Ils ont des mœurs plus sévères, plus détachées de ce globe, qu’ils foulent aux pieds les yeux au ciel, lorsqu’ils sont de vrais prêtres Même à part la vertu des sacrements, qui sont des efficacités et des puissances d’un ordre surnaturel, et dont nous n’avons pas à nous occuper ici, les prêtres ont plus d’obligations que nous et plus de tenue ; car la valeur humaine se mesure à l’étendue des devoirs. […] Il y fut l’homme de toute sa vie, l’homme qu’il était au confessionnal, à la tête de son diocèse ou de l’État, dans son opposition respectueuse aux mesures politiques de la cour de Rome, enfin partout, même sur les champs de bataille, c’est-à-dire le champion du droit strict et de la justice armée.
Toute sa vie a été consumée à écrire contre les Incrédules & les Jésuites ; mais ses Ouvrages mouroient à mesure qu’ils voyoient le jour.
Je suis trop malheureux ici sans vous. » À mesure que l’ennui, sa maladie obstinée, le gagne, ses lettres deviennent plus tendres. […] Tout mesure ainsi pour moi la distance qui me sépare de vous. […] On devrait se sentir plus léger à mesure que le temps nous enlève des années ; c’est tout le contraire : ce qu’il nous ôte est un poids dont il nous accable. […] À mesure qu’il vieillit et que la vanité sèche, le cœur refleurit en lui par les souvenirs. […] XXVII Revenons à son grand ami et à ses dernières correspondances ; elles ressemblent à des adieux prolongés dont l’écho de la vie affaiblit le son à mesure que le partant s’éloigne du rivage.
Mais quant à l’éternité, immobile comme elle l’est, rien ne la mesure ni ne l’épuise. […] Il prouve le temps parce qu’il est la mesure de tout mouvement. […] C’est à ce besoin instinctif et si réel qu’Aristote a obéi ; il a satisfait l’esprit humain dans la mesure de son génie et de son temps. […] C’est parce que l’homme aime la loi morale à laquelle il doit obéir, qu’il aime tous ceux, qui de plus près ou de plus loin la pratiquent avec lui, dans la mesure où il nous est donné de pouvoir la pratiquer. […] Je crois donc qu’à cette mesure on peut juger équitablement les divers systèmes qui se montrent à nous dans l’histoire de la philosophie, et qu’en les comparant à cet idéal de la science, tout incomplet qu’il est, on peut voir avec assez d’exactitude et de justice ce qu’ils valent.
Il y a des œuvres plus profondes, plus parlantes à mesure que nous les interrogeons et que nous maintenons dessus notre regard attentif. […] Leur action reste fort limitée, et leur écho ne saurait être qu’éphémère : d’ailleurs, leur manque de mesure diminue singulièrement leur portée. […] À force de se chanter à eux-mêmes, de s’exalter en tant qu’individus, de s’opposer au monde et de se disperser, en s’arrêtant au jeu des apparences, dans l’éparpillement de la sensibilité, ils ne se sont plus tenus dans la mesure, et ils ont vécu et œuvré sans parvenir à se dégager de cette forêt touffue et prodigieuse qui est l’imagination d’une jeunesse ardente. Supportable en poésie, ce manque extrême de mesure me fait juger sévèrement, et m’empêche d’aimer certains, et des plus réputés prosateurs de ce siècle. […] René Boylesve, que revient d’en avoir fait la critique avec infiniment de mesure et de finesse.
