c’est de l’ironie, du lyrisme qui s’arrête pour sourire de soi, de la tendresse qui hésite, un rire qui se détourne pour ne pas pleurer ; c’est de la sensibilité qui dit : « Tu sais, je blague », pendant qu’elle frissonne, et c’est de la gaîté tout de même — et une gaîté qui chatouille, qui enveloppe, qui emporte ; c’est de la joie, de la joie philosophique.
Les joies de l’enfance et les joies de Dieu dans un même cœur ! […] Peut-être aussi reprendrai-je seul ce sentier, pour ne plus jamais le revoir avec joie. […] Herman cache son secret et sa joie dans son cœur. […] Herman avait entendu avec joie la dernière question que lui avait adressée la jeune fille. […] Elle avoue son penchant pour Herman et sa joie secrète quand elle l’a vu revenir près d’elle à la fontaine.
La joie ou l’angoisse étreignent l’âme : c’est la triomphante extase de passion, l’extase fougueuse et brève que les amants connaissent, aux rares minutes de l’amour. […] Les sons n’ont pu davantage, à l’origine, signifier les douleurs ou les joies que les mots n’ont pu signifier leurs notions correspondantes. […] Bientôt, s’épandent les nuances ; les émotions deviennent plus subtiles ; à chaque moment correspondent des joies, des douleurs spéciales. […] C’est l’anéantissement en joie et en douleur dans la passion fatale. […] Tout le frissonnement, tout le bouillonnement des joies et des souffrances endurées s’émeut dans l’orchestre, où tourbillonne éperdument l’essaim des mélodies entendues depuis le premier acte.
Il en fut de même un moment après, pour son ventre, qu’il fallut tâter ; et il fit défiler chaque médecin, chaque chirurgien, chaque apothicaire, se soumettant avec joie à la visite, et les appelant toujours l’un après l’autre et par ordre. […] Quelques personnes de l’intérieur prirent aussi part à cette joie, et presque tout le monde se dit dans le premier moment : « Voilà qui va bien ; c’est l’affaire de neuf jours et d’un peu de patience. » Je n’étais point de l’avis de tout le monde, et, sans dire le mien, je dis à Bordeu : « Écoutez ces messieurs qui sont charmés parce que le roi a la petite vérole. »— « Sandis ! […] Cependant la joie qu’avaient eue MM. de Bouillon et d’Aumont, en apprenant que le roi avait la petite vérole, ne dura pas longtemps. […] La joie était grande parmi les ennemis de sa maîtresse ; on la voyait chassée dans la journée, on voyait tout le tripot dispersé, anéanti, écrasé, et chacun, se forgeant à son gré sa chimère la plus agréable, voyait le ministère présent succédé par lui ou par ses amis. […] Ils nageaient dans la joie, et cette joie n’était troublée alors par aucune inquiétude.
Ainsi chante Francis Vielé-Griffin qui, restreignant l’Amour à la seule joie contemplative, se garde, comme Stéphane Mallarmé, du parfum de tristesse Que, même sans dégoût et sans déboire, laisse La cueillaison d’un rêve aux doigts qui l’ont cueilli. […] Remy de Gourmont nous invite à retrouver la joie païenne, l’innocence première, à chercher le repos dans la pure délectation sensuelle. […] Il flotte toujours, autour de ses joies, une odeur de carnage et de bûcher, un reflet des brasiers de l’enfer. […] Ils ont ce roidissement fanatique de l’Hérodiade de Mallarmé : « J’aime l’horreur d’être vierge… » C’est déjà une noble ambition que de vouloir départager, comme ils le font, les joies de l’âme et celles du corps, mais la mesure est insuffisante. […] En vain s’essayent-ils à nous convaincre de leurs reins solides et de leurs joies satisfaites à barboter dans le bourbier des paillardises.
Autour d’eux, en dehors de leur défiant et sinistre langage, tout, dans l’expression et dans le rhythme, est entraîné, interrompu, coupé, comme la joie et la douleur. […] « J’ai frémi d’amour124 ; je me suis laissé ravir à la joie. […] Celui-là porta la ruine chez les hommes ; celui-là ne m’a laissé le plaisir ni de me couronner de fleurs, ni de savourer la coupe profonde, ni de prolonger la douce harmonie des flûtes et les joies de la nuit. […] Si quelqu’un chemine avec insolence en actes ou en discours, sans crainte de la justice, sans respect pour les autels des Dieux, que la mauvaise fortune le saisisse, pour prix de ses misérables joies ! […] Et c’était le Chœur des Bacchantes d’Euripide qui, dans le palais de Sapor, devait un jour mêler une sorte de délire poétique à la joie des barbares vainqueurs d’une armée romaine.
Le vicomte de Guerne s’est assis d’abord parmi les chevriers ; d’antiques idylles ont chanté par sa voix, à l’aube, à midi, jusqu’au soir, non qu’il niât l’ombre où se débattent les spectres de misère et de douleur, et dans les conseils À un jeune poète, il souhaite qu’en pleine joie même l’œuvre s’assombrisse : Ainsi qu’une forêt où se taisent les nids, Tandis que, secoués de frissons infinis, Plus haut que l’ouragan qui burle et se lamente, Les chênes orageux grondent dans la tourmente. […] C’est pour nous, au contraire, une vive joie de pouvoir admirer, dans un aîné, une aussi ferme conscience d’artiste qui ne défaut point aux pins périlleuses tentatives.
» Il dit ; Satan plein de joie… s’élève avec une nouvelle vigueur ; il perce, comme une pyramide de feu, l’atmosphère ténébreuse… Enfin l’influence sacrée de la lumière commence à se faire sentir. […] Guidé par ces mobiles blancheurs, Satan, comme un vaisseau longtemps battu de la tempête, reconnaît le port avec joie, et glisse plus doucement sur les vagues calmées.
Quelle joie de le voir et de le voir si beau ? […] Son père qui a l’air d’un bon homme ; sa mère, pénétrée d’une joie qu’elle ne peut contenir.