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324. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Croyez-vous que dans toutes ces chaumières il y eût un seul morceau de peinture bonne ou mauvaise ? […] Cette influence peut devenir imperceptible ; mais elle n’en est pas moins réelle : Combien de règles et de productions qui ne doivent notre aveu qu’à notre paresse, notre inexpérience, notre ignorance et nos mauvais yeux !

325. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Ces farces, dont le sujet éternel est le train de vie de gens de mauvaises moeurs et d’un certain étage, sont autant contre les regles que contre la bienséance. […] On se lasse de la mauvaise compagnie sur le théatre comme on s’en lasse dans le monde, et l’on dit des poëtes de pareilles pieces, ce que Despreaux dit du satirique Regnier.

326. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Ceux qui enseignent l’art de la scéne, dit-il, dans un autre endroit du même chapitre, trouvent que le geste qu’on fait de la tête seule est un mauvais geste. […] Nous nous représentons les choeurs de la comédie composez des gagistes et des plus mauvais acteurs, qui joüent très-mal un rolle auquel ils ne sont point accoutumez.

327. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Quand un roman, qui vous arrachait des larmes à vingt ans, ne vous fait plus que sourire, ne vous pressez pas de conclure qu’il est mauvais et que c’est à vingt ans, que vous vous trompiez. […] On le continue, parce qu’on ne s’en rappelle pas le dénouement et qu’on veut le connaître ; mais on est sûr que l’impression finalement ne sera pas agréable, et l’on s’en veut de céder à la curiosité, ce qui fait paraître le livre plus mauvais qu’il n’est réellement.

328. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Ils s’informent plutôt du talent d’un écrivain que de ses façons de voir ; et, qu’un ouvrage soit bon ou mauvais, peu leur importe sur quelles idées il est assis, dans quel esprit il a germé. […] Loin de lui être de bons et fidèles boucliers, elles lui ont joué le mauvais tour de ces costumes étranges qui, signalant dans la bataille le soldat qui les porte, lui attirent tous les coups et ne sont à l’épreuve d’aucun. […] Le grotesque, évité comme mauvaise compagnie par la tragédie de Louis XIV, ne peut passer tranquille devant celle-ci. […] L’histoire à ses yeux est de mauvais ton et de mauvais goût. […] Si son drame est mauvais, que sert de le soutenir ?

329. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Nos mœurs, sauf exception, sont mauvaises, j’en conviens, mais elles ne sont meilleures nulle part et ne l’ont jamais été en aucun temps. […] Ces mauvaises mœurs, dont nous nous plaignons, proviennent plutôt d’une fausse organisation sociale, d’un classement factice que des vices de l’humanité. […] M’est avis qu’ils cherchent une mauvaise querelle à l’auteur. D’autant plus mauvaise qu’ils ont été ses laudateurs et ses thuriféraires de la première heure, en conséquence ses complices. […] N’a-t-on pas écrit à Victor Hugo : « Monsieur, vous êtes le dernier poète ; on vous pardonne d’avoir été un lyrique, en raison de votre réel talent que vous avez employé à une mauvaise cause.

330. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Rousseau écrivit, mal éveillé, le Contrat social, capable de donner le fanatisme de l’absurde à toute la bourgeoisie lettrée de la France, jusqu’à ce que la rage de l’impossible, le delirium tremens de la nation, s’emparât du peuple et lui fît commettre des crimes, des meurtres et des suicides, qui remontent, comme l’effet à la cause, à de mauvais raisonnements. […] III Relisons à tête reposée ce merveilleux livre, merveilleux d’utopie comme de saines inspirations ; laissons en pâture aux échenilleurs de mots et de formes les impropriétés de termes, les exagérations de phrases, les mauvais jeux d’esprit, les impuretés de langue, les fautes lourdes et même les saletés de goût, flatterie indigne du génie élevé d’un grand poète, cynisme de la démagogie, cette plèbe du langage, qui l’abaisse pour qu’il soit à son niveau, et qui le souille pour l’approprier à ses vices. […] Relisons-le surtout pour y rechercher ses sophismes involontaires sur l’ordre et le désordre social, pour lui faire comprendre comment ce qu’il imagine comme le remède serait l’empirisme de notre pauvre condition humaine ; comment la vie, à quelque classe que l’on appartienne, n’est pas et ne peut pas être un sourire éternel de l’âme entre la faim, le travail et la mort ; épreuve, oui, jouissance, non ; et comment ceux qui, comme nous, sont condamnés à vie à cet emprisonnement cellulaire sur ce globe pour en expier un plus mauvais ou pour en mériter un meilleur, seraient révoltés jusqu’à la frénésie si l’on parvenait à leur faire croire que, pour les uns, ce globe est un Éden, pour les autres, un enfer, et que tout mal vient du distributeur du mal et du bien ! […] La Restauration fut notre mère ; est-ce à nous de lui arracher son manteau après sa mort et de montrer sa nudité à ses ennemis pour leur donner la mauvaise joie de ses ridicules et de ses fous rires ? […] On la lui refuse ; il fait susciter, par un avoué complaisant de la ville voisine, un mauvais procès de dépossession aux pauvres gens, possesseurs de la chaumière, de quelques champs limitrophes et de quelques châtaigniers dont ils vivent.

331. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

La plus vulgaire des courtisanes se tirerait, en riant, de ce mauvais pas ; elle s’y embourbe, elle y patauge, elle perd la tête, le calme, le sang-froid : elle ne sait que balbutier de puériles excuses et retenir, dans sa main serrée, cette lettre fatale qui va la trahir. […] Il est d’une cruauté si polie, dans sa lutte avec la baronne, il mêle tant de finesses et de drôleries parisiennes à ses mauvais tours, il assaisonne, d’un si vif esprit, les amères déboires qu’il fait avaler, que ce duel d’homme à femme, cruel au fond, reste léger et presque gai à la surface. […] Si vous étiez désintéressé dans la question… mais êtes-vous sur de ne pas avoir obéi aux mauvais conseils de votre amour-propre blessé ? […] Ce n’est point la révolte d’un honnête homme indigné, c’est le dépit d’un amant évincé qu’accuse cette conduite ; et, lorsqu’entre autres reproches la baronne lui demande « s’il est sûr de ne point obéir aux mauvais conseils de l’amour-propre blessé », M. de Jalin ne peut que lui répondre : « Vous avez raison !  […] Olivier n’est, en fin de compte, qu’un M. de Ryons en taille-douce, avant la lettre, et la seconde épreuve met en plein relief le fond, mauvais et faux, de cette ressemblance.

332. (1894) Études littéraires : seizième siècle

À vrai dire, l’instruction peut aboutir à rendre plus mauvais un mauvais prince ; « car les mauvais empirent de beaucoup savoir, et les bons en amendent. […] Mauvaise hygiène morale. […] Il n’eût pas été un mauvais historien de la Révolution française. […] Le seizième siècle a de mauvais côtés ; il en a de très bons aussi. […] Le Diable qui tourmentait Saül est nommé esprit mauvais de dieu.

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