Il est véritablement curieux et presque ridicule de voir comment il prenait avec un compas la mesure des ailes de Pindare pour ajuster ses ailes factices à lui sur ce modèle, et pour fendre le ciel à l’aide de ce lourd mécanisme d’enthousiasme classique qui le laissait tomber ventre à terre aux justes sifflets de ses admirateurs ébahis. […] Ses œuvres, tombant à chaque instant dans le désordre ou dans l’excès, n’auraient ni proportions, ni convenance, ni mesure. […] La beauté est absolue en elle-même ; elle résulte de quelques rapports mystérieux entre la forme et le fond dans toutes les choses morales ou matérielles, rapports qui ont été établis par Dieu lui-même, suprême type, suprême règle, suprême proportion, suprême mesure, suprême convenance de tout ce qui émane de lui. […] En d’autres termes, la critique est la recherche et la manifestation de cette règle logique et intime qui préside et doit présider à toute création de notre intelligence ; sorte de conscience de l’esprit qui, au lieu de nous dire : Cela est bien, cela est mal, nous dit avec la même autorité : Cela est beau, cela est laid ; cela est proportionné, cela est disproportionné ; cela est dans la mesure, cela est dans l’excès ; cela est dans la vérité, ou cela est dans la chimère. Or, pendant que les hommes de création ou de génie produisent, soit dans le domaine de la pensée, soit dans le domaine des sens, des œuvres d’art que la fougue même de leur imagination créatrice peut faire quelquefois déborder avec beaucoup d’écume et d’irrégularité du moule, comme le bronze en ébullition déborde du fourneau, il est bon que les hommes de critique ou de logique des arts les surveillent, les modèrent, les gourmandent, et, leur présentant la règle et la mesure éternelles, leur disent : « Voilà le type !
Si l’on se souvient ensuite de cette observation si judicieuse de Lyell, que l’épaisseur et l’étendue des formations de sédiment sont le résultat des dégradations que la terre a subies autre part, et peuvent en donner la mesure, quelle somme énorme de dégradation n’indiquent pas les dépôts stratifiés de quelques contrées ! Le professeur Ramsay m’a donné une évaluation totale de l’épaisseur maximum de chaque formation dans les différentes provinces de l’Angleterre, d’après des mesures prises sur les ; lieux, dans la plupart des cas, et, pour le reste, d’après des estimations approximatives. […] En effet, il est évident que les dépôts du littoral sous-marin sont continuellement désagrégés et emportés par l’action des vagues côtières, à mesure que le soulèvement graduel du sol les fait lentement émerger. […] Encore bien moins serait-ce possible pendant les périodes intermédiaires de soulèvement ; et même, pour parler plus exactement, il faudrait dire que les couches déjà accumulées dans ces mêmes stations en voie de soulèvement doivent généralement être détruites à mesure qu’elles émergent et qu’elles se trouvent ainsi successivement amenées dans le domaine d’action des vagues côtières. […] Si, au contraire, le fond de la mer reste stationnaire, à mesure que la formation devient plus puissante, la vitesse d’accumulation doit progressivement diminuer ; mais elle doit aussi progressivement s’enrichir en formes organiques, et les espèces doivent encore changer, sans que leur changement ait pour cause leur transformation par sélection naturelle.
Ainsi le prince de Ligne, vif, brillant, étincelant de traits, rencontrait le mieux, mais ne s’y tenait pas ; il avait plus d’imagination que de mesure et de goût. […] Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] Il aspire à un commandement en chef ; il va peut-être enfin donner toute sa mesure, car ce n’est qu’à la guerre qu’il a rêvé un grand rôle : ailleurs il n’a voulu être que témoin et confident.
Et ce que j’y aurais gagné ou perdu dans ma verve et mon éloquence, ne serait-ce pas précisément ce qui y fait excès et aussi ce qui y manque en gravité, en proportion, en mesure, en parfaite justesse, et, par conséquent, en véritable autorité ? […] Et sur cet homme petit en soi et honteux de sa petitesse, qui travaille à s’accroître, à se multiplier, qui s’imagine qu’il incorpore tout ce qu’il amasse et ce qu’il acquiert : Tant de fois comte, tant de fois seigneur, possesseur de tant de richesses, maître de tant de personnes, ministre de tant de conseils, et ainsi du reste : toutefois, qu’il se multiplie tant qu’il lui plaira, il ne faut toujours pour l’abattre qu’une seule mort… Dans cet accroissement infini que notre vanité s’imagine, il ne s’avise jamais de se mesurer à son cercueil, qui seul néanmoins le mesure au juste. […] Ô justesse dans la vie, ô égalité dans les mœurs, ô mesure dans les passions, riches et véritables ornements de la nature raisonnable, quand est-ce que nous apprendrons à vous estimer ?