La géométrie est la meilleure et la plus simple de toutes les logiques, la plus propre à donner de l’inflexibilité au jugement et à la raison. […] 1° Il faut, disent-ils, appliquer à la science des mots l’âge où l’on a beaucoup de mémoire et peu de jugement. […] essentielles ou surérogatoires, en faut-il occuper l’âge de l’imbécillité, l’âge où leur difficulté est au-dessus de la portion de jugement que la nature nous accorde ? […] La langue grecque ayant beaucoup influé sur le latin, et la grammaire en étant un peu plus difficile, on pense communément que c’est par cette étude qu’il faut commencer ; mais l’étudiant n’étant plus un enfant, ayant le jugement fait et la tête meublée d’une assez bonne provision de connaissances élémentaires en tout genre, il est temps qu’il médite et qu’il réfléchisse. […] Quintilien, grand écrivain, homme d’un jugement sain, critique d’un goût exquis, juge sévère, mais impartial, des institutions oratoires ; Frontin et Végèce, de la science militaire ; Pline le Jeune, des lettres remplies de sentiment, de délicatesse et de mœurs ; Florus, d’un style tortueux et recherché, de l’histoire romaine ; Suétone, laconique et pur, des anecdotes de la vie scandaleuse et privée des Césars ; Justin, l’abréviateur de Trogue Pompée, que je ne daigne pas nommer, quoiqu’il soit bref et correct.
C’est une addition à mon jugement sur le style de cet ouvrage. […] Ce jugement est sévère pour toutes, excepté pour Paris. […] Le dernier jugement commence. […] Ton jugement sur lui nous servira pour eux tous. […] De quel droit a-t-il falsifié l’idée du jugement dernier ?
Dans cette perplexité, il biaise, il équivoque, il insinue des « peut-être » ou des « il y aurait lieu » : « Peut-être ce jugement de Boileau ou de Johnson est-il trop sévère ? […] La décision du jugement, tel est le premier mérite de cette œuvre remarquable. […] Et c’est à ce jugement incertain et troublé que Shakespeare livre l’appréciation de ses caractères aux significations multiples ! […] Et pendant tout ce temps il lui faut encore s’occuper des affaires courantes de ses États, convoquer ses conseils, édicter ses jugements. […] Donnez-lui solidement le fouet, et puis donnez-lui une médaille d’or, il mérite l’un et l’autre. » Tel est à peu près le sens de ce jugement, que nous citons de mémoire ; c’est celui d’un maître.
Nous ne l’envisagerons point comme Théologien : nous souscrivons au jugement qu’on en a porté à cet égard ; mais en qualité d’homme de Lettres, il nous est permis de le regarder comme le génie le plus heureux, & comme un des meilleurs Ecrivains que nous ayons eus.
Quand l’Auteur n’auroit eu que le courage de résister au goût dominant du siecle pour le langoureux ou philosophique, ce qui est la même chose ; d’avoir su mépriser ce genre bâtard, quoique plus facile & plus applaudi par la multitude, & de s’être uniquement attaché aux bons modeles ; cette preuve de jugement suffiroit seule pour lui mériter des applaudissemens capables de l’encourager.
A-t-il cru en imposer au Public par une tournure artificieuse qui n’en devenoit que plus révoltante, & ôtoit tout crédit à son jugement ?
Ou plutôt n’est-il pas vraisemblable que sa forme analytique, & l’attention qu’il a eue pendant long-temps à ne porter aucun jugement sur les Ecrits, n’ont pas peu contribué à ce discrédit ?
« Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur style, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. » GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17..
Il en sera toujours de même des Auteurs qui se passionnent trop pour les modeles, choisis plus par attrait que par jugement.