Ce ne sont, il est vrai, que des jeux de l’esprit, mais des jeux très abusifs. Il en est aussi beaucoup d’autres qui ne peuvent produire ni bien ni mal ; ils ressemblent à ces jeux de commerce qui aident à passer le temps lorsqu’on n’est pas à même de l’employer.
On a beau jeu à signaler les erreurs de la critique. […] Quelquefois on dirait d’un jeu d’esprit, de trop d’esprit que rachète la réussite merveilleuse. […] Symbolistes et naturalistes, vers 1885 et dans les années suivantes, s’amusèrent au jeu d’étonner les badauds : et le jeune Paul Adam ne dédaigna point leur jeu. […] ce que nous appelions littérature, et qui était un jeu ?… Si le temps des jeux est fini !
Lièvre, à Lefèvre, la critique minutieuse, hostile ou fervente, de ces fragments, j’essaierai d’imaginer les « grands jeux » intérieurs que de tels débris nous révèlent et tout ensemble nous dérobent. « grands jeux », mais dramatiques. […] Le meilleur de Tellier n’est pas là, mais voici pourtant une jolie page qui fait écho à celle de Guigou : et qu’on ne dise point non plus que, funambulesque ou olympienne, une poésie sans pensée n’est qu’un jeu puéril. Car je me sens envie de répondre : " mais c’est la pensée, bien plutôt, qui est un jeu puéril, puisqu’elle ne mène à aucune certitude… (non. […] Qu’il s’agisse de Bourdaloue ou de Racine, une intelligence appliquée à l’analyse des passions joue exactement de la même manière ; mais les paroles, par où s’exprime ce jeu, rendent autre chose que ce jeu.
Ainsi les Romains et Romaines couraient aux combats de bêtes, aux jeux de gladiateurs.
Oublieux de leur foi trompée, tous y viennent ; le pas d’armes brille au complet ; mais, jeu du sort !
Sur l’accélération du jeu des cellules corticales De Quincey, Confessions of an Opium-Eater, p. 83 : « Une proche parente me conta un jour que, dans son enfance, étant tombée dans une rivière et ayant manqué périr, elle revit en un moment sa vie entière déployée et rangée devant elle simultanément comme dans un miroir, et qu’elle se trouva la faculté également soudaine d’embrasser ensemble le tout et chaque partie. » De Quincey et divers buveurs d’opium ont constaté sur eux-mêmes cette faculté de vivre mentalement, pendant un rêve de quelques minutes, une vie de plusieurs années et de plusieurs centaines d’années.
À ce jeu-là, on risque de dérouter d’abord son lecteur et de le lancer sur une fausse piste, d’où on le ramènera dans la vraie voie, déjà fatigué et de mauvaise humeur.
Dès que leur humeur est en jeu, ils n’ont d’égard ni pour les jeunes Littérateurs, ni pour eux-mêmes.
Est-ce avec une Métaphysique subtile & quintessenciée, des sentimens vagues & romanesques, le jeu d’une Pantomime insipide, les détails minutieux d’une décoration péniblement combinée, une Prose froide, ou des Vers symétriques, qu’on pourra se promettre de corriger les ridicules qui fourmillent aujourd’hui, & qui demandent plus de vigueur comique que n’en exigeoient ceux qui régnoient du temps de Moliere ?