Après cela on ne peut plus creuser, la terre manque. […] Excepté cela et l’analyse de Trialph, qui est Lassailly encore, ces Portraits après décès, où se rencontrent des fronts douloureux et presque égarés comme ceux de Gérard de Nerval et de Jean Journet, manquent de plaisanterie… Et si, comme en certains qui touchent à la caricature exquise, comme celui de M. de Jouy, — un petit chef-d’œuvre, — la bouche qui a tant aimé à rire s’y reprend encore, elle s’y reprend en deux fois, et je sens dans ce rire brisé, comme la corde d’un arc rompue, le commencement de l’amertume qui pourrait bien être le commencement de la sagesse… La caractéristique du talent de M. de Jouy par le carrick de l’Empire, ce carrick qui reparaît tous les cinquante ans, taillé d’une autre façon, mais absolument sur le dos du même homme, cette fatale et éternelle perruque qu’a tout front et qui fait, hélas !
La rime manque à sa poésie, et c’est la seule chose qui y manque, car sa prose a souvent le rythme du vers ; mais l’érudition, qui l’accompagne toujours, « est sa rime qui, comme l’autre, doit toujours obéir » !
Il n’aurait pas manqué sa vocation, il se serait manqué lui-même.
C’est une observation qui n’a pas été faite, que les gloires espagnoles manquent de la grande popularité historique, et lorsque l’exception a eu lieu, comme pour Charles-Quint, Philippe II et Fernand Cortez, c’est qu’ils s’épanchèrent par la puissance et par les armes et qu’ils furent plus Européens qu’Espagnols. […] Il n’est guère possible d’écrire plus lourdement et plus vulgairement que ces messieurs, — et c’est même à se demander si le docteur Hefele, qui a approuvé cette traduction sans noblesse et sans couleur, manque du sentiment de sa propre langue ou du sentiment de la nôtre ?
Fusilier militaire qui tire toujours juste quand il tire, comme sur son front de bandière, à hauteur d’homme, mais qui manque son coup et ne touche pas, quand il vise plus haut. […] IV Ses Mémoires, en effet, le contiennent en puissance, ce ministre manqué, malgré son titre, qui a été grand dans la petite réaction, et qui dans la grande n’eût pas été petit, — cela est sûr !
Ainsi, un Macbeth manqué et dépareillé, un Macbeth bourgeois, qui n’a jamais senti, comme l’autre, entre ses deux épaules, l’inflexible bras tendu de la vigoureuse femme qui le pousse à l’action, voilà le Louis-Philippe que Crétineau-Joly a entrevu, mais qui, s’il l’avait regardé plus longtemps, lui aurait expliqué ce piètre règne qu’on a appelé le règne du juste milieu pour en dissimuler, sous ce nom-là, les pusillanimités et les tristesses ! […] Prenez donc, si vous le voulez, tous les faits de la longue existence de Louis-Philippe et de son règne, vous retrouverez dans tous, présent, mais très visible, le Macbeth manqué qu’il avait en lui, et qui lui donnera dans l’Histoire cette physionomie ambiguë qui n’est pas assurément le courage et non pas certainement la lâcheté, mais qui n’en déshonore pas moins son homme ; car, au lieu d’une faiblesse, elle en cache deux !
Il ne veut pas manquer sa prêtrise. […] L’engluement éclectique n’a point manqué à M.
Les révolutionnaires intransigeants ne manqueront pas de dire : « Vous voyez bien que nous avons raison d’être intransigeants, puisque vous l’êtes, et qu’entre nous la bataille doit être éternelle ! […] Aussi les maquignons du royalisme ne manqueront pas de le nommer un absolutiste, aveugle au temps, et politiquement impossible !
Et même quand il les eut quittés, ils ne lui ont jamais manqué. […] Dans l’ordre intellectuel, il ne fut réellement rien de fort ni même d’assez charmant pour faire oublier son manque de force.