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322. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Au lieu de choisir parmi ces parures, la plus riche ou la plus modeste, selon les besoins de la fête, il essaye successivement les rubis et les topazes, il jette sur les épaules de sa pensée un collier de perles qu’il n’attache pas, une rivière de saphirs et d’émeraudes qui ont le même sort, et toute cette prodigalité reste au-dessous de l’élégance. […] Castagnary Cet homme qui, par deux fois, en 1820 avec les Méditations, en 1847 avec l’Histoire des Girondins, a renouvelé les consciences et jeté les esprits dans une direction nouvelle, me paraît grand entre tous. […] L’épithète, chez lui, faite de grâce on d’éclat, sans rigide précision, semblait jetée négligemment sur le nom comme une parure légère ou somptueuse flottant au vent de l’inspiration.

323. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

je vous le déclare, il n’en restera pas pierre sur pierre 948. » Il refusa de rien admirer, si ce n’est une pauvre veuve qui passait à ce moment-là, et jetait dans le tronc une petite obole : « Elle a donné plus que les autres, dit-il ; les autres ont donné de leur superflu ; elle, de son nécessaire 949. » Cette façon de regarder en critique tout ce qui se faisait à Jérusalem, de relever le pauvre qui donnait peu, de rabaisser le riche qui donnait beaucoup 950, de blâmer le clergé opulent qui ne faisait rien pour le bien du peuple, exaspéra naturellement la caste sacerdotale. […] En prononçant ce mot d’un goût si juste et si pur : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre !  […] Les pharisiens lui jetaient des pierres 994 ; en quoi ils ne faisaient qu’exécuter un article de la Loi, ordonnant de lapider sans l’entendre tout prophète, même thaumaturge, qui détournerait le peuple du vieux culte 995.

324. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

» Cette lettre, bien expliquée, jette un grand jour sur l’histoire de madame Scarron ; tâchons donc de l’expliquer clairement. […] Aussi, sa réponse à une consultation faite sur une résolution arrêtée, fut qu’elle pouvait, sans scrupule, se charger de l’éducation secrète des enfants de l’adultère, parce que c’était jeter un voile charitable sur les fautes du roi et de madame de Montespan ; il ne voyait pas que c’était aussi jeter un voile d’officieuse complicité sur une habitude condamnable et contribuer à l’entretenir.

325. (1761) Apologie de l’étude

Digne imitateur de ce poète, qui exhortait les Romains à jeter dans la mer tout leur argent pour être parfaitement heureux, venez-vous nous conseiller, pour être plus heureux aussi, de mettre le feu à nos bibliothèques ? […] Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d’une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n’aurait pu m’apprendre ce que je suis, d’où je viens et où je dois aller ; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m’étonne le plus ici, c’est de m’y voir. […] Ayant ainsi appris à mes dépens qu’il ne faut montrer aux hommes, ni la vérité historique qui les blesse, ni la vérité philosophique qui les révolte, mais des vérités froides et palpables, qui ne donnent prise ni à la calomnie ni à la satire, je me suis jeté dans les sciences exactes, et j’ai fait enfin un livre dont on a dit du bien, mais qui n’a été lu de personne.

326. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

« Les visites fréquentes du roi à sa femme — dit Renée — le jetèrent dans une inquiétude extrême, et il n’imagina pas d’autre moyen d’échapper aux dangers qu’il entrevoyait que de tenir la belle Hortense dans un état de locomotion perpétuelle. […] D’autres préoccupations vinrent encore s’emparer de lui : il se jeta dans la dévotion la plus outrée ; il se fit des scrupules inouïs. […] Il ne se borna pas, comme Tartuffe, à y jeter son mouchoir : un marteau à la main, il parcourut, un beau jour, sa galerie, en brisant de ces beaux marbres ce qui choquait le plus ses regards.

327. (1893) Alfred de Musset

Que jetterons-nous donc à M. de Musset ?  […] N’est-ce rien que d’avoir maté l’orgueil d’une femme et de l’avoir jetée à ses pieds ? […] Je ne montai pas si haut pour m’en délivrer, et je me contentai de les jeter au feu. […] L’heure sonne enfin de jeter le masque. […] (Il se jette à genoux.

328. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Le plaisir si noble de dire des injures à des ennemis sans défense jette bientôt les Académiciens dans un transport poétique. […] Ces vérités sont très propres à éblouir les gens du monde, en ce qu’elles jettent un jour dangereux sur les impressions qu’ils vont chercher tous les jours au théâtre. […] Je l’avoue, ce manifeste me jette dans un grand embarras. […] Les esprits généreux, désespérant de la politique depuis les dernières élections, se sont jetés dans la littérature. […] 2º Il jette une défiance raisonneuse dans tous les cœurs.

329. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est avec ces matériaux si légers, si brillans, si propres à la Poësie, qu’Homère jeta les fondemens de sa gloire, & qu’il composa ces Ouvrages immortels, dans lesquels il déploya toute la grandeur & toute la beauté de son génie. […] parce qu’ils osent combattre la vérité par des argumens puisés dans les sources impures du mensonge, & qu’ennemis nés de la société ils se plaisent à jeter le trouble dans les ames foibles, pour les abandonner ensuite au tourment affreux du doute ou du désespoir ! […] L’ignorance avoit jeté de trop profondes racines, pour pouvoir facilement arrêter ses progrès. […] Mais quand on jette les yeux sur leurs productions, on ne sauroit s’empêcher d’y remarquer l’empreinte profonde de l’ignorance. […] Faut-il que des révolutions soudaines, des guerres cruelles, des orages imprévus, des événemens extraordinaires & sinistres, des coups de foudre redoublés, jettent le trouble dans notre ame & nous agitent comme le Démon de la Pithonisse ?

330. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Tout à coup la jeune fille, oubliant dans son enthousiasme l’aversion de son père pour ce livre, jette pathétiquement ses bras au cou de son frère en déclamant à haute voix, et avec des larmes, l’apostrophe de l’amante de Satan. […] « Je cherchai à leur complaire en écrivant ces vers ; mais, m’impatientant contre moi-même, je jetai la plume. […] Werther, comme le Génie du Christianisme, n’attendit pas son succès une heure : l’électricité ne court pas plus vite d’un pôle à l’autre ; le monde entier des jeunes gens, des amants, des femmes, des malades de cœur, se jeta sur ce livre. […] que ne jettes-tu un dernier regard sur ma misère, rayon argenté de la lune, toi qui m’as vu tant de fois après minuit veiller sur ce pupitre ! […] (Elle jette un cri de joie.)

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