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702. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IV. Suite des précédents. — Julie d’Étange. Clémentine. »

Il endort la douleur, il fortifie la résolution chancelante, il prévient les rechutes, en combattant, dans une âme à peine guérie, le dangereux pouvoir des souvenirs : il nous environne de paix et de lumière ; il rétablit pour nous cette harmonie des choses célestes, que Pythagore entendait dans le silence de ses passions.

703. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Satan se repentant à la vue de la lumière qu’il hait, parce qu’elle lui rappelle combien il fut élevé au-dessus d’elle, souhaitant ensuite d’avoir été créé dans un rang inférieur, puis s’endurcissant dans le crime par orgueil, par honte, par méfiance même de son caractère ambitieux ; enfin, pour tout fruit de ses réflexions, et comme pour expier un moment de remords, se chargeant de l’empire du mal pendant toute une éternité : voilà, certes, si nous ne nous trompons, une des conceptions les plus sublimes et les plus pathétiques qui soient jamais sorties du cerveau d’un poète.

704. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

La lumière de la lanterne l’éclairait en plein, et je l’observai plus attentivement ; il avait la figure have et couverte de rides, des sourcils fauves, le regard inquiet, et tous ses membres étaient d’une maigreur effrayante… La petite fille s’étendit à ses pieds sur le plancher. […] La lumière se répand comme un torrent, et le cœur frémit comme un oiseau. […] Vous écartez le feuillage mouillé d’un buisson, et vous vous sentez inondé de la chaleur embaumée de la nuit qui s’y trouvait emprisonnée ; l’air est imprégné de la fraîche amertume de l’absinthe, du parfum mielleux que répandent le blé noir et le trèfle ; dans l’éloignement, un bois de chênes se dresse comme un mur qu’illumine la lumière empourprée du soleil ; il fait encore frais, mais on pressent déjà l’ardeur du jour. […] Vous y distinguez, par la fenêtre, une table couverte d’une nappe, une lumière ; c’est le souper qui attend. […] Ces alternatives se répètent souvent ; mais comme le temps devient serein et magnifique, lorsque la lumière, ayant triomphé définitivement dans cette lutte, les derniers flots du brouillard échauffé, tantôt se rapprochent et s’étendent comme une nappe, tantôt s’enroulent et s’évaporent dans les profondeurs lumineuses d’un ciel d’azur… Mais vous voici en route pour une partie éloignée de la steppe.

705. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Gabriel Sarrazin les dresse devant nous, en pleine lumière, comme des exemples. […] « Après ma mort, je ferai mon ascension dans les mondes, où et sous quelle forme, il n’importe : je monterai dans la lumière. […] Cette conclusion de l’œuvre est une trouvaille poétique de premier ordre, que traverse un sentiment sublime comme une lumière éblouissante de l’Infini. […] Bergson a mis en pleine lumière la fausseté de ce point de vue. […] Aussi est-ce chez eux qu’on trouverait le plus de lumière sur les problèmes qui nous occupent.

706. (1888) Portraits de maîtres

Depuis on l’a montrée dans sa pleine lumière, mais qui le premier a fait tomber le voile qui la cachait ? […] Elle comprend et elle applique le mot de Platon, le mot d’encouragement et de lumière : « il est beau de rendre bon ». […] Ce qu’a été Michelet dans son expansive nature, dans son œuvre de lumière et d’amour, nous avons essayé de le faire comprendre. […] Un enthousiasme sincère les possède ils trouvent des lumières soudaines au plus fort de la mêlée. […] Je conçois des séries futures ou inconnues de formes et d’êtres qui me dépasseront en force et en lumière, autant que je dépasse le premier né des anciens Océans.

707. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Cette dernière réflexion nous porte à nous féliciter des lumières nouvelles que le temps où nous vivons prête aux vrais philosophes pour étendre leurs connaissances. […] Le latin le rend plus brièvement que la traduction française : fiat lux est plus rapide et par conséquent préférable ; car il faut que l’idée jaillisse aussi promptement que la lumière même. […] Ce ne sera point moi qui jugerai si La Harpe eut autant de lumières que de zèle. […] Il y a loin de la découverte des effets que deux verres placés l’un devant l’autre ont sur la vue, à ceux des télescopes fabriqués après qu’on eut étudié les jeux physiques de la lumière. […] Les moindres observations, inscrites dans les préfaces des grands maîtres, valent souvent mieux que les long traités des argumentateurs ; et ces jets de lumière qui leur échappent sont précieux à recueillir.

708. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

se dit l’enfant nourri sous un ciel toujours serein, sur un sol ferme et sec, et au milieu des flots d’une lumière brillante, c’est ici le centre des arts et de la civilisation ! […] Les chapitres sur Marseille sont à la fois plein d’amour et de réflexion : on n’a jamais mieux rendu, ni d’un trait plus approprié, la beauté de ligne et de lumière de ce golfe de Marseille, cette végétation rare et pâle, si odorante de près, la silhouette et les échancrures des rivages, la Tour Saint-Jean qui les termine, « au couchant, enfin, la Méditerranée qui pousse dans les terres des lames argentées ; la Méditerranée avec les îles de Pomègue et de Ratoneau, avec le château d’If, avec ses flots tantôt calmes ou agités, éclatants ou sombres, et son horizon immense où l’œil revient et erre sans cesse en décrivant des arcs de cercle éternels. » L’histoire civile de Marseille, avec ses vicissitudes et ses revirements, s’y résume très à fond ; son génie s’y révèle à nu, raconté avec feu par le plus avisé de ses enfants. Marseille, qui se croyait encore royaliste, y est démontrée la cité la plus démocratique du Midi ; et, lui promettant dans un très-prochain avenir l’union de la richesse et des lumières, l’auteur finit le tableau d’un trait : « Il tient à son sol, à son sang, de tout faire vite, le bien comme le mal. » Mais je n’aurais pas tout dit de cet écrit presque oublié, et je croirais manquer à ce que la critique doit aux premiers essais de l’auteur qu’il étudie, si je n’indiquais, ou plutôt si je n’extrayais tout un tableau qu’on ne songerait pas à y chercher, et qui me semble la perfection même. […] Mais cette douce émotion passe comme un beau rêve, comme un bel air de musique, comme un bel effet de lumière, comme tout ce qui est bien, comme tout ce qui, nous touchant vivement, ne doit par cela même durer qu’un instant. » Certes de telles pages, négligemment jetées et venues comme d’elles-mêmes dans une brochure plutôt politique, attestent mieux que tout ce qu’on pourrait dire un coin de nature d’artiste bien mobile et bien franche (genuine), ouverte à toutes les impressions, et digne, à certains moments, de tout comprendre et de tout sentir. […] Le résultat même de ses études les plus habituelles, les plus antérieures, il le produit et le déroule volontiers sous une lumière légère et sur une surface sans ombre.

709. (1813) Réflexions sur le suicide

Poursuivez, Monseigneur, la carrière dans laquelle un si bel avenir Vous est offert, et Vous montrerez au monde ce qu’il avait désappris, c’est que les véritables lumières enseignent la morale, et que les héros vraiment magnanimes, loin de mépriser l’espèce humaine, ne se croient supérieurs aux autres hommes, que par les sacrifices mêmes qu’ils leur font. […] Les Allemands sont doués des qualités les plus excellentes et des lumières les plus étendues ; mais c’est par les livres que la plupart d’entre eux ont été formés, et il en résulte une habitude d’analyse et de sophisme, une certaine recherche de l’ingénieux qui nuit à la mâle décision de la conduite. […] Je me rappelai combien de fois nous avions admiré ensemble de certaines morts volontaires parmi les anciens, et je tombai dans des réflexions profondes comme si les lumières du Christianisme s’étaient tout à coup éteintes en moi, et que je fusse livrée à cette indécision, dont l’homme même dans les plus simples occurrences a tant de peine à se tirer. […] Le docteur Feckenham voulut entrer dans des controverses que je repoussai en lui observant que mes lumières étant nécessairement obscurcies par la situation dans laquelle je me trouvais ; je n’irais pas, moi mourante, remettre en discussion les vérités dont j’avais été convaincue lorsque mon esprit était dans toute sa force. […] Les lumières de la raison sont bien vacillante dans des questions si hautes, et je m’en tiens au dogme du sacrifice, c’est celui-là dont je ne puis douter. 

710. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

I Lorsqu’une civilisation nouvelle amène un art nouveau à la lumière, il y a dix hommes de talent qui expriment à demi l’idée publique autour d’un ou deux hommes de génie qui l’expriment tout à fait : Guilhem de Castro, Pérès de Montalvan, Tirso de Molina, Ruiz de Alarcon, Augustin Moreto, autour de Calderon et de Lope ; Crayer, Van Oost, Romboust, Van Thulden, Van Dyck, Honthorst, autour de Rubens ; Ford, Marlowe, Massinger, Webster, Beaumont, Fletcher, autour de Shakspeare et de Ben Jonson. […] L’or étincelle, les pierreries chatoient, la pourpre emprisonne de ses plis opulents les reflets des lustres, la lumière rejaillit sur la soie froissée, des torsades de diamants s’enroulent, en jetant des flammes, sur le sein nu des dames ; les colliers de perles s’étalent par étages sur les robes de brocard couturées d’argent ; les broderies d’or, entrelaçant leurs capricieuses arabesques, dessinent sur les habits des fleurs, des fruits, des figures, et mettent un tableau dans un tableau. […] Les rangées de masques défilent, entrelaçant leurs groupes ; « les uns, vêtus d’orangé fauve et d’argent, les autres de vert de mer et d’argent, les justaucorps blancs brodés d’or, tous les habits et les joyaux si extraordinairement riches, que le trône semble une mine de lumière. » Voilà les opéras qu’il compose chaque année, presque jusqu’au bout de sa vie, véritables fêtes des yeux, pareilles aux processions du Titien. […] Là vivait Éarine que le fleuve vient d’engloutir, et que son amant en délire ne veut pas cesser de pleurer, « Éarine, qui reçut son être et son nom avec les premières pousses et les boutons du printemps, Éarine, née avec la primevère, avec la violette, avec les premières roses fleuries ; quand Cupidon souriait, quand Vénus amenait les Grâces à leurs danses, et que toutes les fleurs et toutes les herbes parfumées s’élançaient du giron de la nature, promettant de ne durer que tant qu’Éarine vivrait… À présent, aussi chaste que son nom, Éarine est morte vierge, et sa chère âme voltige dans l’air au-dessus de nous171. » Au-dessus du pauvre vieux paralytique, la poésie flotte encore comme un nuage de lumière. […] Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.

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