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23. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Sera-ce du moins par une certaine forme d’art, par une certaine lumière vive et juste d’expression qu’il se fera jour et resplendira à travers l’analyse ? […] Ampère, il est juste pourtant de distinguer singulièrement et d’indiquer la part expresse de M. […] Ampère sont justes, et combien elles établissent les vrais fonds du tableau qui se redéploiera plus tard à douze cents ans de distance. […] Ces volumes sont comme des sacs pleins de toute marchandise, bien rangés et étiquetés par ordre de débarquement ; il ne reste qu’à les ouvrir et à y tailler, s’il se peut, l’étoffe aux justes endroits. […] Il est juste pourtant d’excepter le tout premier discours sur l’état des lettres dans les Gaules, avant le christianisme ; dom Rivet, dans ce tableau général, aussi complet que le permettait l’archéologie de son temps, a échappé à l’inconvénient où est tombé M.

24. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Thiers professe dix fois lui-même avec un esprit plus hautain que juste dans le récit et dans la discussion du Concordat. […] Thiers, juste cette fois, et juste parce qu’il est sévère, caractérise vigoureusement cette tendance de la médiocrité jalouse à se créer des idoles plus grandes que nature pour les opposer aux véritables supériorités intellectuelles de leur temps. […] M. de  Talleyrand voit plus loin et plus juste. […] Thiers apprécie ce livre, qui fut le programme de la monarchie, en une vive et juste image. […] Thiers donne à ce procès l’intérêt d’un grand drame ; il y est aussi juste qu’éloquent : juste envers Bonaparte, qui avait le droit de sévir contre un rival devenu un conjuré ; juste envers Moreau, qui avait failli à la patrie, à la reconnaissance et à lui-même ; juste envers la magistrature du pays, qui montre dans ce jugement des caractères dignes de Rome.

25. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

S'il entendoit par amour-propre l'amour de nous-mêmes, qui ne sauroit être vicieux tant qu'il est éclairé par de saines lumieres & retenu dans de justes bornes, son principe ne seroit pas défectueux ; mais ce n'est pas ainsi qu'il l'entend. […] Il est bon d'ailleurs qu'on ait une idée plus juste de l'humanité. […] Quand bien même la Nature seroit vicieuse, la Société nous offre des moyens, la Religion nous fournit des secours, qui réduiront toujours le méchant à n'imputer qu'à lui seul le juste blâme de sa perversité.

26. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Or la palme du poète serait à celui qui le plus juste sait dire les vers, au meilleur chantre ; qui le plus vrai sait traduire sa pensée, au meilleur artiste ; qui le plus droit sait mener son âme, au meilleur homme. […] À coup sûr, l’avenir lui sera plus juste que ses contemporains. […] La juste gloire mettra bientôt Verlaine auprès de Hugo, de Vigny, de Baudelaire. […] Aujourd’hui quelle est au juste l’action particulière de ce poète ? […] C’est, au juste, la sensation d’un intrus éclairage de gaz ou de luciline en un tableau de diffuse lumière Edison.

27. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Pour être juste, il faudrait commencer par dire que Pope a parfaitement bien senti et bien admiré Homère ; que sa préface est d’une excellente critique pour le temps, et bonne encore à lire aujourd’hui ; que la grandeur, l’invention, la fertilité de l’original, cette vaste universalité première d’où chaque genre ensuite a découlé, sont admirablement comprises. […] Ce que je tiens à marquer (après Campbell), c’est que s’il n’est pas un poète universel dans le sens qui frappe le plus aujourd’hui, il n’est pas moins véritablement poète, quoique dans un ordre moins orageux, moins passionné, moins éclatant, dans un mode orné, juste et pur. […] » — « Je ne saurais réellement le dire au juste, répondit-il : tous deux ont extrêmement de charme. » Il est certain, toutefois, qu’il était loin de remplir le programme détaillé que Bowles propose au poète et les conditions pittoresques qu’il exige ; Wordsworth seul, depuis, a pu y suffire. […] Que de justes définitions, que de vers proverbes en sont sortis ! […] Très juste dans ce qu’il dit sur les principaux noms de poètes qu’il rencontre, le critique préoccupé de l’unité de son plan semble trop pressé d’arriver et de conclure.

28. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

D’ailleurs, à cette date, il n’était pas juste encore d’accuser Fréron. […] La publication de cette lettre, le 10 juillet, tombait juste à la veille de la première représentation des Barmécides qui avait lieu le lendemain. […] Il était évident que, dans ce cas comme dans bien d’autres, l’instinct du critique, de l’homme qui se sent une idée juste et qui ne résiste pas à la dire, l’avait emporté chez lui sur les considérations secondaires. […] Pour la première fois en France, l’enseignement tout à fait littéraire commence et se met en frais d’agrément ; pour la première fois, quand on n’est ni frivole, ni érudit, et qu’on cherche une juste et moyenne culture, on voit se dérouler des cadres faciles qui étendent et reposent la vue de l’esprit, même quand le professeur n’a pas réussi complètement à les remplir. […] Elle était entière du temps de La Harpe, et nul n’a plus que lui contribué à l’environner de raisons justes et lumineuses.

29. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

L’idée était si juste et si opportune qu’elle a aussitôt porté fruit et porté coup ; elle a eu l’honneur, dès le premier jour, de soulever les colères de ceux qui possédaient autrefois et dominaient l’entier domaine de l’intelligence humaine et qui, jusque dans leur décadence, quand presque tout leur échappe, voudraient tout garder. […] Pour elles, la page blanche de l’esprit n’aura reçu tout d’abord que des notions justes, et l’introduction à la connaissance du beau se passera de ratures. […] Paul Albert me permettra-t-il de lui dire que, large et accueillant comme il l’est pour Pindare, je ne le trouve pas également juste pour Horace, tant pour le lyrique que pour le satirique ? […] Dans cette innovation louable et de bonne nature, il était juste que la Faculté de Paris donnât le signal.

30. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

C’est que, pour peindre ou seulement sentir, dans une œuvre dont le caractère est plus pittoresque que réfléchi, la première nécessité est de voir juste, comme la seconde est d’idéaliser en restant vrai. Or, pouvons-nous dire que Labutte voit juste, dans l’acception la plus modeste de ce mot, quand, par exemple, il parle de l’enthousiasme des croisades, la grande-passion mystique du Moyen Âge, avec le dédain rabougri qui l’appelle insolemment une espèce de contagion morale , par peur du mot peste apparemment ?… Voit-il juste, même au sens le plus borné, quand, démocrate d’hier, talonné par son opinion jusque dans le fond du xe  siècle, il s’étonne (ce ne peut pas être par ignorance) de ce que Richard II punit son frère d’avoir enfreint la loi fondamentale de la féodalité, et qu’il écrit, avec le point d’admiration et les italiques de la niaiserie : il avait refusé l’hommage ! […] Voit-il juste, enfin (car nous pourrions multiplier à l’infini de tels exemples), lorsque, à propos de Richard II, le bienfaiteur de ces moines qui firent tomber à genoux la barbarie devant eux, il parle de sa piété peu éclairée, comme si, dans ce sincère xe  siècle, coulé d’un seul jet dans le monde virginal des peuples nouveaux, il y avait deux sortes de piétés, dont l’une fût éclairée et dont l’autre ne le fût pas !

31. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Ce n’était pas assez pour M. de Salvandy d’être juste, il était généreux. […] On a ri à ce qu’il a dit de la collaboration à deux ; on a trouvé piquantes et justes les objections qu’il a faites à une théorie contraire ingénieusement exposée devant l’Académie il y a peu d’années55. […] Homme aimable, esprit conciliant et juste, académicien exemplaire, fidèle à tous les sentiments honorables, ami intime et constant de Béranger, il a justifié aujourd’hui tous ces titres et fait preuve des qualités qu’on estime en lui.

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