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376. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Si on vous disait : « Pendant le siège de Mons, la jeune noblesse en quittant Paris laissa bien des aventures galantes et des liaisons de cœur ; il y eut de belles affligées qui bientôt se consolèrent ; on s’écrivait des billets avant et après le siège, mais le retour pour plusieurs ne fut point aussi heureux que l’avait été le départ » ; si on vous disait cela, on ne vous apprendrait rien qui ne soit facile à supposer et qui n’ait dû être ; mais si l’on ajoutait : « Il existe une trentaine de lettres écrites par l’un de ces cavaliers de l’état-major du roi à une jeune dame de la Cour, qui fut persuadée, touchée, tendre à son égard, puis volage », on voudrait lire ces lettres : eh bien, le marquis de Lassay nous les a conservées. […] Il n’était déjà plus jeune, il avait quarante-deux ans (1694) lorsqu’il s’éprit plus au sérieux d’une jeune personne jolie, spirituelle et très capricieuse, fille naturelle de M. le Prince et légitimée par lui. […] On lui reprochait dès longtemps de se mêler trop aux plaisirs de M. le Duc (son demi-beau-frère) et d’avoir été pour ce jeune prince le contraire d’un mentor. […] Il avait retrouvé une amie sincère, véritable et tendre, dans une personne bien plus jeune que lui, dans Mme de Bouzols, fille de M.  […] Quand la langue est restée pure, elle permet de ces acceptions heureuses et justes, trouvées en passant et sans qu’on appuie trop. — Il y a bien des années, un jeune écrivain, depuis célèbre, M. 

377. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Tu nourris le jeune platane Sous ma fenêtre sans rideau, Et de sa tête diaphane À mes pleurs tu fais un bandeau. […] Je vous ai tous quittés si jeune que je sais peut-être moins que vous de notre origine. […] « Il a rencontré dans l’escalier une jeune ombre qu’il a prise pour Kitty-Bell, — voilà tout. […] « La mère a tout avoué à Mme Duchambge, qui est venue comme une flèche pour me faite courir après vous, — car le jeune musicien veut se tuer. […] Il faut l’en empêcher pour sa mère : — c’est affreux, affreux de voir mourir jeune, et de rester… » Ses deux filles étaient mortes quand elle écrivait cette lettre85, et Ondine depuis quelques mois seulement.

378. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

M. de Saint-Mauris, qui avait eu ses prétentions sur cette jeune dame, prit de l’ombrage et fit en sorte que son prisonnier n’allât que le moins possible à Pontarlier. […] M. de Monnier, aussi jeune que M. de Saint-Mauris, quoi qu’en dise celui-ci, est certainement plus aimable. […] M. de Montperreux, jeune militaire, plus avantageux et plus hardi que M. de Sandone, a dirigé ses attentions du côté de la marquise, et il a mieux réussi à s’attirer d’elle un retour. […] La coutume du pays lui permet de disposer de son bien, toute jeune qu’elle est ; elle a donc fait son testament en faveur d’une amie (Mme de Saint-Belin), et, au premier éclat qu’elle attend, elle est résolue de s’ensevelir dans un cloître. […] À votre âge on n’est pas l’ami d’une jeune femme, et je ne veux point être votre maîtresse.

379. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Si, trop jeune, il n’avait pas combattu à Salamine, il avait paru dans le chœur d’adolescents qui chanta l’hymne de cette grande journée sur la place publique d’Athènes. […] Sophocle avait fait une ode adressée à Hérodote, sans doute l’immortel historien, celui dont les récits lus à Olympie excitaient les larmes jalouses du jeune Thucydide. […] Laissé près de la veuve et du jeune enfant d’Ajax, le Chœur les protège de sa plainte, tandis que l’enfant lui-même garde le corps de son père. […] Mais, j’ai encore à célébrer une autre gloire de cette ville, le don magnifique d’un Dieu puissant, l’orgueil de cette terre si riche de ses coursiers, de ses jeunes poulains et des flots de la mer. […] Aussi les vignes, les jeunes figuiers et nos plantes de toutes sortes sont heureuses et riante tes du bonheur de te revoir. » Mais la plus libre, la plus singulière de ces effusions lyriques, est sans doute celle qui se mêle aux scènes fabuleuses de la comédie des Oiseaux.

380. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Le jeune Daru fit ses études à Tournon, chez les pères de l’Oratoire. […] Pour rendre son français plus agréable, il a sacrifié la période de Cicéron ; il a coupé, retourné les phrases de son modèle, ce qu’au contraire a voulu éviter le jeune traducteur, plus fidèle à l’ordre et au tour périodique du latin. Je n’ai point à entrer dans ce procès ; mais c’est ainsi qu’à l’âge de vingt et un ans le jeune élève commissaire des guerres était de force à tenir tête aux champions de la critique universitaire d’alors, et avait un pied solide dans la littérature classique. […] De même qu’André Chénier, par La Jeune Captive, nous a donné l’élégie dans une prison pendant la Terreur, on aurait eu l’épître horatienne née dans une prison du même temps. […] Ce que je sais, c’est qu’à un jeune écolier qui, en 1818, se trouvant le premier de sa classe, dînait ce jour-là à la table de son chef d’institution, Picard, ami de ce dernier, et qui était du dîner, disait gaiement : « Je vous fais mon compliment, jeune homme !

381. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

M. de Pontmartin appartient à la génération littéraire qui a suivi immédiatement la nôtre, et qui a été la première à nous faire apercevoir que nous n’étions plus très jeunes. […] Marbeau, l’arbitre de la séparation conjugale ; celui-ci a repris son front de juge ; la contrainte succède, un froid mortel a gagné tous ces jeunes cœurs. […] Il doit faire des observations à son jeune pupille, lui représenter les inconvénients d’une belle-mère qui est sortie des voies sociales communes, et qui s’est fait un nom admiré des uns, insulté des autres : ……….Onerat celeberrima natam Mater………………. […] Mais après cela, je le demande, si le résultat est favorable à la charmante et pure jeune fille, y a-t-il dans nos mœurs modernes bourgeoises (il faut le dire à leur honneur) un obstacle raisonnablement invincible à ce que Jules Daruel, le jeune avocat distingué, épouse cette belle enfant si bien élevée, Aurélie, et qu’elle devienne la plus honorée comme la plus aimable des épouses et des mères ? […] Une châtelaine voisine, des plus méchantes, qui a jeté ses vues sur le fils du marquis, Emmanuel, pour en faire son gendre, et qui entrevoit une rivale à sa fille dans la jeune Parisienne, sème les propos, les calomnies ; pour les faire cesser, le marquis, accompagné de son fils, vient demander Aurélie en mariage à son père.

382. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Riche propriétaire du pays, il y a été élevé et y a passé son enfance, sa première jeunesse ; il y est revenu après une assez longue absence, pour ne plus le quitter ; il est marié, il a une femme jeune encore et sérieuse, et deux enfants ; il a tout l’extérieur du bonheur. […] Olivier, qui est du pays et qui a dans la ville son oncle et deux jeunes cousines, invite Dominique à venir passer dans sa famille, à l’hôtel d’Orsel, les journées de congé, et nous entrevoyons une complication naissante. […] D’un autre côté, Augustin, l’ancien précepteur, jeune lui-même, établi à Paris où il lutte contre les difficultés d’un début, est un auteur pur, un publiciste acharné, un ambitieux d’idées et de principes. […] Je ne suis plus tout à fait juge ; il faut être jeune pour se bien mettre au point de vue de tels livres, quand ils sont, comme celui-ci, tout de sentiment : chaque lecteur alors ajoute, retranche, rêve à son gré, et devient proprement collaborateur dans sa lecture. […] Mais dans l’hôtel d’Orsel, c’est surtout aux hôtes, c’est aux jeunes et charmants visages qu’il fait attention, et il néglige volontiers le reste.

383. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Dans cette jeune école, en effet, au sein de laquelle fut un moment le centre actif de la poésie d’alors, il y avait des exclusions et des absences qui devaient embarrasser. […] Le vocabulaire habituel de son chant ne lui a plus suffi, et elle a trouvé plaisir et fraîcheur aux vieux mots rajeunis ou aux nouveaux hasardés : Une ceinture noire endeuille un jeune enfant. […] Ce n’est pas à dire pourtant que les Pleurs ne renferment pas des trésors ; la passion jeune et presque virginale y reparaît dans une auréole nouvelle ; l’amour malheureux y a des transes, des agonies et d’éternels retours, dont Mme Valmore est seule capable entre nos poëtes. […] Les amours étourdis, élégants, et là-dessous profonds peut-être, les jeunes et belles veuves, les pensionnaires à peine écloses d’Écouen et de Saint-Denis, les valeureux colonels de vingt-neuf ans, tout cela y est agréablement touché ; l’exaltation romanesque pour Joséphine, à propos du grand divorce, ajoute un trait et fixe une date à ces bouderies jaseuses. […] Mais elle dut bientôt s’engager pour Bruxelles, puis pour Rouen, où elle jouait les jeunes premières, elle y était fort goûtée du public.

384. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Il suffisait dans chaque ville de deux ou trois jeunes imaginations un peu vives pour donner l’éveil et sonner le tocsin littéraire. […] Voici pourtant une charmante pièce naturelle et simple, où s’exprime avec vague le seul genre de sentiment tendre, et bien fantastique encore, que le discret poëte ait laissé percer dans ses chants : LA JEUNE FILLE. […] Je heurtai démon bâton de houx à la porte secourable, et une jeune paysanne m’introduisit dans une cuisine enfumée, toute claire, toute pétillante d’un feu de sarment et de chènevottes. […] David le statuaire, qui allait visiter un jeune élève malade. […] Encore un printemps,  — encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poëte, parmi le monde, au front du vieux chêne parmi les bois !

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