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1240. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Leur attente ne fut pas trompée ; le public accorda tant d’attention à ce mauvais drame que la troupe expia son triomphe. […] … Il n’est qu’une joie véritable en ce monde si mauvais, mais celle-là est sans pareille ; la joie de t’aimer, mon Dieu !  […] Ceux qui parlent cette langue, je pense qu’ils ne la comprennent point comme certains mauvais écrivains, qui n’arrivent pas à lire ce qu’eux-mêmes ont écrit. […] vite une mauvaise conseillère chez Soledad, qui, l’imprudente, donne rendez-vous à Manuel à la Rifa. […] Seulement Coligny ne me paraît pas placé en si mauvaise compagnie.

1241. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Gustave Vinot un mauvais service que de lui dire trop de bien de son livre. […] L’idée ne me semble pas mauvaise, après tout, et le vers est joli. […] Ce procédé en soi n’est ni bon ni mauvais ; cela dépend toujours de ce qu’on a à dire. […] Mérimée s’enferme dans l’ironie, mauvaise hygiène morale, mensonge de l’homme qui rit parce qu’il voudrait pleurer et se fait un masque d’airain pour cacher ses souffrances. […] « Un frère m’a reçu et commençait à m’expliquer de mauvaises peintures et d’ennuyeuses inscriptions. — Mais le tombeau du Tasse, lui disais-je toujours ?

1242. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Et on sautait toujours d’une lame à l’autre, et, à part la mer qui gardait encore sa mauvaise blancheur de bave et d’écume, tout devenait plus noir. […] Pour être juste, il lui a fallu prendre le bon et le mauvais de cette profession, que malheureusement, n’importe qui peut prendre sans l’avis d’un syndicat. […] — Oui… pendant que je fouillais les livres… Et alors… Elle ferma les yeux, secouant la tête pour en chasser une vision mauvaise. […] … Mais les plus raisonnables sermons sont d’autant plus mauvais qu’ils sont faits à ceux qui n’ont plus leur raison. […] Il se formera ainsi une race dure, pratique, calculatrice, positive à outrance dans le mauvais sens du mot.

1243. (1923) Nouvelles études et autres figures

D’ordinaire les mauvais sujets nous sont assez sympathiques dans la poésie. […] Que les mauvais juges renoncent à leur iniquité ; et que les paresseux se mettent au travail. […] Ils nous observent, ils nous surveillent, ils nous châtient ; car les hommes sont mauvais, et la race humaine est une race déchue. […] On voit à ce mot les mauvais gars qui donnent à poings fermés, en plein midi, au fond des granges, et qui cuvent dans le sommeil leurs louches exploits de la nuit. […] Il n’est pas mauvais de savoir qu’elles sortirent de la frappe d’un sectaire germanophile qui conduisait l’offensive des Allemands contre son pays.

1244. (1887) George Sand

Elle ébauchait, pendant ces mois tristes, à travers ses longues promenades, l’idée d’une espèce de roman qui ne devait jamais voir le jour et qu’elle écrivit sur la tablette d’une vieille armoire, dans l’ancien boudoir de sa grand’mère, près de ses enfants : « L’ayant lu, dit-elle avec candeur, je me convainquis qu’il ne valait rien, mais que j’en pouvais faire de moins mauvais », et comme elle était alors très préoccupée du choix du métier qui lui assurerait sa liberté à Paris, elle vint à penser qu’en somme il n’était pas plus mauvais que beaucoup d’autres qui, tant bien que mal, faisaient vivre. […] Ce qui est vrai dans ce roman, ce qui est bien observé et vraiment beau, c’est l’effet de ce faux et mauvais amour sur Amaury. […] La poésie est le talisman de Mme Sand ; dès qu’elle y touche, la sympathie renaît et les mauvais rêves avec l’ennui s’enfuient. […] « Une vierge sage calomniant sa pureté, éteignant sa lampe comme une vierge folle, pour rassurer la mauvaise et lâche conscience de celui qu’elle aime et qui la méconnaît ! […] Le jour, quand elle se porte bien, elle travaille à « son petit Trianon » ; elle brouette des cailloux, elle arrache de mauvaises herbes, elle plante du lierre ; elle s’éreinte dans un jardin de poupée, et cela la fait dormir, dit-elle, et manger on ne peut mieux.

