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421. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Un orage a, la veille, rafraîchi la température ; le temps est admirable ; on retrouve l’enchantement de ce théâtre en plein parc, à mi-côte de la colline, et des longs entractes avec les promenades dans la campagne ou les péripéties du dîner dans la « restauration » du théâtre … A 4 heures, on entre ; la salle est maintenant éclairée, à mi-hauteur des colonnes, par des lampes électriques qui s’éteignent complètement pendant la représentation, et, en haut des colonnes, par le gaz qui est ensuite aux trois quarts baissé. […] Le premier acte, c’est l’instant décisif où, après de longues luttes, de longs mensonges, apparaît enfin la passion victorieuse ; puis c’est comme l’épanouissement du nouvel amour, la scène où Isolde frémissante attend Tristan, la scène où Tristan et Isolde, unis, cherchent vainement l’apaisement de leur insatiable désir, et la scène où, en présence de Marke et de ses gens, les deux amants, oublieux de Marke et des hommes et du monde, se donnent enfin, au dernier instant, le baiser par lequel ils entrevoient la suprême délice de leur libération ; enfin, le troisième acte, dans ce paysage de mer et de plage dont les bruissements s’enroulent autour de leurs âmes, la mort au monde et la transfiguration des amants ; la mort au monde, le déchirement de l’heure dernière, la torture des dernières humaines souffrances, et l’entrée à l’apaisement infini, — à la consolation de ceux qui ont gémi. […] Primitivement, nous ne devions voir Parsifal qu’errer par le monde ; aujourd’hui, ce long épisode de sa vie, qui remplit les vieux poèmes, est réduit à une simple mention, dans ce seul vers : « Je suivis les sentiers de l’erreur et des souffrances … » Dans le Ring et dans Tristan (que le maître considérait comme un acte du Ring) Wagner avait créé l’image de la vie-réelle, du « monde qui n’est que misère » : dans Parsifal, — où il a expressément, tenu à établir un strict parallélisme avec le Ring — il a « bâti le monde saint d’une meilleure vie »au. […] Dans la première semaine d’août, la première représentation de l’œuvre entière doit avoir lieu de la façon suivante : Dimanche : à 7 heures du soir, le rheingold ; Lundi : à 4 heures, premier acte de la Walküre, à 6 heures deuxième, à 8 heures troisième ; (de longs entractes offriront un repos au public dans les environs du théâtre, et aux artistes dans des locaux arrangés près de leurs loges).

422. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Après une longue et terrible lutte, ces deux buts furent atteints. […] Il a rendu fréquemment Virgile et Milton par des périphrases très-élégantes et très-harmonieuses, mais beaucoup plus longues que l’original. […] Après une route longue et pénible, elle arrive dans une cabane ; la fatigue l’accable, la soif la dévore ; un paysan, touché de compassion, lui présente un peu de lait : au moment où elle le porte à ses lèvres, un enfant, qui l’a regardée pendant quelques instants avec attention, lui arrache la coupe, et s’écrie : C’est la sorcière d’Orléans. […] J’ai retranché, par exemple, une assez longue scène entre les généraux, après un festin durant lequel Tersky leur a fait signer l’engagement de rester fidèles à Wallstein, contre la volonté même de la cour. […] Les retranchements dont je viens de parler, une foule d’autres dont l’indication serait trop longue, plusieurs additions qui m’ont semblé nécessaires, font que l’ouvrage que je présente au public n’est nullement une traduction.

423. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Quoi qu’il en soit, venons aux Romans proprement dits, à ceux qui, dans une narration plus ou moins longue, embrassent la peinture des passions & des foiblesses humaines, développent les replis du cœur, épient ses moindres mouvements, deviennent la peinture des pensées encore plus que celle des actions, & rapprochent beaucoup mieux que l’histoire même le héros de son lecteur. […] On trouvera, sans doute, aussi l’ouvrage un peu trop long ; mais il faut avouer que de tous les longs Romans, c’est celui dont l’étendue se fait le moins appercevoir. […] Elle écrit, ayant la mort dans le sein, une lettre fort longue à S. […] De longues dissertations viennent trop fréquemment intercepter l’intérêt.

424. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Sur la brouette un sommier élastique, en travers, de chaque côté, un accumulis de chaises, et au milieu, tout de son long innocemment étalée sur une couverture piquée, une petite fille déjà grandelette, la robe relevée au-dessus de ses longs bas, où il y a des jambes de biche, — dormant fatiguée et sereine, la bouche aux petits dents blanches, ouverte dans un sourire. […] On voit des jeunes filles, d’une main maigrelette, soulevant avec de jolies maladresses une longue lunette d’approche, tandis qu’elles se bouchent enfantinement un œil, de l’autre main. […] Et un voyou, qu’on dirait avoir posé pour Gavarni, dans une planche de Vireloque, ferme la marche, brandissant au bout de son bras, levé en l’air, un long chat noir fraîchement écorché. […] Elle porte une robe de laine noire à longue queue, dont la taille est sous les seins, avec une pèlerine à la ruche qui lui remonte sur les épaules. […] Au bord du lac, près de ce bord si couru, se promène seul, un long prêtre maigre, lisant son bréviaire.

425. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Pour Naudé qui débute vers 1623, et qui s’en va passer hors de France de longues années, Malherbe ni Balzac ne sont guère jamais venus. […] Son voyage d’Italie et le long séjour qu’il y fît achevèrent vite de l’aiguiser et de lui donner toute sa finesse morale. […] Mais, à travers ses relations resserrées avec ses amis de France, Naudé, tout occupé de former la bibliothèque du cardinal Mazarin, s’absentait encore pour de longs et nombreux voyages en Flandre, en Suisse, en Italie de nouveau, en Allemagne, rapportant de chaque tournée des milliers de volumes et des voitures tout entières. […] Il avait de longue main, dans ses Rose-Croix, compté sur la badauderie des Français ; dans ses Coups d’État, s’il nous en souvient (chap. iv), il avait peint la populace en traits énergiques et méprisants, que l’émeute présente semblait faite exprès pour vérifier. […] A un endroit, par exemple, il énumère au long les académies d’Italie ; rien de plus intéressant pour les esprits académiques ; on croirait, à la complaisance du détail, que Naudé admire, qu’il se prend ; pas du tout.

426. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Leur cœur leur prédisait que cette longue séparation devait leur causer de grands chagrins. […] Il était large d’épaules ; ses cheveux étaient mêlés d’une teinte grise ; ses jambes étaient longues, son visage effrayant, sa démarche imposante. […] Volkêr le rapide plaça près de lui sur le banc un archet puissant, long et fort, tout semblable à un glaive large et acéré. […] Les étrangers se défendirent, ainsi qu’il convient à de bons héros, pendant tout un long jour d’été contre les hommes d’Etzel. […] Cependant Dietrîch rendit des coups bien dirigés, jusqu’à ce qu’enfin il vainquit Hagene, en lui faisant une blessure longue et profonde.

427. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

le fragment qu’il a fait imprimer est le résultat de longues années assidues ; encore M.  […] Le chant si miséricordieusement éloquent de celle qui réussit à infondre la clémence aux âmes courroucées de ces rudes chevaliers, est fort long et écrit d’une manière qu’on ne saurait caractériser autrement qu’en disant qu’elle se rapproche du style sacré. […] Les longues tenues d’instruments à vent, assombries par les gémissemens étouffés de la clarinette basse, rendent sensible sa mortelle défaillance. […] Un long séjour dans les casemates universitaires a développé chez moi, jusque l’hallucination, le sens de la prosopopée. […] Il s’agit de ce qu’on appelle « le récit de Rome », très long monologue d’Heinrich (Tannhäuser), au troisième acte.

428. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

À ma demande, s’il travaille, il hésite d’abord, puis me dit que oui, qu’il travaille au lit, les longues heures qu’il ne dort pas, ajoutant bientôt que malheureusement, le matin, les mots à couleur, les sonorités qu’il a trouvées, — ce sont ses expressions, — c’est délavé, éteint. […] Et j’ai fait mon premier discours qui n’a pas été long : « Je bois au premier peintre du mur parisien, à l’inventeur de l’art dans l’affiche. » L’homme, il faut le dire, est tout à fait charmant. […] Et l’on faisait la remarque, qu’à l’heure présente, il pouvait y avoir encore des ivrognes, mais pas excentriques comme ceux-là : conversation pendant laquelle, on entend la voix de Drumont répéter à de longs intervalles : « Oui, oui, des marguilliers de paroisses qui sont pour les Rothschild !  […] Un jour qu’il s’était rencontré avec Gavarret, et qu’il s’était montré très causant, très charmant, quand il fut sorti, après un long silence, Royer-Collard s’écriait : « Un homme fatal cependant, l’homme qui sort d’ici, le premier ministre qui a acheté un député français à beaux deniers comptants !  […] Puis après moi, un discours plein de tact du maire, et après le maire, un discours d’un académicien de l’Académie de Rouen, à peu près vingt-cinq fois plus long que le mien, et contenant tous les clichés, tous les lieux communs, toutes les expressions démodées, toutes les homaiseries imaginables : un discours qui le fera battre par Flaubert, le jour de la résurrection.

429. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Une poche de cuivre étamé, au long manche de fer, leur servait de coupe ou de verre ; elles y trempaient leurs lèvres comme des agneaux dans le courant limpide du lavoir. […] C’était à l’extrémité d’une longue avenue de charmilles ; elle commence au bout du parterre et elle conduit jusqu’à la profondeur sombre des bois. Il y avait là, et sans doute il existe encore (car les arbres ont de bien plus longues destinées que ceux qui empruntent tour à tour leur ombre), il y avait là, au bas d’une pente veloutée de fougères, un hêtre immense dont les feuilles, portées en tous sens par une charpente vivante de branches et de rameaux, couvraient d’une demi-nuit un arpent d’ombre transparente. […] Nous fûmes donc agréablement surpris quand elle ouvrit tout à coup le mystérieux volume, et quand elle nous dit, avec un sourire de bonne promesse : « Je vais vous lire aujourd’hui, et bien des jours de suite, une longue et belle histoire, la plus longue et la plus belle que je connaisse après les histoires de la Bible. […] Ulysse raconte sur lui-même au berger une longue histoire imaginaire.

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