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1162. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Et ses étoiles immortelles épanchent sur tout l’univers la raison, l’esprit et la liberté. […] Dans le théâtre de Shakespeare, la nourrice de Juliette, par la gaieté énorme de ses propos, nous donne quelque idée des libertés qu’on accordait alors à ces personnages en Angleterre aussi bien qu’en France. […] Corneille parle ici avec autant de bon sens que de liberté ; mais bientôt les persécutions que lui attirera son chef-d’œuvre du Cid n’assoupliront que trop sa fierté juvénile. […] C’est ce qu’avait fait l’auteur du Cid, lorsqu’on l’arrêta si malheureusement, et ce que Rotrou continua de faire, avec une grande liberté. […] Ainsi les petits détails de la réalité curieuse s’entremêlent aux choses héroïques avec une agréable liberté.

1163. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Chateaubriand jouit ici d’une plus grande liberté que Flaubert. […] Elle défend la liberté, la spontanéité du génie. […] Il ne lui reste donc qu’un moignon de liberté, sur lequel il se traîne tant bien que mal. […] Ici encore, la liberté manque. […] Si la liberté est l’atmosphère de la critique, la critique gastronomique nomade manque singulièrement de liberté.

1164. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche avait accueilli le Consulat avec transport ; l’organisation officielle du culte lui donna une première impression de crainte ; il trouvait la religion plus belle dans la persécution que dans une reconnaissance pompeuse, et il eût préféré pour elle la liberté à cette forme de suprématie. […] Ballanche ne portait pas l’horizon le plus lointain de cette émancipation moderne au delà des limites du Christianisme lui-même ; il proclamait la perfection de celui-ci en tant qu’institution spirituelle et divine, et s’il croyait que les sociétés humaines dussent se gouverner désormais selon une loi de liberté, le résultat de cette action immense ne lui semblait pouvoir être autre chose que l’introduction de plus en plus profonde du Christianisme dans la sphère politique et civile. […] Alors je vous dirai que ce n’est pas votre parti que j’ai pris, mais celui du bon sens contre l’absurdité, de la liberté de la pensée contre la tyrannie des fanatiques. » (Correspondance de Béranger, recueillie par M.

1165. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Roger veut remonter au moins son cheval ; mais l’hippogriffe a profité de sa liberté pour s’envoler on ne sait où. […] Pour le moment, vous avez, au nom du gouvernement qui vous envoie, et qui en cela reste dans les limites des pouvoirs qui lui ont été confiés, à assurer la liberté et la personne du pape. […] Leur débarquement ne doit être opéré qu’autant que, dans le rayon très court où il leur sera possible d’agir, elles pourraient concourir au seul résultat que vous ayez à atteindre : la liberté du pape.

1166. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La nature meurt à regret, et ne veut être ni gênée, ni domptée, ni abaissée, ni soumise volontairement au joug : la grâce, au contraire, porte à la mortification, à résister à la sensualité, à chercher à être dans la dépendance, à désirer de se vaincre, et à ne vouloir faire aucun usage de sa liberté ; elle aime à être retenue sous la discipline, et ne désire de dominer sur personne ; mais elle est disposée à vivre, à demeurer, à être toujours sous la dépendance de Dieu, et à se soumettre humblement pour l’amour de Dieu à toutes sortes de personnes. […] Si vous ne voulez que ce que Dieu veut, et ce qui est utile au prochain, vous jouirez de la liberté intérieure. […] Qu’elle me délivre de tout désir mauvais, de toute affection déréglée ; et je marcherai devant vous dans une grande liberté de cœur.

1167. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Tout y est troublé : les amusements innocents, l’honnête liberté des discours, les plaisirs et les projets de la famille, un mariage sortable et déjà fort avancé ; personne n’y est incommodé médiocrement. […] Je n’ai pas peur de l’honnête liberté de ses discours : une fille qui montre ainsi sa pensée n’a rien à cacher. […] Le poète n’avait pas aux yeux de ses contemporains cette grandeur que lui ont donnée deux siècles, et qui eût fait trouver exorbitante la liberté du parterre.

1168. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

manque à la fois de la liberté, du loisir et de l’aiguillon qu’il faudrait pour oser se distinguer des autres ? […] Et il se déterminait enfin, par opposition à l’esprit féodal, qui est un esprit d’individualisme et de liberté, comme un esprit d’égalité, pour ne pas dire précisément de justice et de « fraternité ». […] Et la poésie lyrique, empêchée dans son essor par les circonstances, n’a pas eu plus tôt ouvert ses ailes qu’elle a dû les replier, et en emprisonnant dans des poèmes d’une impersonnalité convenue la liberté de son inspiration, se rabattre aux lieux communs de la poésie « courtoise ».

1169. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Voilà ce qui fait, monseigneur, que l’on n’a plus d’armée quand on met tout en garnison… — Pardonnez-moi, monseigneur, mes raisonnements ; je les soumets avec le respect que je dois, et j’ose me flatter que vous n’en désapprouverez pas la liberté. […] Et il lui réitère les ordres les plus précis de rentrer immédiatement en campagne. — Villars est touché et piqué du reproche : J’ose supplier Votre Majesté d’être bien persuadée que je tâcherai de mériter l’honneur de sa confiance par une très grande exactitude à ne rien prendre sur moi ; il est vrai que, depuis que sa bonté a daigné me confier ses armées, elle m’avait laissé une liberté entière, dont, grâce à Dieu, je n’ai pas abusé au détriment de ses affaires.

1170. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M.  […] Mais les frères, une fois dehors, ne pensent qu’à se venger, et ils projettent de venir brûler nuitamment dans le château de Bivar ceux qui leur ont rendu la liberté.

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