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157. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Joie de mes souvenirs ! […] Quelle joie il eût trouvée dans ce triomphe ! […] La jeunesse même misérable s’obstine à l’amour, à la joie, à l’idéal. […] Que de trésors, que de beauté, que de joie !  […] Ce sera non seulement une joie pour eux, mais un devoir.

158. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Les vilains ont la leur, image de leur pauvre existence et de leurs joies vulgaires comme leurs misères. […] Les bruyantes communes picardes se donnent la joie de la poésie dramatique.

159. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

D’abord, tout cet appareil compliqué, précis, luisant et froid ; ces multiples et fins instruments faits pour couper, percer, pincer, brûler, scier, limer, tordre, et qui éveillent en nous l’idée de sensations atrocement aiguës et lancinantes ; puis cette pauvre nudité exposée sur le lit opératoire, et qui (nous y pensons fraternellement) pourrait être la nôtre ; ce mystère violé de nos plus secrets organes ; cet aspect de corps éventré sur un champ de bataille ; la vue du sang, et des entrailles ouvertes, et des plaies béantes et rouges, vue qui serait insoutenable si le malade sentait, mais qui n’est que suprêmement émouvante puisqu’on a la certitude qu’il ne souffre pas et l’espoir que, en se réveillant, il aura la joie infinie de se savoir affranchi de la torture ou de la honte de son mal ou de son infirmité… Et ce spectacle est aussi très bon pour l’intelligence. […] * * * Puisque j’ai dû au docteur Eugène Doyen quelques-unes de mes émotions les plus rares — émotions artistiques, car le bon sorcier était beau à voir ; il respirait la force et la joie dans sa fonction salutaire et sanglante, et je sentais le « drame » conduit par une main délicate et forte, et cette main elle-même dirigée par une intelligence audacieuse et inventive ; — puisque, d’autre part, ce poète du scalpel m’apparaît comme un des hommes les plus évidemment prédestinés à diminuer parmi nous la somme du mal physique, pourquoi ne vous le dirais-je pas ?

160. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il nous semble pourtant qu’il n’y avait pas lieu en cette occasion de s’abandonner à un tel excès de joie. […] Si l’on regarde sa vie, ce sont des alternatives sans raison de joie emportée et de découragement sinistre. […] Il part donc, — et avec quelle joie secrète ! […] Et il faut entendre sa joie quand le sucre est en hausse ou sa colère quand le café baisse ! […] Mais, au milieu des larmes, votre vue inondait mon cœur de joie.

161. (1914) Une année de critique

C’est pourquoi il lui fut donné de savoir pénétrer leurs pensées, mesurer leurs douleurs et leurs joies. […] Juillet, que cette joie ne se laissait pas traverser. […] Il excellait à jouir des fragiles biens de ce monde, de toutes les joies inoffensives de l’esprit et de la chair. […] Elle se donne avec une ardeur désespérée ; mais l’auteur ne nous cache point qu’à ce moment elle participe aux joies qu’elle dispense. […] Écrire, mais ce doit être une joie !

162. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

À travers tout, une joie intérieure l’illumine. […] Les misères, les déceptions, les douleurs exorbitantes et ininterrompues amènent peu à peu une sorte de renoncement ; et le renoncement est, comme vous savez, la condition de la joie véritable. […] Ce monsieur a goûté de secrètes joies (chose étrange) à ajouter pour quelques jours, à l’énorme et tragique somme d’erreurs dont pâtit l’humanité, une erreur infime et totalement insignifiante ; et il a joui de cette pauvre petite erreur où il m’induisait, uniquement parce que c’était tout de même une erreur. […] Je constatais qu’à travers tout une joie intérieure l’illuminait, et que le secret optimisme de cette martyre était renversant, et j’en cherchais les raisons… Mais il y en a d’autres que celles que je vous ai déjà dites ; et ce n’est pas seulement de l’excès même et de la continuité de sa déveine que lui vint son extrême sérénité. […] » (Avons-nous, jamais, nous autres cœurs secs que nous sommes, vu Mme de Staël dans nos songes, et avons-nous tressailli de joie à l’idée de retrouver cette dame au Paradis ?

163. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

En somme le Canto novo est un hymne à la joie. […] À toi la joie, ô mon Hôtesse ! […] Je veux te couronner de toutes les fleurs, afin que, transfigurée, tu célèbres la joie, la joie, la joie, cette invincible créatrice. […] Va sans joie. […] Joie de vivre !

164. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

monsieur, dans ce silence de tout un peuple qui retient son haleine en attendant la voix qui doit commander la mort d’un homme, vous me croirez si vous voulez, mais je ne crois pas avoir pâli ; la joie de l’idée qu’en mourant je mourais pour lui me possédait seule, et j’attendais le commandement de feu avec plus d’impatience que de peur ! […] quelle joie ce fut dans la maison ! Le père Hilario le baptisa et lui donna le nom de Beppo, qui veut dire « joie dans les larmes. » De ce jour, j’eus deux soucis au lieu d’un, et je l’emportai partout avec moi pour le faire sourire à son père en le tenant sur le rebord extérieur de la loge ; quelquefois même il passait ses petites mains à travers la grille et jouait avec les chaînes d’Hyeronimo ; je l’endormais, je l’allaitais, je riais avec lui. […] Les caresses de ce pauvre animal m’attestèrent une fois de plus combien il prend part aux douleurs et aux joies de l’homme.

165. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Le récit de la joie causée à Marly par la nouvelle de la victoire d’Almanza est à lui seul un vivant tableau. […] Pour Monseigneur le duc de Bourgogne, qui est, je crois, un peu sujet aux distractions, je m’étonne que, dans les premiers moments de sa joie, il ne prît pas quelque dame pour une bille, et qu’il ne lui donnât pas un coup du billard qu’il avait à la main. […] Mme de Maintenon, en lisant cette version de son propre récit, avait raison de dire à Mme des Ursins : Je voudrais que la relation que je vous ai faite de notre joie sur la bataille d’Almanza fût aussi vive que l’idée que vous vous êtes faites de ce qui se passa dans mon cabinet ; vous l’avez mieux compris de Madrid que je ne l’ai vu, et vous en faites une peinture que je ne pourrai m’empêcher de lire aux personnes qui y ont pris part. […] Il n’y a jamais de noirceurs dans tout ce que vous dites, mais il y a présentement une joie qui me donne toute celle dont je suis capable ; il faut, pour la rendre complète, que nous ayons la paix, et à des conditions dont je sois contente ; vous verrez, après cela, madame, de quelle humeur je serai.

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