Nous laissons à d’autres le triste plaisir d’opposer les odes royalistes de M. […] La rime consent à lui obéir et ne se laisse jamais appeler deux fois ; mais elle prescrit à M. […] Hugo ne laisse aucun doute. […] Or, cette pensée dominante laisse dans l’âme du lecteur une impression salutaire. […] L’idée se laisse toujours apercevoir sous l’image.
Laissons ce détail. […] Il en a laissé pourtant échapper un. […] Il s’y laissa pourtant aller. […] Ce serait nous laisser entraîner un peu loin que d’essayer de répondre. […] Il en laisse échapper plus d’une fois l’aveu, chemin faisant.
Molière ne se laisse point abattre ; ce qu’il dit du Père Maimbourg. […] Louis XIV ne laisse pas deviner son jugement. […] Ils laissaient au vulgaire l’art de parler d’une manière intelligible. […] Molière, d’ailleurs, était bien sûr de ne pas laisser chômer ses camarades. […] Fière de tant d’hommages, la nouvelle idole s’en laissa enivrer.
Or, en sautant d’un grand homme à un autre, on risque de laisser des abîmes énormes entre deux d’entre eux, de faire croire qu’il y a des déserts dans la durée comme il y en a dans l’espace, de détruire le sentiment de cette continuité qui est la condition même de la vie. […] Mais, au lieu de les laisser isolés, il faut les replacer dans le groupe social où ils se sont développés ; il faut, sans les rapetisser, rehausser la foule anonyme et les écrivains moins connus qui les environnent. […] Laissons là les métaphores.
Le massacre des innocens a dû laisser des idées bien funestes dans l’imagination de ceux qui virent réellement les soldats effrenez égorger les enfans dans le sein des meres sanglantes. Le tableau de Le Brun où nous voïons l’imitation de cet évenement tragique, nous émeut et nous attendrit, mais il ne laisse point dans notre esprit aucune idée importune : ce tableau excite notre compassion, sans nous affliger réellement. […] La tragedie de Racine qui nous présente l’imitation de cet évenement, nous émeut et nous touche sans laisser en nous la semence d’une tristesse durable.
Ainsi j’avouë que la plûpart de ces hommes passent quelquefois comme les hommes vulgaires, et qu’ils meurent sans laisser un nom qui apprenne à la posterité qu’ils ont été. […] Quand la malignité des conjonctures auroit asservi l’homme de génie à une profession abjecte avant qu’il eut appris à lire, voilà ce qu’on peut supposer de plus odieux contre la fortune, son génie ne laisseroit pas de se manifester. […] Nous avons même pû voir un cocher, qui ne sçavoit pas lire, faire des vers, très-mauvais à la verité, mais qui ne laissent pas de prouver que la moindre étincelle du feu poëtique le plus grossier, ne sçauroit être si bien couverte, qu’elle ne jette quelque lueur.
mon Takisé, lui demanda-t-elle, laisse-les te passer la corde au cou. » Le taureau alors se laissa faire. […] Le sartyi manda la vieille et lui dit : « Si on n’arrive pas à égorger ton taureau sans plus tarder, je vais te faire couper le cou. » La vieille s’approcha de Takisé qui était toujours lié et couché sur le côté et lui dit : Takisé mon Takisé laisse-toi égorger.
lui dis-je, et laissez-moi le plaisir de mettre, à mon tour, un nom sur une famille qui se confond par les souvenirs avec la mienne. […] notre pauvre père qui se faisait une fête de ce pèlerinage étant tombé un peu malade, fut forcé d’y renoncer et de nous laisser partir seules. […] Puisqu’elles veulent aller à Saint-Point demain matin, nous ne les laisserons pas partir sans leur avoir enseigné le chemin. […] Ne nous refusez pas, cela nous ferait de la peine ; vous ne voulez pas laisser une amertume dans le pays où vous êtes venues chercher de bons souvenirs. » Madame D*** retenait mal ses larmes. […] Elles ne ressemblaient pas à des cours, mais à une forêt d’arbres de haute futaie et à de vieux vergers mal défrichés qui avaient laissé des troncs séculaires sur leurs ruines.
Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force. […] C’est ainsi qu’il a noté des souvenirs, pour nous assez curieux, d’une conversation avec Nicole, et qu’il nous a laissé un précieux témoignage de plus, en faveur du théologien radouci et de la modération finale de ses sentiments. […] Il redisait à Nicole, demi-solitaire et retiré, que le monde ne laissait pas d’intéresser à distance, les nouvelles du salon de Mme de La Fayette. […] C’est lui qui, un jour qu’un homme en place, excédé de son procédé, lui en faisait sentir l’inconvenance, répondait sans s’émouvoir ; « Je sais bien, monsieur, que je suis, moi, un homme fort ridicule ; mais ce que je vous dis ne laisse pas d’être fort sensé, et, si vous étiez jamais obligé d’y répondre sérieusement, soyez sûr que vous joueriez un personnage plus ridicule encore que le mien. » C’est lui qui, s’apercevant un jour qu’il était de trop dans un cercle peu sérieux, ne se gêna pas pour dire : « Je sens que je vous ennuie, et j’en suis bien fâché ; mais moi, je m’amuse fort à vous entendre, et je vous prie de trouver bon que je reste. » Tout cela est bien de l’homme dépeint par La Bruyère dans son portrait chargé, mais reconnaissable, de celui même que le cardinal de Fleury, à son point de vue de Versailles, appellera un politique triste et désastreux ; malencontreux, du moins, et intempestif, qui avait reçu le don du contretemps comme d’autres celui de l’à-propos, et qui, lorsqu’il se doutait du léger inconvénient, prenait tout naturellement son parti de déplaire, pourvu qu’il allât à ses fins. […] Il était content et le laissait voir : « J’ai du plaisir partout, disait-il, parce que j’ai l’âme saine. » Il a pourtant écrit, au sujet de la moquerie, un mot fait pour toucher, et où il ne tient qu’à nous de voir une allusion à ce portrait de Mopse : « Quel agrément dans la vie pour le bienfaisant de sentir la joie de ceux chez qui il entre !