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1017. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Ce livre est moins, malgré son titre, le comte de Fersen et la Cour de France 27, que l’Europe et la vieille société européenne, mourant de ce xviiie  siècle qui l’avait corrompue. […] Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits. […] … Fersen, jusqu’à cette heure, n’avait, dans l’histoire, qu’une place mystérieusement éclairée d’un jour faux, et c’est sur cette place que ce livre va verser un jour vrai… Il a été recueilli par un homme du noble sang de Fersen et fier de son lignage ; et certainement, et avant tout, cet homme aura pensé à ce qui fait l’honneur de son illustre parent, à ce dévouement qu’il montra au Roi et à la Reine de France, abandonnés, captifs, et finalement traînés à l’échafaud par leur peuple ! […] Il était, comme le portrait de ce livre l’atteste, jeune et beau, — d’une beauté presque féminine, et quoiqu’il soit mort vieux, avec des cheveux blancs, souillés et ensanglantés comme ceux de Priam, l’Imagination s’obstine à ne voir sa tête que jeune et charmante, telle qu’elle était du temps de cette Reine à laquelle il s’était dévoué, et comme si un dévouement pareil au sien ne pouvait appartenir qu’à l’enthousiasme de la jeunesse ! […] Car ce fut inutile, et c’est l’inutilité de ce dévouement dont ce livre est la triste histoire désespérée.

1018. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Dans ce livre sur Abailard, il est vrai, ce n’est pas sur le philosophe rigoureusement dit qu’on ramène l’intérêt et la lumière, mais qu’importe ! […] C’est là le fond du livre, que cette traduction et que cette préface. […] Mais, quoique M. et Madame Guizot appartiennent par plus d’un endroit aux doctrines qui sont sorties de l’insurrection spirituelle qu’Abailard commençait au Moyen Âge, si réellement la Philosophie ne s’était pas glissée dans cette publication et n’avait pas projeté d’imprimer la marque de son ergot dans ce livre de moralité sensible, si vraiment on n’avait pensé qu’à peindre et à juger une passion qui a jeté des cris et laissé son sang dans l’Histoire, on n’eût pas troublé l’unité de la compilation qu’on édite par l’insertion de documents étrangers au but d’étude morale qu’on voulait atteindre. […] Après l’avoir lu, personne ne contestera que ce livre ne soit une espèce d’apothéose du double sentiment d’Héloïse et d’Abailard. […] … » Franchement, l’homme qui a écrit de ce style-là, sans le changer ou le modifier jamais dans tout son livre, est trop fort dans la déclamation pour trouver qu’Héloïse puisse être jamais déclamatoire et pour juger de la sincérité de quoi que ce soit dans l’expression des idées ou des sentiments.

1019. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Dans ce nouveau livre sur Abailard, il est vrai, ce n’est pas sur le philosophe, rigoureusement dit, qu’on ramène l’intérêt et la lumière, mais qu’importe ! […] C’est là le fond du livre que cette traduction et que cette préface. […] Mais quoique M. et Mme Guizot appartiennent par plus d’un endroit aux doctrines qui sont sorties de l’insurrection spirituelle qu’Abailard commençait au Moyen Âge, si réellement la Philosophie ne s’était pas glissée dans la publication présente et n’avait pas projeté d’imprimer la marque de son ergot dans ce livre de moralité sensible, si vraiment on n’avait pensé qu’à peindre et à juger une passion qui a jeté des cris et laissé son sang dans l’histoire, on n’eût pas troublé l’unité de la compilation qu’on édite par l’insertion de documents, étrangers au but d’étude morale qu’on voulait atteindre. […] Après l’avoir lu, personne ne contestera que ce livre ne soit une espèce d’apothéose du double sentiment d’Héloïse et d’Abailard. […] … Franchement, l’homme qui a écrit de ce style-là, sans le changer ou le modifier jamais dans tout son livre, est trop fort dans la déclamation pour trouver qu’Héloïse puisse être jamais déclamatoire, et pour juger de la sincérité de quoi que ce soit dans l’expression des idées ou des sentiments.

1020. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Étudier la Bohême sur cet homme, ses livres et ses procédés, c’est donc étudier la maladie sur le plus puissant organisme qu’elle ait ruiné en quelques jours. […] Tels qu’ils sont, violemment manqués, mais portant la trace à toute page d’une force inouïe, les livres que la traduction de M.  […] C’était, de nature, un vrai poëte, une incontestable supériorité d’imagination, faite pour aller ravir l’inspiration aux plus grandes sources ; mais il n’est pas bon que l’homme soit seul, a dit le saint Livre, et Poe, ce Byron-Bohême, vécut seul toute sa vie et mourut comme il avait vécu, — ivre et seul ! […] Elle revient de toutes parts dans ses livres. […] Ce fut la seule chose vraie de ces livres, construits comme des mensonges immenses ; la seule émotion dont il n’aurait pas trafiqué !

1021. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Sa mère voulait lui faire quitter les livres de droit pour les romans de d’Urfé ; son excellent naturel résista. […] Il écrivit le livre de la Fréquente Communion, où il rétablissait la doctrine de saint Augustin. […] La clarté, l’ordre, un style ferme et animé, feraient lire encore avec fruit le livre de la Fréquente Communion. […] C’est en effet un livre à la fois si court, si nourrissant et si pratique, qu’on voudrait le faire passer tout entier en soi et se l’assimiler. […] Cela peut s’expliquer sans faire tort ni au livre, ni aux suffrages illustres dont il a été l’objet, ni à la postérité qui le néglige.

1022. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Voilà ce qui donne à son livre sa valeur d’art. […] Le livre de M.  […] La conclusion du livre est tout à fait équitable, et on peut s’y associer. […] C’est ce qui donne sa signification au livre que vient de publier M.  […] Quand je serai las de me regarder, je fermerai ce livre, et tout sera dit.

1023. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Le livre de Bernardin de Saint-Pierre est la réponse au sien. […] Pline a recueilli ce que savait son siècle ; rien n’est à lui dans son livre que la parole. […] Parce que les livres sont des systèmes et que les épisodes sont du sentiment. […] Je joins à ces jouissances celle de quelques bons livres, qui m’apprennent à devenir meilleur. […] Mais si je me communique à tout le monde, je ne me livre à personne.

1024. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Quiconque a retrouvé un document nouveau en prend occasion de faire un livre, de tenter une réhabilitation. […] J’ai sous les yeux quantité de livres qui demanderaient chacun un examen particulier et dont quelques-uns le méritent : une Histoire de la Terreur, par M.  […] Je viens de recevoir tout récemment un autre essai de réhabilitation encore plus hasardée, un livre sur Joseph Le Bon 54, par son fils, estimable magistrat. […] Carnot sur son père58 et qui attendent une suite ; et j’en viens au livre dans lequel j’ai à signaler un curieux chapitre que peut-être on n’irait pas y chercher, si l’on n’était averti. […] Ce livre, c’est la Vie et Correspondance de Merlin de Thionville, publié par M. 

1025. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

« Si vous avez travaillé à votre livre, vous seriez bien bon de m’en apporter la suite. […] Je vais cependant commencer bientôt un livre, et quand j’en aurai éclairci l’idée, je vous demanderai ce qu’il faut en faire. […] Avec cela je ne ferai jamais que des livres qu’on appellera méchants et dangereux, et qui le seront peut-être. […] Prenez toutes ces choses en considération, et, si vous trouvez le livre pitoyable, ne me découragez pas trop. […] Portez-vous donc bien, et donnez-nous donc bientôt ce beau livre dont le commencement m’a charmée. 

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