à propos de l’art français qu’ils ne sentent pas plus que les autres, mais dont ils n’ont pas encore appris le respect. […] Nous avons croisé, en entrant, le maréchal Canrobert, et la première personne, que nous apercevons dans la salle, est Mme de La Valette, et partout ce sont des hommes et des femmes du plus grand monde. […] Le monde intime de la maison, quelques hommes et les femmes des académiciens, sont ramassés dans l’espèce d’enceinte d’un petit cirque, défendu par une balustrade. […] Car dans ce petit monde, tous et toutes doivent travailler de leurs mains. […] Dans cette traduction, où Tourguéneff cherche à nous donner la jeune vie du monde naissant, palpitante dans les phrases, je suis frappé de la familiarité, en même temps que de la hardiesse de l’expression.

1009. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Dans ce monde de bibeloteurs japonais, c’est une folie de surenchères entre Gillot, Havilant, Manzi, et le bijoutier Vever, le plus passionné de tous, et qui nous montre le billet de sa place sur le paquebot, pour l’Exposition de Chicago. […] Or, pour le juif, la croix c’est telle somme, l’amour d’une femme du monde c’est telle somme, une vieille savate, c’est telle autre somme. […] Une ville moyenageuse aux ogives de ses portes, à l’arc surbaissé de ses boutiques, au treillis de fer de ses fenêtres, et où la pourriture du bois des maisons, la lèpre de la pierre sont telles, que jamais je n’en ai rencontré de pareilles, dans aucune ville du monde. […] La mode pour les femmes est ici de porter deux ou trois roses thé, à la ceinture, et pour les hommes un numéro de la Revue des Deux Mondes, sous le bras. […] Toute la maisonnée Allard, arrivée de Bourg-la-Reine, dans une voiture aux rideaux de cuir, d’où sortent successivement la mère, le père, les deux petits garçons, Renée, Marthe, Adeline, un petit monde de fillettes, distingué et pas bourgeois.

1010. (1883) Le roman naturaliste

Mais quel monde que celui où M.  […] Le monde de la Nouvelle Héloïse est incontestablement plus divers que le monde de Werther, et surtout de René. […] A quoi veulent-ils que s’attache, dans un roman qui se passe tout entier dans le monde « théâtral », un public qui ne connaît rien de ce monde ? […] Après, selon l’impitoyable logique des choses de ce monde, il ne lui reste plus qu’à mourir. […] il y a vraiment peu de choses en ce monde qui m’intéressent moins.

1011. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Notre vie dépend de notre place dans le monde et par conséquent dépend du monde ; et donc, pour me montrer ce que je dois être, dites-moi ce qu’est tout ! […] Dans le monde moderne c’est la solution vraie, c’est la vérité. […] Pas le moins du monde et d’abord pour la raison que j’ai dite. […] Pas le moins du monde. […] Nul peuple au monde n’est plus indifférent à cet égard.

1012. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Son pamphlet, intitulé Le Roi glorieux au monde, qu’Aimé Martin avait vu et que M.  […] Sainte piété, que vous allez apporter de bien au monde !  […] On l’appelait aussi, dans un certain monde, Belphégor, au dire de M.  […] Non, Momus, je ne puis plus retourner au monde. […] Or ce monde, c’est Molière qui l’a créé.

1013. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

On fit courir le bruit qu’un libraire impudent avait mêlé aux Lettres persanes des lettres qui n’étaient pas dans le manuscrit original, ce qui n’était pas exact le moins du monde. […] Il avait aussi rencontré lord Chesterfield, écrivain élégant, mais d’une morale un peu relâchée, même dans les conseils qu’il donne à son fils, enfant naturel qu’il promenait à travers le monde. […] Et d’abord je remarque, à l’ouverture même du livre, une vérité vieille comme le monde et hardie à force de vétusté. […] La Divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois, les bêtes ont leurs lois, l’homme a ses lois. […] Aussi l’Europe est-elle si ruinée, que les particuliers qui seraient dans la situation où sont les trois puissances de cette partie du monde les plus opulentes, n’auraient pas de quoi vivre.

1014. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il se remet à prêcher sur les événements du jour, tantôt gravement moral, ou amèrement satirique, et penché sur les petitesses du monde. […] Le monde alors lui apparaît comme un rêve ; aucune réalité ne se laisse retenir. […] Le seul bien qui me reste au monde Est d’avoir quelquefois pleuré. […] Il se définissait « un homme pour qui le monde extérieur existe ». Et de fait, sans idées ni émotions, il a rendu les fragments du monde extérieur qui tombaient sous son expérience.

1015. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Un dîner de gourmet, assaisonné d’une originale conversation sur les choses de la gueule et l’imagination de l’estomac, au bout de laquelle Tourguéneff prend l’engagement de nous faire manger des doubles bécassines de Russie : le premier gibier du monde. […] Sur la fréquentation de l’humanité, qu’on lui conseille avec toutes sortes de formes révérencieuses, il se met en colère : « Le monde… je vous demande un peu, ce qu’un salon révèle de la vie… ça ne fait rien voir du tout… j’ai 25 ouvriers à Médan, qui m’en apprennent cent fois plus ». […] Tout un monde de peintres et de femmes de peintres en représentation, et faisant des effets avec des arrivées en retard, comme l’arrivée diplomatique d’Heilbuth, comme l’arrivée tapageuse de Carolus Duran. […] si j’étais plus jeune, le beau roman à recommencer sur le monde de l’art, et à faire tout dissemblable de Manette Salomon, avec un peintre de l’avenue de Villiers, un peintre-bohème, vivant dans le grand monde et la high life, comme Forain, un raisonneur d’art, à la façon de Degas, et toutes les variétés de l’artiste impressionniste. […] Car le monsieur est le type de l’homme jouant, pour les maîtresses de maison où il va, une passion, qu’il semble avoir toutes les peines du monde à renfoncer, à museler.

/ 3391