Il est de cœur avec les hommes de ces vieux âges, il les admire, il ne pense pas sans émotion à cet essor de la curiosité humaine, hardie, infatigable, libre pour la première fois.
Le héros aimait une jeune femme, en était aimé, et il s’éloignait pourtant, bien qu’elle fut libre.
Il dit qu’il y a un « homme intérieur » souvent très différent de « l’homme social » ; or, ajoute-t-il, on ne peut connaître cet homme intérieur que par les actes libres et non intéressés de l’individu, par le choix de ses plaisirs, par le jeu de ses facultés inutiles.
Ils expriment, chacun à sa manière, et par leur contraste, ce développement fatal et suprême de la Libre Pensée, — la fantaisie, qui se joue de tout, à cette heure, dans les arts, la philosophie et les lettres !
Et cela est si certain et si démontré, dans la conscience même de tous ceux qui vivent de la vieille organisation universitaire et anglicane, que les résistances opposées dernièrement au libre mouvement anglo-catholique ont contracté ce caractère décharnement qu’un grand danger inspire autant que la peur.
Quoique ignorant comme un carpillon des choses de l’Église, Octave Feuillet, ce jeune homme pauvre… en théologie, a eu l’extrême bonté de recommander le catholicisme aux petites dames dont il est le favori et pour lesquelles il fait de petites comédies, et de l’excuser, et de l’arranger, et de l’attifer, ce vieux colosse de catholicisme, de manière à le faire recevoir sur le pied d’une chose de très bonne compagnie dans les plus élégants salons du xixe siècle… Or, voilà ce que George Sand, cette prêcheuse de la Libre Pensée, qui ne veut pas, elle !
Il vécut libre, jusqu’à quinze ans peut-être, dans ce domaine patrimonial qu’il a célébré sous le nom de château des Trembles.
Oui, Voltaire était un esprit libre, et il n’était pas libertaire. […] Et pour la première fois, il me semble, donnez à penser qu’appartient séculairement et comme son patrimoine libre de toute daté et de tout lieu, à la corporation des poètes, un langage à eux propre, et perpétuel. […] Avez-vous remarqué ce passage de la première lettre : qu’appartient séculairement et comme son patrimoine libre de toute date et de tout lieu, à la corporation des poètes, un langage à eux propre et perpétuel ? […] … Sons des cloches, paix bucolique, Coucous qui chantiez ce beau soir, Lorsque je vins mélancolique Au bord de l’Aveyron m’asseoir ; Matin levant, pas de la porte Où s’assied un vieillard rasé, Libre fumée agile et forte, Honneur du foyer embrasé ; Ô graves vaches accroupies Qui songiez aux rayons couchants, Brebis laineuses, vol de pies, Blanc et noir sur le vert des champs ; Sombre causse plein de genièvres Où, dans l’orage et dans le vent, J’admirai le meneur de chèvres Debout dans son manteau mouvant ; Et toi, forêt qui me sus faire Oublier la Parque et les maux Au bruissement du mystère Qui tombait de tes longs rameaux ; Adieu vous tous, ombre et lumière, Souffles, fantômes que j’aimais : Roses de la saison dernière, Vous ne me reviendrez jamais ! […] Cependant la légion épirote défilait toujours du même pas libre et rapide.
Né libre, il a toujours dit ce qui lui passait par la tête, dans la forme qui lui plaisait, et, comme il était né écrivain, personne n’a eu à s’en plaindre, ni lui ni les lecteurs. […] Plus loin, le poète est repris par les hautes pensées, son esprit se promène sur toute la création, et en présence des cruautés de la politique de conquête, il lance, lui, l’homme de progrès, l’anathème contre la civilisation : Vous croyez civiliser un monde Lorsque vous l’enfiévrez de quelque fièvre immonde, Quand vous troublez ses lacs, miroirs d’un dieu secret, Lorsque vous violez sa vierge, la forêt ; Quand vous chassez du bois, de l’antre, du rivage Votre frère naïf et sombre, le sauvage, Cet enfant du soleil peint de mille couleurs, Espèce d’insensé des branches et des fleurs, Et quand, jetant dehors cet Adam inutile, Vous peuplez le désert d’un homme plus reptile, Vautré dans la matière et la cupidité, Dur, cynique, étalant une autre nudité, Idolâtre du dieu dollar, fou qui palpite, Non plus pour un soleil, mais pour une pépite, Qui se dit libre, et montre au monde épouvanté L’esclavage étonné servant la liberté ! […] Quand on veut rendre les hommes bons et sages, libres, modérés, généreux, on est amené fatalement à vouloir les tuer tous. […] Voilà le livre qui certes va attirer encore bien des orages sur la tête de son auteur, car il est difficile d’oser dire aujourd’hui sa pensée sans avoir à craindre de se voir insulter, diffamer par ceux-là mêmes qu’on veut servir, de vouloir agir en homme libre, dans un pays qui a tant répété le mot : Liberté, qui s’en est assourdi et qui ne veut plus l’entendre. […] Mabilleau, libre de toute consigne de coterie, et se dégageant, chose difficile, de tant de jugements, portés sur notre plus grand poète, a formulé sur Victor Hugo des opinions qui lui sont personnelles.