Ils sont les moins libres des hommes. […] On peut, à ce compte, recueillir des impressions précises et variées sur tout ce que la réalité offre d’intéressant, et on le peut encore plus aisément si l’on a eu soin de se conserver libre et d’éviter le mariage, qui, comme dit La Bruyère, « remet chacun dans son ordre ». […] Longtemps contraint, dès qu’il sera libre il éclatera ; il fera des choses héroïques et superbes, et bientôt il en fera de monstrueuses ; son éducation, par ce qu’elle a de spécial, nourrit son orgueil, et, par ce qu’elle a de tyrannique, en prépare le débordement.
Il faut le reconnaître : c’étaient là des imitations, et l’on pourrait presque dire des traductions libres du théâtre italien. […] La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif. […] Pour en revenir à Sganarelle, ce personnage sert de transition entre les types presque invariables de la commedia dell’arte et les créations plus libres auxquelles Molière ne tardera pas de s’élever.
Ils se réfugient au monastère de Notre-Dame de Servance, « persuadés, dit Marguerite, — qui ne laisse pas échapper l’occasion d’une épigramme contre les moines, — que s’il y a moyen de se sauver d’un danger, les moines doivent le trouver. » Pour prendre patience, en attendant que les chemins soient redevenus libres, on convient de s’assembler tous les après-midi dans un pré du couvent, sous le feuillage d’un ormeau, à l’abri du soleil de septembre, et de raconter à tour de rôle quelque historiette de galanterie. […] La langue, jusque-là un peu monotone et lourde, se mouvant tout d’une pièce, comme un chevalier sous son armure, se dégage, s’articule, devient libre et variée, comme une conversation entre personnes d’humeurs très-diverses, mais qui toutes se ressemblent par le don d’exprimer leurs pensées avec esprit. […] François Ier écrivit à la cour des aides, qui le relâcha ; mais, à peine libre, la persécution générale l’atteignit de nouveau ; il craignit que François Ier ne se lassât de le protéger, et se réfugia d’abord à Blois auprès de Marguerite, puis à Ferrare, auprès de Renée de France, laquelle avait fort à souffrir du duc son mari, allié de Charles-Quint.
Ils sentaient la moisissure propre et l’humidité, mais on n’y était pas étourdi par le bruit des voix et l’on pouvait s’attarder dans la lecture des journaux, toujours libres. […] Donnant libre cours à son vœu le plus cher, il essaya d’une France littéraire. […] Georges Izambard, qui fut, à Charleville, le professeur d’Arthur Rimbaud, nous décochait cette ballade sans venin, dans, la Jeune France, revue libre où Maurice Barrès publia des fragments de Sous l’œil des barbares.
Pendant dix années, on peut dire que le Naturalisme eut le champ libre. […] Le Vers, en ces nouvelles conditions et en ce nouvel état, prit le nom de Vers libre ou de Vers polymorphe, c’est-à-dire qui a toutes les formes, selon que la pensée les nécessite. Sur la pratique du Vers Libre, je ne puis que vous renvoyer aux ouvrages spéciaux qui en traitent et aux œuvres des poètes qui l’ont employé.
C’est le moment correspondant à celui où l’enfant, conduit jusque-là par les instincts spontanés, le caprice et la volonté des autres, se pose en personne libre, morale et responsable de ses actes. […] D’ailleurs, le pas n’est plus à faire : l’humanité s’est définitivement émancipée, elle s’est constituée personne libre, voulant se conduire elle-même, et supposé qu’on profite d’un instant de sommeil pour lui imposer de nouvelles chaînes, ce sera un jeu pour elle de les briser. […] Avec autant de raison on eût pu dire dans l’antiquité : la société a toujours compté jusqu’ici trois classes d’hommes : une aristocratie, des hommes libres, des esclaves ; donc cela est de la nature humaine, donc il en sera toujours ainsi.
Loin de la trouver trop libérale, trop destructive de l’antique foyer domestique, ils l’accusaient, de gêner encore, par des bouts de chaîne mal coupés, la libre expansion des individus. […] Les tempêtes sociales rendent difficile, sinon impossible, le paisible exercice de la liberté ; mais la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avait posé ce principe, base de la législation future : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Ce droit, solennellement proclamé, n’en fut pas moins étranglé par l’Empire. […] Encore aujourd’hui, moitié par la mauvaise volonté persistante des dépositaires de l’autorité, moitié par la faute des auditeurs qui savent mal écouter et supporter la contradiction, on peut dire que la parole libre est à peine entrée dans les mœurs françaises et, au moindre frisson de réaction, elle est aussitôt suspendue ou menacée.
Mais elle se relève, se réorganise au quinzième et elle peut croire qu’elle fait périr sur le bûcher de Jean Huss les projets de réforme et le libre examen ; elle peut s’imaginer qu’elle sort de la bataille plus forte et plus invincible que jamais. […] Le libre examen s’est ainsi peu à peu propagé, et les laïques, les profanes, réclamant le droit de dire toute leur pensée, ont fait lentement prévaloir cette grande idée de tolérance qui est le contrepied du pouvoir absolu que l’Église s’arrogeait jadis sur les intelligences. […] L’opposition acharnée qu’elle a faite au développement de l’instruction populaire prouverait, à elle seule, la défiance et peut être la rancune qu’elle nourrit contre la vertu émancipatrice contenue dans les œuvres littéraires, du moment qu’elles se dérobent à sa tutelle et se proclament libres de toucher à ces grands sujets qui étaient jadis, au dire de La Bruyère, interdits à un homme né chrétien et français.
Un équilibre s’établit entre la libre imitation des Grecs et des Latins et l’observation du monde environnant. […] L’imagination, à laquelle l’époque précédente avait laissé libre carrière, est tenue sévèrement en bride. […] Mais encore une fois, le tableau d’une époque peut être présenté de mille façons diverses et je me reprocherais la seule apparence de vouloir enfermer en un plan uniforme la libre inspiration de l’artiste que doit être l’historien digne de ce nom.