Voilà pourquoi nous sommes si disposés à accueillir les jugements dépréciateurs que les étrangers portent de la plupart de nos grands écrivains ; et ces détracteurs ont parmi nous plus de complices qu’on ne pense. […] Sans porter un jugement sur les deux littératures qui se disputent aujourd’hui l’empire du monde, et sur lesquelles nous aurons, au reste, occasion de revenir, qu’il nous soit permis de remarquer d’abord que la littérature romantique a pris naissance au sein d’une langue qui est encore, pour ainsi dire, dans le travail de l’évolution ; c’est la langue allemande que je veux désigner.
Les peuples alors étaient punis pour les fautes des rois ; mais il fallait que les peuples eussent mérité d’avoir de mauvais princes, car les jugements de Dieu furent toujours équitables. […] Socrate, injustement condamné à mort, n’allégua, pour ne point se soustraire à l’iniquité de son jugement, d’autre raison que son respect pour la loi.
Flaubert est un moraliste, sans doute, puisqu’il fait des romans de mœurs, mais il l’est aussi peu qu’il est possible de l’être, car les moralistes sentent quelque part, — dans leur cœur ou dans leur esprit, — le contre-coup des choses qu’ils décrivent, et leur jugement domine leurs émotions. […] Flaubert, lui, n’a point d’émotions ; il n’a pas de jugement, du moins appréciable.
« Ton jugement : cela est bien ainsi, a une première histoire dans tes instincts, tes penchants, tes antipathies, tes expériences et tes inexpériences. […] On se méprend sur ce jugement de la conscience en ceci qu’on s’imagine qu’il a une ce valeur » et qu’il donne une « valeur ». […] Leur pensée, leur sentiment, leur jugement, leur goût ne comptent pas. […] Dans ce cas l’on accorde que ces jugements sont vraiment les motifs des actions ; mais que ce sont des erreurs, fondements de tous les jugements moraux, qui poussent les hommes à des actions morales. […] Ceci aussi sera une digression, après quoi nous reviendrons au philosophe pour l’envelopper dans un jugement d’ensemble.
Il a parlé à Michelet avec autorité, en homme que la calomnie n’a pas épargné et qui ne s’en étonne plus ; il a parlé de Quinet convenablement, et le jugement qu’il a porté des jésuites est, je crois, celui que l’histoire enregistrera.
On est très-disposé à goûter la finesse de ses aperçus, la justesse et quelquefois la hardiesse de son coup d’œil, ses jugements pénétrants des hommes et des choses.
En second lieu, il s’est expliqué si souvent lui-même en faveur de la bonne & vraie Comédie, contre celle à laquelle il a sacrifié, qu’un jugement si désintéressé n’est propre qu’à lui procurer une double gloire, l’une d’avoir fait les deux meilleures Pieces d’un genre qu’il condamne lui-même, l’autre de savoir rendre hommage aux regles & au goût.
On en trouve la liste & le jugement qu’on en a porté dans le Nouveau Dictionnaire historique.
Les amateurs, dont il ne faut ni surfaire ni dépriser le jugement, les artistes, les seuls vrais juges, mettent la figure d’Allegrain sur la ligne même du Mercure de Pigalle.