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184. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Celui d’Horace n’est ni un Poëme, ni un Traité complet des regles de la Poésie ; ce n’est qu’un Recueil de réflexions, une Epître sans plan, sans méthode, sans liaison. […] Il est conduit sur un plan général, qui comprend tous les objets divisés en quatre Chants ; chaque Chant a son plan particulier, & tout s’y trouve traité avec autant de méthode que de grace & de clarté. […] Finissons cet article, en déclarant encore à tous les Aristarques du nouveau Monde Littéraire, que, malgré leurs efforts, leurs Dissertations, leurs Sentences, leurs Satires, Despréaux n’en sera pas moins celui de tous nos Poëtes dont on a retenu & dont on citera toujours le plus de vers ; celui qui, le premier, a déployé les richesses de notre Langue, & qui l’a portée, par ses Ouvrages, au degré d’estime où elle est parvenue depuis ; celui qui a fait le plus régner le bon goût, & a le plus fortement attaqué le mauvais ; celui qui a su le mieux réunir l’exactitude de la méthode & la vivacité de l’imagination ; le sel de la bonne plaisanterie, & le respect dû à la Religion & aux mœurs ; l’art de lancer le ridicule, & celui de louer avec délicatesse ; le talent d’imiter, en paroissant original ; la distinction unique d’être tout à la fois Législateur & Modele ; &, pour tout dire enfin, il ajoutera à tous ces genres de gloire, ce qui donne le plus de droit aux hommages de la vertu, les qualités du cœur.

185. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Sa méthode d’exposition, si développée et si lumineuse, ne nous dérobe rien des erreurs et de leurs conséquences ; il en traite comme il avait fait précédemment pour les parties heureuses, et ne laisse rien dans l’ombre. Cette méthode est telle, par le détail des preuves, par la nature et l’abondance des documents, qu’elle permet au lecteur de se former une opinion propre, qui peut, sur certains points, différer de celle même de l’historien et la contredire, ou du moins la contrôler. […] En histoire, sa méthode rappellerait plutôt, chez les anciens, celle de Polybe ; guerre, administration, finances, il embrasse tout, il expose tout, comme il l’a étudié, avec précision, continuité, et sans lâcher prise jusqu’au dernier détail. Dans une histoire telle que celle qu’il traite aujourd’hui, où il est le premier à passer, et avec les incomparables matériaux qu’il a eus à sa disposition, on aurait dû, ce semble, lui souhaiter une telle méthode, s’il ne l’avait eue de lui-même. […] Thiers continue ici avec plus d’étendue l’application de cette même méthode.

186. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

S’étant procuré les Dits mémorables de Socrate par Xénophon, il y prit plaisir et s’appliqua à en reproduire la méthode ; il avoue que ce ne fut point sans en abuser quelquefois. […] » Cette méthode un peu scotique et sophistique, à laquelle Socrate lui-même ne me paraît pas avoir entièrement échappé, fut un des travers de jeunesse de Franklin ; il s’en guérit peu à peu, se bornant à garder volontiers dans l’expression de sa pensée la forme dubitative et à éviter l’apparence dogmatique. […] Et cette méthode, que je n’adoptai pas d’abord sans faire quelque violence à mon inclination naturelle, me devint à la longue aisée et si habituelle que, peut-être, depuis ces cinquante dernières années, personne n’a jamais entendu une expression dogmatique échapper de ma bouche. […] Il appliquera à l’examen de la chevalerie une méthode d’arithmétique morale qu’il aime à employer, et partant de ce principe « qu’un fils n’appartient qu’à moitié à la famille de son père, l’autre moitié appartenant à la famille de sa mère », il prouvera par chiffres qu’en neuf générations, à supposer une pureté de généalogie intacte, il ne reste dans la personne qui hérite du titre de chevalier que la cinq cent douzième partie du noble ou chevalier primitif. […] Il nous a exposé en détail sa méthode presque commerciale, son livret des treize vertus (tempérance, silence, ordre, résolution, économie, etc.), et le petit tableau synoptique sur lequel il pointait ses fautes chaque jour de la semaine, s’occupant chaque semaine plus spécialement d’une seule vertu, puis passant à une autre, de manière à en faire un cours complet en treize semaines, ce qui faisait juste quatre cours de vertu par an.

187. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

C’était un extrême que cette première méthode adoptée par le Journal des savants, le plus ancien des journaux littéraires, et qui consistait à donner un compte rendu pur et simple, une sorte de description du livre, très peu différente souvent d’une table des matières. Le but, pourtant, et l’utilité de cette méthode, à une époque où les communications étaient moins faciles, était de tenir les savants des divers pays au courant des écrits nouveaux, et de les leur offrir du moins par extraits fidèles et sûrs, en attendant qu’ils pussent se procurer l’ouvrage même. […] La méthode de Grimm est entre les deux et dans la juste mesure. […] S’il avait eu à s’expliquer sur la méthode historique qui y avait présidé, il aurait élevé quelques objections : Je n’aime pas, dit-il à propos de je ne sais quel livre de considérations politiques, je n’aime pas trop ces ébauches de théories politiques a priori, quoique l’autorité du président de Montesquieu, qui les affectionnait particulièrement, soit en leur faveur. Il me semble toujours que, si l’auteur qui procède par cette méthode n’avait pas connaissance des événements historiques a posteriori, les principes dont il prétend les déduire ne lui en feraient pas deviner un seul ; preuve évidente que ces principes sont faits à la main et après coup, qu’ils sont plus ingénieux que solides, et qu’ils ne sont pas les véritables ressorts du jeu qu’on leur attribue… En fait de politique, rien n’arrive deux fois de la même manière.

188. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Dans un temps où notre pays est infesté de tant de fausses doctrines mortelles aux vraies méthodes, et traversé d’un détestable esprit où les charlatanismes et les timidités se combinent, sachons au moins les noms de ceux qui forment l’élite scientifique et philosophique, qui marchent à l’avant-garde de la pensée et demeurent l’espoir de l’avenir. […] Pour accorder les deux ministres, je mis quelques places de l’état-major dans Négrepelisse, mais c’étaient des places mortes (des places qui n’étaient pas occupées), qui ne coûtèrent rien à la paroisse, et cette affaire n’eut point de suite », Le cas est petit, mais la méthode est trouvée. […] La méthode la plus douce était de convertir les gens avec promesse de pension du roi. […] Louvois, qui donna bientôt à plein collier dans cette méthode, trouva d’abord que le zèle de Foucault allait trop loin, et à la proposition que nous venons de voir faire à l’intendant, il répondit en ternes secs : A Fontainebleau, le 7 août 1681.

189. (1890) L’avenir de la science « XII »

Il devait préférer la méthode plus commode de la « science orientale, libre, isolée, volant plus qu’elle ne marche, présentant dans toute sa personne quelque chose d’aérien et de surnaturel, livrant au vent ses cheveux qui s’échappent d’une mitre orientale, son pied dédaigneux ne semblant toucher la terre que pour la quitter ». […] Les rares savants et penseurs, qui, à cette époque, ont cherché par la vraie méthode, alors inaperçus ou per-sécutés, sont à nos yeux sur le premier plan ; car seuls ils ont été continués ; seuls ils ont eu de la postérité. […] Exploration universelle, battue générale, telle est donc la seule méthode possible. « On doit considérer l’édifice des sciences, disait Cuvier, comme celui de la nature… Chaque fait a une place déterminée et qui ne peut être remplie que par lui seul. » Ce qui n’a pas de valeur en soi-même peut en avoir comme moyen nécessaire. […] Le XVIIIe siècle se résume pour nous en quelques pages exprimant ses tendances générales, son esprit, sa méthode ; tout cela est perdu dans des milliers de livres oubliés et criblés d’erreurs grossières.

190. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il ne faut pas s’exagérer la valeur de la méthode de Bacon ; c’est une intention de méthode[…] Sa méthode, ou plutôt la méthode, car il n’y en a qu’une, c’est le renouvellement des motifs. […] Bédier, une méthode de travail. […] Voilà aussi des méthodes de travail. […] Albalat, qui est la méthode professorale.

191. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

— Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle (1889). — I. Dire du Mieux : La Preuve égoïste (1890). — En méthode à l’œuvre (1891). — I.

192. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

À l’heure qu’il est, sa méthode étonne : « C’est lui qui chercha la pierre philosophale par la voie humide, — dit Dumas, très opposé à l’alchimie, en professeur qu’il est, — mais, en employant la distillation comme moyen, il a fixé l’attention sur les produits volatils de la décomposition des corps. » On en conviendra, quelle haute et quelle intéressante étude que celle de l’illuminisme, se produisant dans de tels cerveaux ! Nous nous étions laissé dire que Gérard de Nerval étudiait avec amour les sciences occultes et reprenait, pour savoir ce qu’elles contiennent encore, ces vieilles méthodes du Moyen Âge que Bacon et Descartes ont écrasées sous leur mépris de novateurs.

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