C’est là une noble tâche, et c’est peut-être le génie même de l’érudition de trouver ainsi les pièces justificatives à l’appui des jugements portés par une grande nation sur la suite de sa littérature. […] C’est ainsi que le génie d’une littérature s’enrichit du génie de chaque écrivain en particulier. […] Mais pourquoi les littératures iraient-elles plus vite que les nations ? […] Ses chroniques en sont l’image si fidèle, et son art suffit si complètement à sa matière, qu’il a fait de la chronique comme un genre parfait en soi, qui a devancé la venue de la littérature. […] Christine de Pisan et George Chastelain ne firent en effet qu’ajuster la rhétorique née des derniers raffinements de la littérature latine à des idées à peine dégrossies et à une langue qui se cherchait encore.
Nous ne le croyions guère, sachant toute la répugnance des directeurs à accepter une pièce de gens accusés de littérature, de style et d’art. […] Ainsi, du temps d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide, le théâtre est toute la littérature de la nation. […] Le vaudeville en deux actes, terminé et baptisé Sans Titre, nous nous trouvions ne connaître ni un auteur, ni un journaliste, ni un acteur, enfin personne au monde qui tînt de loin ou de près à la littérature ou au théâtre. […] vous ne vous douteriez jamais par quoi nous avons commencé en littérature. […] En cette semaine violente, peu occupée, on le comprendra, de littérature, Janin, que nous allions remercier du seul article bienveillant publié sur notre livre, nous saluait, en nous reconduisant avec cette phrase : « Voyez-vous, il n’y a que le théâtre !
I L’histoire, telle que la traitent les écrivains de l’antiquité, est une œuvre de littérature et de morale bien plus qu’une œuvre de science. […] Guizot a embrassé dans une savante analyse la race conquise et la race conquérante, le droit barbare et le droit romain, l’église, la monarchie, la noblesse, les communes, la littérature et la philosophie, enfin tous les éléments de la réalité historique, montrant le rôle de chacun dans l’économie générale des sociétés modernes, et particulièrement de la nôtre. […] Ce que des siècles d’efforts n’avaient pas fait chez eux, elle venait de le faire en peu d’heures parle désintéressement et le sacrifice34. » Où la méthode moderne tranche le plus visiblement avec la méthode antique, c’est dans l’histoire de la littérature et des arts. […] Ainsi a été refaite la critique des littératures de l’antiquité ; ainsi a été fondée la critique des littératures modernes : sous l’empire d’une pareille méthode, l’histoire littéraire est devenue une science, de même que l’histoire politique. […] Histoire de la littérature anglaise, Préface.
Élevé au hasard, mis pour toute école à la mutuelle, puis petit clerc d’avoué, il s’est formé lui seul ; il a dû faire lui-même son éducation, acquérir sans maître sa littérature : il a commencé d’écrire avant de commencer à étudier. […] Je ne fais pas ici de théologie, je ne fais que de la littérature ; mais enfin M. […] Le premier livre qui le tira de ce pêle-mêle, en lui donnant un terme de comparaison, et qui l’initia à la littérature classique, ce fut Gil Blas, qu’il vit entre les mains d’un ami ; le livre, à peine lu, le dégoûta à l’instant « de la faconde moderne, du roman d’intrigue, du roman de thèse, du roman de passion, et de tout cet absurde et de toute cette emphase qu’il avait tant aimés. » Ce prompt effet du naturel et du simple sur un esprit ferme et né pour le bon style est rendu à merveille. […] Veuillot distingue deux veines et deux courants dans la littérature française, le courant gaulois, naturel, et ce qu’il appelle l’influence sacrée, religieuse, épiscopale : il fait à celle-ci, pour la gravité et l’élévation, une part bien légitime ; il est ingrat pourl’autre, pour le vrai et naïf génie national qu’il sent sibien, qu’il définit par ses heureux caractères, et que tout à coup il appelle détestable, se souvenant que ce libre génie ne cadre pas tous les jours avec le Symbole.
Ce fut par d’informes traductions qu’Anquetil-Duperron aborda la littérature zende, comme, au Moyen Âge, ce fut par des versions arabes très imparfaites que la plupart des auteurs scientifiques de la Grèce arrivèrent d’abord à la connaissance de l’Occident. […] De l’aveu même des Israélites, la littérature talmudico-rabbinique ne sera plus étudiée de personne dans un siècle. […] On se fait souvent des conceptions très fausses sur la vraie manière de vivre dans l’avenir ; on s’imagine que l’immortalité en littérature consiste à se faire lire des générations futures. […] La révolution, qui a transformé la littérature en journaux ou écrits périodiques et fait de toute œuvre d’esprit une œuvre actuelle qui sera oubliée dans quelques jours, nous place tout naturellement à ce point de vue.
Cette raison lumineuse et rapide a repris tout son jeu et sa vivacité ; dès que l’attention et le travail suivi seront possibles, la littérature et ses douceurs achèveront vite et confirmeront, tout le fait espérer, une guérison qui a été accueillie avec un sentiment de joie universel. […] Saint-Marc Girardin est en littérature même autre chose qu’un littérateur ; c’est un moraliste, et encore plus un politique, un esprit pratique, habile et positif jusque dans ses badinages.
Puis, quand l’ancienne littérature est partout ; qu’elle occupe les places, les Commissions, les Académies ; que le gouvernement s’en rapporte à ses décisions en toute matière littéraire où il a besoin de s’éclairer ; quand, il y a quelques mois à peine, une pétition, signée de plusieurs auteurs classiques les plus influents, et tendant à obtenir pour eux le monopole du Théâtre-Français, est venue mourir au pied du trône ; n’y aurait-il pas, de la part du gouvernement du roi, peu de convenance et d’adresse à frapper d’interdiction la première œuvre dramatique composée depuis ce temps par un des hommes de la jeune littérature, une pièce avouée d’elle, réclamée par le public, et sur laquelle on veut bien fonder quelque espoir ?
Antoine Godeau, depuis évêque de Vence, Jean Ogier, sieur de Gombault, Jean Chapelain, Claude de Malleville, Valentin Conrart, tous habitués de l’hôtel de Rambouillet, firent partie des neuf hommes de lettres qui, en 1625, se réunirent chez Conrart, opulent financier, le moins docte, mais le mieux logé d’entre eux, pour discourir sur la langue et sur la littérature. […] Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !
Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’une époque dont la littérature défaille se rejette aux œuvres connues ? […] Ainsi dans les arts, quand ils tombent aussi, comme la littérature, l’archéologie vient remplacer les créations spontanées.