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1848. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Je ne voudrais pas avoir l’air de chercher un de ces paradoxes faciles, qui donnent du piquant aux aperçus et aux jugements littéraires ; mais il me semble, après une lecture attentive, qu’Agnès de Méranie est très supérieure à Lucrèce. […] Mais, grâce à l’élévation de leurs aperçus et à la bonne foi de leurs jugements, un lecteur catholique peut en rapporter cette impression, et ne se croire, en la constatant, ni leur contradicteur, ni leur adversaire. […] Sans doute, les jugements de M.  […] Pénétré de la lecture de son livre, un des plus substantiels que je connaisse, voici, en résumé, non pas mon jugement, mais mon impression.

1849. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Seulement, mon cher confrère, avant d’en arriver au jugement « détaillé » sur l’évolution littéraire que vous me demandez, il faudrait bien s’entendre sur le mot, — principalement sur la chose. […] Les jugements qu’ils porteraient, sur les partisans de la jeune école et sur son avenir, seraient, en outre, d’un intérêt capital en cette enquête.

1850. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Pour moi, ils me paraissent les plus touchants que j’aie encore lus dans aucune langue. » Il y a des jugements critiques bien renversants dans Stendhal ; mais il faut lui pardonner quelque chose en faveur de celui-ci. […] Il y a peu de choses qui pussent être plus intéressantes à examiner qu’un jugement sur Maupassant porté par Tolstoï. […] Quelle va être l’impression du premier en face du second, quel va être le jugement du premier sur le second ? […] C’est ignoble : c’est une thèse contre le mariage. » Ils variaient dans leur jugement, mais nullement dans leur définition. […] Elle a placé Le Docteur Pascal au-dessous de tous les romans d’Émile Zola, et je crois que ce sera là le jugement aussi de la postérité.

1851. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Ses lois ne seront point fixes, ses jugements ne seront point irrévocables. […] Et voici maintenant qu’il étudie Delphine de Sabran, veuve en 1793 du jeune Custine, un héros et un sage de vingt-six ans, condamné à mort par un des jugements les plus iniques du tribunal révolutionnaire. […] Au jugement des connaisseurs, les deux chefs-d’œuvre militaires de Napoléon, ce sont les campagnes de 1796 et de 1814. […] Pour les hommes de ce temps, le monde avait toujours été tel qu’ils le voyaient (c’est pour cela que leurs peintures de l’antiquité nous paraissent grotesques), et le jugement dernier le trouverait tel encore… Le monde matériel apparaît à l’imagination comme aussi stable que limité, avec la voûte tournante et constellée de son ciel, sa terre immobile et son enfer ; il en est de même du monde moral : les rapports des hommes entre eux sont réglés par des prescriptions fixes sur la légitimité desquelles on n’a aucun doute, quitte à les observer plus ou moins exactement. […] Si l’on ne comptait que ses années, elle était encore une enfant ; mais elle avait la maturité de l’âge pour la prudence et le jugement.

1852. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Quand on aura l’éloignement et le recul nécessaires pour pouvoir porter sur Hugo un jugement relativement définitif, tout étant toujours relatif en ces sortes de choses, on s’y prendra, sans doute, avec Victor Hugo, comme nous en usons avec Corneille ou avec Voltaire. […] S’il y a cent volumes inédits de Victor Hugo, il faut les publier, pour que la postérité ait son jugement à elle, que nous n’avons pas le droit de lui dicter, même par voie d’omission. […] Elle a déjà subi l’épreuve du jugement de la postérité ; car la postérité commence pour nous à la génération qui suit celle dont nous sommes, et, quoique mourant presque jeune, Augier a débuté de si bonne heure que l’Aventurière a déjà plus de quarante ans d’existence et tout autant Gabrielle ; et le Gendre de M.  […] Et la coquette de village, un peu légère mais de cœur droit, et qui est guidée dans la vie et dans ses jugements par l’horreur de la tromperie ; un peu plus fantaisiste, à peine un peu plus, mais très vraie encore, ce me semble. […] Aussi de la conclusion de l’affaire criminelle, du jugement du conseil de guerre, pas un mot.

1853. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Cowper prend le premier sujet venu, celui que lady Austen lui a donné au hasard, un sofa, et il en parle pendant deux pages ; puis il va où son courant d’esprit le conduit, décrivant une soirée d’hiver, quantité d’intérieurs et de paysages, mêlant çà et là toutes sortes de réflexions morales, des récits, des dissertations, des jugements, des confidences, à la façon d’un homme qui pense tout haut devant le plus intime et le plus aimé de ses amis. […] Ils s’étaient trouvés copistes trop minutieux et moralistes trop décidés, incapables des grandes divinations et des larges sympathies qui ouvrent l’histoire ; leur imagination était trop littérale et leur jugement trop arrêté.

1854. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et tous ces gens qui se piquent d’ironie lorsqu’il est question d’idée pure, du culte de la beauté, du respect des héros, de toutes ces choses si sacrées, ne craignent pas d’avancer les affirmations les plus outrées, d’oser les jugements les plus ridicules quand il s’agit de louer quelqu’un de connaissance, les habitués de leur parlote, les auteurs de leur entourage. […] Nous regretterons que Proudhon se soit laissé aller à des jugements assez discutables et malheureux, à des invectives et des diatribes dont la violence exclut souvent toute raison.

1855. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Il faut se défier des jugements hâtifs. […] D’autres que moi, Lilie par exemple, ou une autre, la première venue qui possédera ou du jugement, ou de l’ambition, ou de l’innocence, t’aimeraient à cause de tes mérites. […] Le jugement dernier, à supposer que l’Éternel y fasse une place à l’interrogatoire des témoins, sera un tissu d’iniquités.

1856. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

La Nouvelle échappe à ces conclusions et à ces jugements. […] Balzac, dont les jugements critiques sont toujours si intelligents, distribuait les œuvres de son époque en deux groupes qu’il appelait celui de la littérature d’idées et celui de la littérature d’images. […] Elles sont, à mon jugement, parmi les plus belles dont puisse s’enorgueillir notre littérature mystique. […] Bonne ou mauvaise, il a une esthétique, et qui ne laisse pas son jugement tout à fait indépendant. […] — Cette faiblesse de jugement pouvait devenir un correctif de cette vanité exaspérée.

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