Quelque chose d’analogue se produit dans la parole intérieure animée : le jugement d’extériorité, sans cesse porté, est aussitôt retiré. […] Rappelons que le jugement de perception externe n’est presque jamais exprimé intérieurement ; il ne demande donc, pour être porté comme pour être retiré, qu’un temps inappréciable ; aussi rien n’est-il plus simple, en fait, que cette opération assez compliquée à définir. […] Ces formes de langage indiquent qu’un certain degré d’imagination accompagne les jugements de la raison pratique : la loi morale nous parle comme un père à ses enfants ou comme un maître à ceux qui lui doivent obéissance26. […] Et, si jamais l’hallucination peut être dépourvue de tout caractère morbide, c’est quand elle n’est autre chose que la parole intérieure morale devenue assez vive pour provoquer impérieusement le jugement d’extériorité173. […] Il dit pourtant lui-même que le phénomène socratique était une « erreur de jugement » ; or l’hallucination n’est pas autre chose ; elle consiste essentiellement non pas tant à externer un état de conscience qu’à l’aliéner, et peu importe que l’être imaginaire au profit duquel nous nous dépouillons d’un élément de notre personnalité soit situé par nous dans notre corps ou dans l’espace ambiant.
Paul Bourget, pour Byron, dont il descend par les sensations et par les sentiments, est assez grand et assez résolu pour ne pas souffrir d’un jugement qui le rapproche même pour le diminuer, du grand poète qu’il admire le plus.
L’Eloge de Colbert, du même Auteur, sujet proposé par l’Académie Francoise, obtint le premier Accessit, au jugement de cette Société ; ce qui ne seroit pas une preuve de son mérite, s’il n’étoit même supérieur à celui de Charles III.
Son jugement à l’égard d’Hénault, ne doit donc être regardé que comme un de ces excès auxquels le penchant à la satire entraîne quelquefois les esprits les plus éclairés & les plus justes d’ailleurs.
LAUS DE BOISSY, [Louis] fils d’un Epicier, des Académies de Rome & de Madrid, de celle des Ricovrati de Padoue, Correspondant de celle de Montpellier, & Lieutenant Particulier du Siége de la Connétablie & Maréchaussée, né à Paris en 1747, est un ancien soi-disant Secrétaire du Parnasse, qui fut bientôt réprouvé de cette fonction, parce qu’il faut du jugement & du goût pour la remplir.
En Littérature, comme en Morale, vouloir tout réduire à l’arbitraire, c’est moins la preuve d’un esprit inventif & original, que l’indice de la dépravation du jugement & de l’inquiétude qui en est le fruit.
Soyez à jamais glorifiée, religion de Jésus-Christ, vous qui aviez représenté au Louvre le Roi des rois crucifié, le jugement dernier au plafond de la salle de nos juges, une résurrection à l’hôpital général, et la naissance du Sauveur, à la maison de ces orphelins délaissés de leurs pères et de leurs mères !
Les gens de l’art ont confirmé mon jugement.
On conçoit jusqu’à cet effroi naïf du janséniste Baillet qui, dans ses Jugements des Savants, commence en ces termes l’article sur Molière : « Monsieur de Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscités à l’Église de Jésus-Christ, etc. » Il est vrai que des religieux plus aimables, plus mondains, se montraient pour lui moins sévères. […] Cizeron-Rival, d’ordinaire exact, a dit d’après Brossette : « Au jugement de Despréaux (et autant que je puis me connoitre en poésie, ce n’est pas son meilleur jugement), de tous les ouvrages de Molière, celui dont la versification est la plus régulière et la plus soutenue, c’est le poëme qu’il a fait en faveur du fameux Mignard, son ami. […] Dans ce poëme sur la peinture, il a travaillé comme les peintres à l’huile, qui reprennent plusieurs fois le pinceau pour retoucher et corriger leur ouvrage, au lieu que dans ses comédies, où il falloit beaucoup d’action et de mouvement, il préféroit les brusques fiertés de la fresque à la paresse de l’huile. » Ce jugement de Boileau a été fort contesté depuis Cizeron-Rival. […] Quant aux restrictions reprochées et reprochables à Boileau en cet endroit, son tort est d’avoir trop généralisé un jugement qui, appliqué à Scapin, pourrait sembler vrai au pied de la lettre. […] Le jugement qui suit, sur Walter Scott, revient assez naturellement ici : « C’était, dans le roman, un de ces génies qu’on est convenu d’appeler impartiaux et désintéressés, parce qu’ils savent réfléchir la vie comme elle est en elle-même, peindre l’homme dans toutes les variétés de la passion ou des circonstances, et qu’ils ne mêlent en apparence à ces peintures et à ces représentations fidèles rien de leur propre impression ni de leur propre personnalité.