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709. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

La physionomie de l’ensemble domine, le niveau du mauvais gagne et monte. […] Il en fut ainsi en tout temps : mais, dans une histoire du théâtre depuis dix ans, on suivrait le contre-coup croissant et désordonné de ce mauvais régime littéraire. […] Quoi qu’il en soit, une note se trouva insérée dans deux ou trois journaux, dans ceux-là mêmes qui s’attaquent tous les matins en politique, mais qui s’entendent si cordialement en littérature ; note qui avait une tournure vraiment officielle, et qui relatait qu’à la nouvelle du propos scandaleux le Comité de l’association s’était transporté chez le mauvais plaisant pour recevoir son désaveu formel.

710. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il nous parle lui-même d’un malheur qui a rompu le cours de leurs affections ; mais le mauvais succès ne l’aigrit pas contre sa belle inhumaine, comme il l’appelle : Je me trouve toujours en état de l’aimer ; Je me sens tout ému quand je l’entends nommer ; . . . . . . . . . . . . . . […] Si Corneille était venu plus tôt, avant l’Académie et Richelieu, à la place d’Alexandre Hardy par exemple, sans doute il n’eût été exempt ni de chutes, ni d’écarts, ni de méprises ; peut-être même trouverait-on chez lui bien d’autres énormités que celles dont notre goût se révolte en quelques-uns de ses plus mauvais passages ; mais du moins ses chutes alors eussent été uniquement selon la nature et la pente de son génie ; et quand il se serait relevé, quand il aurait entrevu le beau, le grand, le sublime, et s’y serait précipité comme en sa région propre, il n’y eût pas traîné après lui le bagage des règles, mille scrupules lourds et puérils, mille petits empêchements à un plus large et vaste essor. […] Ce fut pourtant peu après ces triomphes, qu’en 1653, affligé du mauvais succès de Pertharite, et touché peut-être de sentiments et de remords chrétiens, Corneille résolut de renoncer au théâtre.

711. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il fait des tragédies — fort mauvaises — mais qui mettent sous les yeux les conséquences du fanatisme. […] Chargé de tant d’affaires, il trouva toujours le temps de se colleter avec Pierre et Paul, grands ou petits, bons ou mauvais, gens à talent ou sans talent, qui avaient eu le malheur de choquer sa vanité ou d’éveiller sa jalousie. […] Il n’eut pas la tête métaphysique ; et le plus mauvais tour qu’on puisse lui jouer est d’exposer sa philosophie transcendentale.

712. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Vigny la conduisit aux hautes solitudes et la voulut retenir dans sa Maison du Berger, mais elle s’échappa, courut les chemins, fit de mauvaises rencontres. […] On nous a habitués à considérer l’École Parnassienne — disons plus familièrement le Parnasse — de même que nous dirons tout à l’heure le Symbolisme au lieu de l’École Symboliste — comme une réaction contre le Romantisme ou du moins contre ses excès, c’est-à-dire contre les mauvais poètes qui n’en continuaient que les défauts. […] Bons ou mauvais, ils ne doivent qu’à eux-mêmes d’être tels.

713. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, en seront exterminés… Camille ajoute, il est vrai, aussitôt après : « Mais détournons nos regards de ces horreurs. » Il les en détourne néanmoins si peu, que, dans une note de sa brochure, il s’arrête avec complaisance sur l’exécution sommaire des malheureux de Launay, Flesselles, Foulon et Berthier : « Quelle leçon pour leurs pareils, s’écrie-t-il, que l’intendant de Paris rencontrant au bout d’un manche à balai la tête de son beau-père ; et, une heure après, que sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête, au bout d’une pique !  […] Dès l’abord, à l’occasion du décret dit du marc d’argent, qui posait certaines conditions de cens à l’éligibilité, Camille déclare que ce décret constitue la France en gouvernement aristocratique, « et que c’est la plus grande victoire que les mauvais citoyens aient remportée à l’Assemblée : pour faire sentir, ajoute-t-il, toute l’absurdité de ce décret, il suffit de dire que Jean-Jacques Rousseau, Corneille, Mably, n’auraient pas été éligibles ». […] Ils haïssent l’Ancien Régime, non parce qu’il était mauvais, mais parce que c’était un régime ».

714. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Ici, en dégageant les relations de Mirabeau avec La Fayette de tout ce qui est secondaire et trop personnel et de quelques mauvaises paroles, en ne les prenant que dans leur ensemble et leur but, et dans leur véritable esprit, il nous est impossible, et nous croyons qu’il sera impossible à tout lecteur impartial, de ne pas arriver à un résultat des plus fâcheux pour l’illustre général et pour sa renommée historique définitive. […] Il s’en tirait, comme il fit toujours, avec des mots, des compliments, des demi-partis, éludant les difficultés avec une grande habileté de détail, les ajournant, ne les prévenant et ne les embrassant jamais ; « n’ayant pas la force de composer un bon ministère, ni le courage d’en former un trop mauvais ; également incapable de manquer de foi et de tenir parole à temps » ; plus amoureux de louange que de pouvoir réel et d’action ; ménager avant tout de sa gloire et de sa vertu, soigneux de sa chasteté. […] Il est certain que le moment est arrivé de se décider entre un rôle actif et un rôle passif ; car celui-ci, tout mauvais que je le crois, l’est moins à mes yeux que cette intercadence d’essais et de résignation, de demi-volonté et d’abattement, qui éveille les méfiances, enracine les usurpations, et flotte d’inconséquences en inconséquences.

715. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il n’avait acquis ni l’aigreur des uns, ni la morgue tranchante des autres ; avec de la pétulance et même de l’irascibilité, il ne nourrissait aucune mauvaise passion. […] On y saisit à l’origine une nature prompte, facile, assez riche et très malléable, une nature très naturelle si je puis dire, ouverte, franche, assez fière sans orgueil, sans fiel et sans aucun mauvais levain. […] On a pu dire que si Marmontel, quand il est bon, mène à Ducis, quand il est mauvais il va à Bouilly.

716. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Beaumarchais est le littérateur qui s’est avisé de plus de choses modernes, bonnes ou mauvaises, mais industrieuses à coup sûr et neuves. […] Sur quoi il courut une épigramme qui se terminait par ces mauvais vers : Il paye du lait aux enfants. […] Il fut décidé que Beaumarchais serait immédiatement arrêté et conduit, non à la Bastille (c’eût été trop noble pour lui), mais dans une maison de correction, à Saint-Lazare, où l’on mettait, non pas encore les filles, mais les mauvais prêtres scandaleux, les fils de famille libertins et consorts.

717. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mme de Sévigné, qui, en revenant de Provence de chez Mme de Grignan, visitait Cosnac dans son évêché de Valence où il était avant de devenir archevêque d’Aix, écrivait à sa fille, le 6 octobre 1673 : « M. de Valence (Cosnac) m’a envoyé son carrosse avec Montreuil et Le Clair, pour me laisser plus de liberté : j’ai été droit chez le prélat ; il a bien de l’esprit ; nous avons causé une heure ; ses malheurs et votre mérite ont fait les deux principaux points de la conversation. » Ses malheurs ; — en effet, Cosnac, qui n’avait guère que quarante-trois ans à l’époque où Mme de Sévigné en parlait de la sorte, et qui était évêque depuis l’âge de vingt-quatre ans, avait eu jusque-là une vie très active, très intrigante (comme il le dit lui-même, en ne prenant pas le mot en mauvaise part), et très bigarrée. […] Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas, et de leur donner mille écus de mon argent, plutôt que de leur manquer de parole. […] Mon zèle me fit, dans ces commencements, regarder cette occupation avec dépit, et comme un mauvais présage de ce qui arriverait dans la suite ; et je fis réflexion qu’on avait bien raison de dire qu’il était presque impossible de changer la nature, quand elle avait une fois pris sa pente.

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