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304. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Deux lignes plus bas que celles dans lesquelles Thérèse se donne, et qu’il ne faut pas se lasser de citer : « J’ai été coupable envers toi, et n’ayant pas eu la prudence égoïste de te fuir, il vaut mieux que je sois coupable envers moi-même », oui ! seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit, de sa plume titubante de femme littéraire : « L’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même !

305. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Deux lignes plus bas que celles dans lesquelles Thérèse se donne et qu’il ne faut pas se lasser de citer : « J’ai été coupable envers toi, et n’ayant pas eu la prudence égoïste de te fuir, il vaut mieux que je sois coupable envers moi-même », oui, seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit de sa plume titubante de femme littéraire, « l’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même !

306. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Aux broussailles et aux forêts qui hérissaient le front de la planète comme une chevelure sauvage, succède une douce et ondoyante chevelure de moissons et de prairies ; les fleuves obéissent à la voix et reçoivent de nouveaux lits ; les torrents vagabonds dans la plaine se resserrent entre des rivages escarpés comme une digue de rochers ; de nouvelles lignes d’eau se dessinent, et sillonnent la terre de leurs bassins et de leurs canaux ; les montagnes s’aplanissent ; les rochers, frappés par la verge des sondeurs, laissent jaillir des fontaines ; et l’homme, devenu créateur de lumière, éclaire dans la nuit la face de sa planète, qui, parée de ses lanternes, se promène silencieuse parmi les ténèbres de l’espace. […] Nous dire cela ne peut être réservé qu’à des poètes sortis directement des trois grands peuples qui se pressent l’un contre l’autre au centre de l’Humanité, la France, l’Allemagne et l’Angleterre ; qu’à des poètes qui auront porté avec douleur les graves pensées de notre âge ; qu’à des poètes qui auront senti l’impulsion des philosophes du Dix-Huitième Siècle, ces prédécesseurs des poètes actuels ; qu’à des poètes, enfin, qui nous montreront leur ligne de parenté avec Rousseau, Diderot et Voltaire, la Révolution Française et Napoléon, soit qu’ils se soient mis en lutte ouverte ou qu’ils vivent en harmonie avec tous ou quelques-uns de ces grands colosses qui avaient dernièrement en eux la vie du monde, et qui, glacés dans leur tombeau, tiennent encore en main le sceptre de l’avenir. Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] Sa vue perçante saisit les lignes des montagnes et l’harmonie compliquée d’une cathédrale du Moyen-Âge. […] Il en peindra hardiment toutes les misères, et les couleurs ne lui paraîtront jamais trop fortes, les lignes trop arrêtées.

307. (1922) Gustave Flaubert

Mais il prend naturellement pour le dehors une ligne macabre, cynique, et qui fait froid dans les os de la « clientèle ». […] Il a fait de Rodolphe un séducteur à froid, qui a l’habitude de la chasse aux femmes comme on a celle de la pêche à la ligne. […] Frédéric n’en a pas conscience, ou n’en prend conscience qu’à la fin, à la dernière ligne du roman. […] Et aujourd’hui encore, quand la légende s’occupe de 1848, ce qu’elle y voit en première ligne, c’est le décor de ces barbes. […] Il semblait que Flaubert, ayant gardé sur le cœur les clameurs de la critique au sujet de la dernière ligne de l’Éducation sentimentale, eût étendu cette ligne en un volume entier pour la faire manger à ses contemporains et se réjouir de leur grimace.

308. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

 » Toute la genèse du fascisme tient dans ces quelques lignes. […] Il la formule en quelques lignes très simples à la dernière page : « En 1830 un climat politique, intellectuel et moral a pris fin. […] Les Apennins dont les lignes dentelées se dessinent là-bas, l’ont protégée des invasions du Nord. […] Depuis la mort de ce prince jusqu’à l’avènement de Guillaume Ier, des hésitations et des déviations se sont produites dans cette ligne de conduite. […] » Je ne sais si le maréchal Fayolle avait lu ces lignes, mais elles donnent si bien le sens de toute sa vie qu’elles pourraient être gravées sur son tombeau.

309. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « La Esmeralda » (1836) »

Du reste, il prie instamment le lecteur de ne voir dans les lignes qu’il écrit ici que ce qu’elles contiennent, c’est-à-dire sa pensée personnelle sur ce libretto en particulier, et non un dédain injuste et de mauvais goût pour cette espèce de poëmes en général et pour l’établissement magnifique où ils sont représentés.

310. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

certaines lignes se rapprochent à tel point du texte de Tolstoï que l’on jurerait qu’un des deux écrivains s’est inspiré de l’autre, si l’on n’avait l’assurance qu’ils s’ignoraient absolument. […] Parmi les rares auteurs antiques qu’ils paraissent avoir goûtés, il n’en est qu’un à qui ils aient consacré quelques lignes admiratives : c’est Lucien. […] Regardons-en les principaux traits saillants, les lignes les plus accentuées. […] On la sent tranquille, molle et inconsistante comme le milieu de béatitude dans lequel elle a grandi : elle n’a ni arêtes vives, ni traits biens définis, ni lignes fortement marquées. […] Elle appartient encore au domaine de la psychologie ; une ligne de plus, ce ne serait qu’un cas pathologique331.

311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girardin, Delphine de (1804-1855) »

Certes, je ne voudrais pas exclure de la poésie l’élégance, mais, quand je vois celle-ci mise en première ligne, j’ai toujours peur que la façon, la fashion, ne prime la nature, et que l’enveloppe n’emporte le fond.

312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tellier, Jules (1863-1889) »

Sa vie trop brève et les circonstances ne lui ont pas permis de se faire connaître du public, mais cet inconnu doit être considéré comme un des logiciens du sentiment les plus extraordinaires que compte notre littérature… Il a sombré, ne laissant dans l’histoire littéraire, pour indiquer la place qu’il méritait, que cinq ou six cents lignes !

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