1245. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Il est vrai que, si de bons et de mauvais génies doivent prendre la suite de l’action qu’il exerce sur la matière, ils paraîtront influencer déjà cette action elle-même. […] En faisant intervenir la « mauvaise chance », il eût manifesté mieux encore la parenté de cette intelligence spontanée avec la mentalité primitive. […] J’étais enfant, et j’avais de mauvaises dents. […] On parle ainsi d’un mauvais garnement, avec lequel on n’a pas nécessairement rompu toute relation. […] Ce n’était pas un être complet, quel qu’il fût, bon ou mauvais génie.

1246. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Et ce qu’il y a de particulier dans ces cauchemars, c’est toute cette humanité de rêve que j’y rencontre : ces visages de vieillards, d’hommes faits, d’enfants, si sournois, si impitoyablement gouailleurs, si méchamment fermés, ces visages diplomatiques, d’un machiavélisme que montrent seulement les plus mauvaises figures de la vraie humanité, et qui vous laissent la sensation d’une intimidation, douloureusement indéfinissable, — des figures que je voudrais décrire, le matin, si le rêve ne vous laissait pas des êtres qu’il fabrique, des impressions, si effacées, si délavées. […] Quoiqu’un peu battu de l’oiseau, par sa mauvaise soirée de vendredi, il croit à des pièces futures qui feront flamber d’enthousiasme la salle du Théâtre-Libre, et il espère toujours avoir prochainement cette salle qui lui permettra de jouer une centaine d’actes, par an, et faire jaillir des auteurs dramatiques, s’il y en a vraiment en herbe. […] Vendredi 26 octobre Il y a dans le demi-réveil du matin, au lendemain d’une mauvaise nouvelle, un moment anxieusement trouble, le moment où l’on se demande encore, un peu endormi, si la chose arrivée est véritablement vraie, ou si elle n’a pas été seulement rêvée… Ah ! […] Daudet sort, pour calmer son fils, qu’il entrevoit prêt à batailler, et revient bientôt avec une figure colère, et accompagné de Léon, disant, que son père avait une tête si mauvaise dans les corridors, qu’il a craint qu’il se fît une affaire, et je regarde, vraiment touché au fond du cœur, le père et le fils, se prêchant réciproquement la modération, — et tout aussi furieux, l’un que l’autre, en dedans. […] La pièce peut être mauvaise d’après vos théories littéraires, mais une pièce où les spectateurs sont près d’en venir aux mains, et où les spectatrices — du moins les spectatrices honnêtes — versent de vraies larmes, non, non, Monsieur, cette pièce n’est pas ennuyeuse.

1247. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Une pareille confusion des qualités diverses de chaque ouvrage cause la contradiction de tant de jugements portés au hasard et les doutes qui s’élèvent perpétuellement sur le bon et le mauvais. […] Le ridicule est mauvais sitôt qu’il raille ce qui est bon ; dès lors il cesse de corriger. […] c’était les ressemblances qu’on y voulait toujours trouver, et dont ses ennemis tâchaient malicieusement d’appuyer la pensée pour lui rendre de mauvais services auprès de certaines personnes à qui il n’a jamais pensé. […] La pureté du mariage est si peu l’objet des railleries de l’auteur comique, mais le travers d’esprit de la plupart des maris, qu’il n’en a pas représenté un seul qui ne fut bizarre, et digne du mauvais sort qu’il redoute. […] L’avarice rend mauvais maître ; Harpagon ne paie point ses valets, il les questionne et les met à la torture.

1248. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

je péris ici en bien mauvaise compagnie. » À ce cri échappé aux entrailles paternelles, l’employé reconnut l’auteur. […] Fatigués des mauvaises doctrines, éclairés par leurs tristes résultats, les esprits accueillirent avec intérêt celles qui les ramenaient aux lois immuables de l’ordre et du goût. […] Il profitait du droit qu’on lui laissait d’attaquer les doctrines du dix-huitième siècle, les mauvaises pensées et les mauvaises actions de la révolution ; mais il se montrait résolu à ne point l’acheter par le moindre grain d’encens brûlé sur l’autel de la fortune napoléonienne. […] Quand, les temps devenant plus mauvais encore, l’exercice du culte fut complétement interdit, M.  […] Ce n’était point de sa part, on peut le croire, calcul, mais illusion d’un hôte reconnaissant, plus frappé des bons que des mauvais côtés de la nature humaine, dans un pays où il est affectueusement reçu au sortir d’une patrie vivement regrettée ; car madame de Staël, on s’en souvient, soupirait en songeant au ruisseau de sa rue du Bac, même auprès des belles eaux du lac Léman, chantées par tant de poëtes.

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