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396. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

C’est ici l’unique joie de la femme. […] … Espérons… » Sur quoi Mme Valmore, se mettant à son unisson, s’efforçait de relever son courage, d’évertuer sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes, de l’égayer par des images simples, qui rappellent les beaux jours et les joies de l’enfance : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie. […] «  Avant-hier, dans la nuit, j’ai eu le bonheur de rêver à toi et de t’embrasser avec une effusion d’amitié et de joie si vive, que je m’en suis réveillée. — Nous allions au-devant l’une de l’autre les bras ouverts.

397. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Si pourtant il en avait une, ou plutôt si, de la façon dont il conte les choses, on voulait induire ce qu’il y considère avec le plus de complaisance, on trouverait que la joie de voir et de faire triompher l’esprit anime toutes les parties de l’ouvrage. […] Les points extrêmes où nous conduisent toutes ces aventures de bourgeois et de vilains sont à peu près Decize, Avranches, Anvers et Cologne : mais la scène le plus souvent est située quelque part entre Orléans, Rouen, Arras et Troyes, en pleine terre française, champenoise et picarde, dans toutes ces bonnes villes et villages où l’homme ne peut ni se passer de la société de son voisin, ni s’abstenir d’en médire, où, tout aux soucis et aux joies de la vie matérielle, pourvu qu’il ait de bons écus dans sa bourse et de bon vin dans sa cave, l’esprit libre et la langue alerte, il se moque allègrement du reste, qu’il ignore. […] Nous apprenons comment se jouait une partie de dés au xiiie  siècle, de quels cris de joie ou de colère les joueurs saluaient le point qu’ils amenaient, et que le perdant jurait par le corps de Dieu ou des saints.

398. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Poète de cour, il refléta l’esprit et les besoins de la cour, hors de laquelle il ne pouvait vivre en joie. […] Tout en lui tend à la joie, et a la joie de sa compagnie, sans laquelle la sienne ne saurait subsister.

399. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale 57 Ce doit être une chose agréable que d’être prince, non pas roi ou empereur (ceux-là ont de trop lourdes servitudes, s’ils ont peut-être des joies d’orgueil plus intenses), mais grand seigneur porteur d’un grand nom historique, prince en retraite dans une démocratie et, si vous voulez, vaguement prétendant. […] S’ils ont leurs orgueils que nous ne connaissons pas, il est aussi des fiertés dont ils ne pourront jamais goûter la joie d’une âme parfaitement tranquille. […] Dans ce récit fort bien fait, très clair, malgré la multiplicité des détails, emporté d’un beau mouvement et comme traversé d’un souffle de joie héroïque, le duc d’Anguien est toujours en scène, toujours au premier plan ; c’est lui qui fait tout, et tout tourne autour de lui.

400. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Les traits de la jeune fille s’éclairent de joie. […] Si l’anecdote était authentique, nous craindrions bien que, dans cette circonstance, Molière n’eût encore été qu’imitateur : ces fausses lettres, faisant succéder rapidement les impressions de chagrin et de joie, fournissaient un trop excellent prétexte à la pantomime, pour n’avoir pas été exploitées par les artistes italiens. […] La même phrase sert de conclusion aux deux œuvres ; voyez pourtant quel contraste : Et, pour tout dire enfin, jaloux ou non jaloux, Mon roi, sans me gêner, peut me donner à vous, dit Done Elvire, et Dom Garcie s’écrie : Ciel, dans l’excès des biens que cet aveu m’octroie, Rends capable mon cœur de supporter sa joie… !

401. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Quelle joie ce serait d’avoir sa fille à elle et chez elle, de faire rentrer dans sa maison, comme dans un nid, l’enfant exilé ! […] C’est une figure étonnamment vraie que celle de ce fils de joie : la ressemblance est exacte, pas plus exagérée qu’adoucie ; l’homme est modelé en pleine boue, sans grossissement et sans bavochure. […] Comme le dit madame Guichard, qui revient épanouie de joie : « Le Code est un bon garçon. » S’il ne permet pas toujours à ceux qui ont fait des enfants de les reconnaître, en revanche, il donne le droit à ceux qui n’en ont pas de reconnaître les enfants des autres.

402. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Les populations d’alentour prenaient part à ces joies par des chants et par des danses ; on était alors dans les premières douceurs de la paix de Ryswick. […] Mme la duchesse du Maine, a dit Fontenelle, voulait que, même dans les plaisirs, il entrât de l’idée, de l’invention, et que la joie eût de l’esprit. […] Elle nageait, dit Saint-Simon, dans la joie de sa future grandeur.

403. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

J’avoue que je ne le pus voir sans penser à eux, et que, dans ma joie, je sentis que la sienne me donnait du chagrin. […] La première Fronde, celle de 1648, ne lui fournit pas l’occasion de s’émanciper encore, et son esprit se borna à donner cours à ses préventions qu’elle ne prenait pas la peine de dissimuler : « Comme je n’étais pas fort satisfaite de la reine ni de Monsieur dans ce temps-là, ce m’était un grand plaisir, dit-elle, que de les voir embarrassés. » Lorsque la reine et la Cour, sur le conseil du cardinal, quittèrent Paris pour Saint-Germain dans la nuit du 6 janvier 1649, elle se fit un devoir de les accompagner, bien qu’elle fût loin de partager leurs pensées et leurs vues : « J’étais toute troublée de joie de voir qu’ils allaient faire une faute, et d’être spectatrice des misères qu’elle leur causerait : cela me vengeait un peu des persécutions que j’avais souffertes. » La légèreté, le désordre et la cohue de cette cour de Saint-Germain sont peints à ravir par une personne aussi légère et frivole que pas une, mais qui est véridique et qui dit tout. […] Mademoiselle partit donc, dans la joie de son cœur de se trouver enfin en passe de faire quelque action extraordinaire et de conquérir de la gloire.

404. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Qu’il prodigue au vallon les fleurs     La joie à la chaumière, Et garde des vents et des pleurs     La ferme et la fermière ! […] Le caractère propre de la muse populaire, c’est qu’elle soit avant tout pacifique, consolante, aimante ; que la chanson de chaque métier, par exemple, en exprime la joie, l’orgueil même et la douce satisfaction ; qu’elle en accompagne et en soulage le labeur ; qu’elle en marque les moments et les rende plus égayés et plus légers. […] Pierre Dupont aussi a bien compris et vivement rendu cet esprit de joie, d’émulation et de sympathie, dans sa Chanson de la soie, dans celle du Tisserand et dans d’autres.

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