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331. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Des ombres aux tons violets de plombagine, des lumières d’argent. […] Au-dessus de Meudon, un haut de ciel, auréolé de grands rayons blancs, semblable à ces effets de lumière électrique, avec lesquels Gudin aime à éclairer l’orage de ses mers. […] En la rue de Tournon, toute obscurée, un trou de lumière sous un auvent, où pendent des choux-fleurs et des paquets d’aulx. […] Ainsi déambulant, un peu de lumière me fait tomber en arrêt sur une affiche rose, où le moi sempiternel de Legouvé se promet au public dans une matinée littéraire. […] » Un autre : « C’est une expérience de lumière à Montmartre ! 

332. (1940) Quatre études pp. -154

Elle gisait sur sa chaise longue, sur son lit ; si maladive et si frêle, qu’elle ne pouvait sortir, qu’elle se dérobait au vent, à l’air, au soleil ; elle ne voyait même plus la lumière du jour. […] Il répond à tous les messages de l’immense nature ; il entend ses mélodies ailées ; il vit avec la terre, avec la lumière, avec l’éther, père de toutes choses. […] Mais quelle lumière me frappe ? […] Le sage Locke, paisiblement, invite ses disciples à la contemplation de la chambre obscure où pénètrent de faibles et vacillantes lumières, les seules que nous puissions enregistrer. […] Un acheminement à la psychologie du sentiment par la philosophie des lumières.

333. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Le poëme de M. de Lamartine nous rendait la pure lumière du ciel d’Italie ; mais les autres points plus solides de la réalité, tout ce qui était marbre, figures peintes ou hommes vivants, nous ne l’avions pas. […] Ne l’oublions pas : si l’Italie a pour elle sa beauté, le don inné des arts et le génie impérissable de sa race, nous ne sommes pas déshérités non plus, nous avons l’action, le foyer ardent et les lumières.

334. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

On a dit que les conquêtes légitimes étaient celles des peuples parvenus à la civilisation sur les peuples encore barbares qu’ils font participer à leurs lumières et à leurs progrès. […] Toute cette tradition comique, qui semblait ne rien produire que d’éphémère, ne fut ainsi ni inutile ni perdue ; et Molière, en la faisant contribuer à son œuvre, fit rejaillir sur elle un peu de l’éclatante lumière dont celle-ci est éclairée.

335. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

C’est de lui seul que peut venir la lumière. […] Car la psychologie expérimentale, dont il a été le principal initiateur en France, repose précisément sur cet axiome que la conscience n’est pas une réalité aussi simple et aussi facile à connaître que le supposait l’école introspectionniste ; qu’elle ne se réduit pas à un petit groupe d’idées claires et d’états distincts dont la formule est facile à trouver ; mais qu’elle a, au contraire, des dessous profonds et obscurs et où, pourtant, il n’est pas impossible de faire progressivement descendre la lumière de la raison.

336. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Car son regard, ainsi qu’un voile de lumière Sur ses yeux, fait ployer et frémir ma paupière ; Car l’auréole flambe à son front innocent ; Car elle m’apparaît, toujours transfigurée ; Car elle est moins aimée encore qu’adorée, Et je voudrais pouvoir l’empourprer de mon sang ! […] Le poète, amoureux pendant si longtemps de la couleur, de la ligne et des mille nuances de la lumière, qui voulait peindre, comme Titien, la chair d’opale de sa maîtresse et ses … cheveux dont l’or blême frisonne Et se poudre d’argent sous les rais du soleil… cesse tout à coup, dans le dernier livre de ses sonnets de jouer cette gageure enragée qu’exprimait Shakespeare quand il parlait de dorer l’or et de blanchir les lys, et le voilà qui n’a plus souci que de la seule qualité d’expression que Dieu ait permise aux poètes !

337. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

L’Empire, qui, plus qu’aucune époque de l’Histoire, eut cette gloire du sang généreusement versé, qui est la grande gloire, est mieux cependant qu’un fumant panorama de batailles : c’est tout un monde émergeant du chaos et prenant possession de la lumière ! […] la Critique, qui reconnaît en lui de pareils dons et qui voudrait que l’homme qui les a en tirât parti davantage, comme une femme tire parti de sa beauté quand elle en a l’intelligence, la Critique, sympathique et pourtant sincère, n’a-t-elle pas le droit de regretter que l’incohérence des images, trop habituelle, vienne si souvent jeter son ombre heurtée sur des qualités faites pour être vues dans la lumière, et qui produiraient certainement l’effet imposant qu’on devrait en attendre si le poète savait les y placer et les y retenir ?

338. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

ou bien un philosophe qui était tout à la fois physicien, géomètre, naturaliste, politique, dialecticien, qui avait porté l’analyse dans toutes les opérations de l’esprit, assigné l’origine et la marche de nos idées, cherché dans les passions humaines toutes les règles de l’éloquence et du goût, et en qui le concours et l’union de toutes ces connaissances devaient former un esprit vaste et une imagination qui agrandissait tous les arts en réfléchissant leur lumière les uns sur les autres, ne devait-il pas en effet avoir moins d’estime pour un orateur qui avait plus d’harmonie que d’idées, et pour un maître d’éloquence qui savait mieux les règles de l’art, que l’origine et le fondement des arts même et des règles ? […] Au reste, cet éloge, comme on s’en doute bien, porte le caractère de l’âge où il fut composé ; c’est l’abandon de l’âme dans un songe tranquille ; on voit se succéder lentement et doucement les mouvements de l’orateur ; on voit les impressions arriver jusqu’à lui par des secousses insensibles, et ses idées ressemblent à ces lumières affaiblies et pâles qui se réfléchissent de loin, et conservent de la clarté sans chaleur.

339. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Un cataclysme pourrait seul substituer les ténèbres à la lumière et obliger la science à recommencer son œuvre. […] Ce n’est qu’un mot quelquefois qui, sous la plume du spirituel commentateur, s’étend, s’éclaircit, et jette tout à coup une vive lumière. […] Je ne sais rien qui mette en si haute lumière l’excellence de l’histoire en fait d’art. […] Une bouffée d’air pur et un gai rayon de lumière entre dans ces taudis sombres faits pour loger des hiboux plutôt que des hommes. […] La lumière rentre dans la maison.

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