/ 2137
358. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il montait, il planait, il décrivait des cercle, il se jouait avec une liberté et une puissance qui rappelaient le vol de l’aigle. […] Un ange descendu des voûtes bleues y jouait avec le diable des âmes aux dés. […] Il joua dans le Paris de M.  […] Georges était faite à la taille des tragédies d’Eschyle ; sur le théâtre de Bacchus, elle eût, dans l’Orestie, joué Clytemnestre sans cothurne. […] En ce temps-là, pour jouer ces œuvres hardies, il y avait un quatuor sublime : Frédérick Lemaître, Bocage, mademoiselle Georges, madame Dorval.

359. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Nous autres Lausannais qui jouons la comédie, nous sommes du pays roman et point Suisses. […] Je fis la partie d’un des princes cadets qui jouait !!! […] Il y a aussi des Anglais qui s’enivrent et qui jouent au pharaon. « À propos de pharaon, j’y ai joué deux fois : j’ai perdu peu de chose ; mais je crains de m’y laisser entraîner, et, pour prévenir toute séduction, je vous envoie un engagement solennel de ne plus jouer aucun jeu de hasard ni de commerce entre hommes d’ici à cinq ans. […] Je suis peut-être aussi sot à présent, mais au moins je ne me pique plus de veiller, de jouer, de me ruiner, et d’être malade le jour des excès sans plaisir de la nuit.

360. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

En décembre 1774, à Fontainebleau, où tous les soirs la reine tient son jeu, « l’appartement, quoique vaste, ne désemplit pas… La presse est telle, qu’on ne peut parler qu’aux deux ou trois personnes avec lesquelles on joue ». […] Quand le roi tient « grand appartement », lorsqu’il donne à jouer ou à danser dans la galerie des glaces, quatre ou cinq cents invités, l’élite de la noblesse et de la mode s’ordonnent sur les banquettes ou se pressent autour des tables de cavagnole et de tri173. […] À Choisy, écrit la Dauphine188, « depuis une heure où l’on dîne, on est jusqu’à une heure du matin sans rentrer chez soi… Après le dîner, l’on joue jusqu’à six heures, que l’on va au spectacle qui dure jusqu’à neuf heures et demie, et ensuite le souper ; de là encore jeu jusqu’à une heure et même la demie quelquefois ». […] Par exemple, Harcourt en Normandie et Brienne en Champagne sont deux des châteaux les mieux habités. « Il y vient de Paris des personnes considérables, des hommes de lettres distingués, et la noblesse du canton y fait une cour assidue217. » Il n’y a pas de résidence où des volées de beau monde ne viennent s’abattre à demeure pour dîner, danser, chasser, causer, parfiler, jouer la comédie. […] M. de V., qui avait la promesse d’une lieutenance du roi ou d’un commandement, la cède à l’un des protégés de Mme de Pompadour, et obtient en échange le rôle d’exempt dans Tartuffe que des seigneurs de la cour jouaient dans les petits cabinets devant le roi.

361. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

LES REPRESENTATIONS DU DRAME joué le 12 février 1835 à la Comédie-Française. […] Le lord-maire est bien le protecteur empesé, sot, confiant en lui-même, et ces deux rôles sont largement joués. […] Elle nous regarda un moment, trembla longtemps, me sourit un peu, et se remit à jouer. […] « — Voyez-vous, il y a un mois qu’elle joue cette partie-là, me dit le chef de bataillon ; demain, ce sera peut-être un autre jeu qui durera longtemps. […] — Allons, ma fille, joue toujours, va, ne t’inquiète pas de nous ; fais ta volonté, va, Laurette !

362. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

ChroniqueLes Wagnéristesao Les Maîtres Chanteurs continuent, à Bruxelles, d’être joués devant un public nombreux. […] Mais, en ce mois de mars, non à propos, seulement, des Maîtres, de Tristan, le nom de Wagner a été cité : à propos, encore, de choses où le wagnérisme n’a point sa part, ni la musique. — Une vieille comédie a été jouée, très vieille, très plaisante : chaque fois qu’un musicien produit un opéra, les feuilletonnistes la reprennent, d’accord avec le public : le wagneriste malgré lui. […] En 1849, Lohengrin était prêt pour être joué à l’Opéra de Dresde, quand la révolution bouleversa l’Allemagne ; Wagner était parmi les insurgés ; il fut proscrit, et s’enfuit en Suisse. […] Lorsqu’une troupe allemande vint jouer la Tétralogie à Bruxelles, le jour où l’on donna Siegfried, un grand nombre d’auditeurs rentrèrent chez eux avec des maux de dents ou des maux de tête qui furent suivis, pendant la nuit, de saignements de nez prolongés. Les Maîtres Chanteurs agissent plutôt sur l’estomac… Il est vrai qu’il y a une saucisse qui joue un grand rôle au dernier acte.

363. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Un homme de mérite me paraît jouer en cette occasion le rôle d’Achille à la cour de Scyros ; heureux quand il peut trouver un Ulysse assez habile pour l’en tirer ; mais où sont les Ulysses ? […] C’est là sans doute le plus beau rôle qu’on puisse jouer auprès des hommes. […] Ce dernier rôle est le plus bas que puisse jouer un homme de lettres. […] C’est ce qui fait que le rôle des gens de lettres est, après celui des gens d’église, le plus difficile à jouer dans le monde ; l’un de ces deux états marche continuellement entre l’hypocrisie et le scandale ; l’autre entre l’orgueil et la bassesse. […] Elle se joue également de l’injustice de la fortune et de celle des hommes ; elle produit des génies rares au milieu d’un peuple barbare, comme elle fait naître des plantes précieuses chez des peuples sauvages qui en ignorent la vertu.

364. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Ne raconte-t-on pas que, s’étant, jeune homme, rencontré à Mozart, il quitta le piano, dans une mauvaise humeur, après, avoir joué, sur l’invitation du maître, une sonate ; et que, alors, pour se faire mieux connaître, il demanda la permission de s’abandonner à une libre fantaisie ; ce qu’il fit, nous dit-on, avec une telle expression, que Mozart émerveillé, déclara, se tournant à ses amis : « Le monde entendra parler, quelque jour, de cet homme !  […] Mais Beethoven, jamais, ne voulut rien, sinon la seule chose qui, désormais, lui devait plaire : se jouer, en Charmeur, avec les formes de son Univers intérieur. […] « Soyez avec moi, aujourd’hui, dans le Paradis » ; qui n’a pas cru entendre, à lui criées, ces paroles de rédemption, lorsque devant lui était jouée la Symphonie Pastorale ! […] Toute la Douleur de l’Être vient se briser devant cet extraordinaire Contentement, qui la reprend, et se joue avec elle. […] L’Innocence, rachetée, se joue avec l’aiguillon inerte du Péché, maintenant expié ; la Conscience, délivrée, se joue avec son Tourment qui, maintenant, l’a quittée.

365. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Parsîfal fut joué, du 26 juillet au 29 août 1882. […] Il a revu, par ce regard, l’essence intérieure du Monde ; et maintenant, il fait jouer aux Cordes une Danse nouvelle, mais telle que le Monde n’en a point entendu (Allegro final) ; car c’est la Danse du Monde lui-même ; joie sauvage, plaintes douloureuses, ravissements amoureux, suprêmes délices, gémissements, transports furieux, jouissances éperdues, et souffrances ; tout cela passe comme des éclairs, dans une tempête ; et, dominant tout cela, l’extraordinaire Ménétrier, qui retient et gouverne ces choses, reste, ferme et fier, tout entier, s’appuyant à l’abîme de la Réalité. […] Aussi Beethoven a-t-il suivi la route de Haydn ; il a pris des motifs de danse populaires ; mais au lieu de les faire servir pour la distraction d’une table princière, il les a joués — dans un sens idéal — au peuple lui-même. […] C’est avec une danse de paysans hongrois qu’il s’est joué, dans le final de la Symphonie en La ; mais il a joué cette danse à la Nature entière ; et celui qui pourrait assister à cette Danse idéale, croirait voir, devant lui, une planète nouvelle, entraînée dans un extraordinaire tourbillon. […] Jamais l’art le plus élevé n’a créé une chose plus simple que cette mélodie dont l’innocence enfantine nous pénètre comme d’un frisson sacré, lorsque nous entendons le thème, d’abord, joué à l’unisson, en des murmures uniformes, par les instruments de basse de l’orchestre de cordes.

366. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

De ces nouvelles, la seconde est, probablement, fausse ; la première paraît, aujourd’hui, assurée : dès le mois de novembre, Lohengrin serait joué, par MM.  […] Enfin donc, Paris, après les autres villes de l’Europe et de l’Amérique, connaîtra les œuvres de Richard Wagner : les œuvres de Richard Wagner seront jouées a Paris ; Lohengrin, Tannhaeuser, le Vaisseau fantôme, les Maîtres Chanteurs ; et tous ces opéras auront, à l’Opéra-Comique, ou en quelque théâtre subventionné, le bon succès, très mérité. Et l’on y voudra jouer aussi, Tristan et Isolde, la Walkure, le Crépuscule des Dieux ; avant peu de temps, la représentation de Tristan à l’Opéra-Comique sera discutée, comme, aujourd’hui, celle de Lohengrin ; mais elle ne sera pas faite. […] Il est pourtant facile de se rendre compte de l’admiration, de l’enthousiasme toujours croissant que causent, depuis bientôt vingt ans, les œuvres naguère les plus discutées, même en Allemagne : on les y joue de plus en plus, et elles triomphent non seulement à Vienne, à Munich, à Berlin, mais encore dans quantité de petites villes possédant de vrais théâtres d’opéras, où elles sont aujourd’hui interprétées dans la perfection. […] Les voix y jouent le rôle d’instruments humains, le texte sert, seulement, à revêtir les morceaux d’un caractère religieux plus défini.

/ 2137