Fils de l’Université qui n’a pas oublié Stanislas, c’est un normalien et un cousiniste, et, s’il est chrétien, comme je le crois, et comme quelques-uns de ses premiers écrits14 autorisent à le croire, c’est un chrétien qui derrière sa foi a sa métaphysique, comme derrière un salon dans lequel on vit peu, on a un cabinet de travail dans lequel on se tient toujours… À un homme de cette préoccupation philosophique, de cette culture, de ce goût affiné et sûr, Dieu sait l’effet que je dois produire avec mon sens littéraire ardent et violent plutôt que réglé, et mon catholicisme brutal, qui a tout avalé des philosophies qui me grignotaient l’esprit avant que Brucker m’eût ramené à cette religion de mon intelligence et de mon âme ! […] quand on les mérite, j’ai la faiblesse de les aimer, et qu’au contraire il y traite les gens, dont bien évidemment il méprise les doctrines ou l’intelligence, avec cette incroyable politesse qui, à la réflexion, fait comprendre, après tout, que ce qui est le plus coupant dans le langage, comme sur les glaives, c’est ce qui est le plus poli !
Nous n’en craignons pas même les Archiloques, s’il s’en rencontre, car les limes de la gloire sont plus dures que la dent des gracieux animaux qui les rongent, et c’est toujours quelque chose, c’est encore un profil pour l’intelligence que le talent, fût-il dans l’injustice. […] Gustave Planche, mort maintenant mais vivant alors, qui du moins avait de la compétence littéraire, une sagacité exercée, et qui aurait vu dans Balzac, artiste énorme, mais non infaillible, des débilités de main ou des excès d’intelligence qui ont échappé à l’adolescence magistrale de M.
Et telle fut en ces derniers temps la réimpression d’un livre qui eut mieux qu’un jour de renommée puisque le succès n’en a pas été épuisé par quatre éditions successives, et que l’un des auteurs (ils avaient été deux à l’écrire), usant du droit de son intelligence perfectionnée, s’est avisé de refondre et d’améliorer. […] Brucker, né sur le fumier de l’incrédulité, qui ne vaut pas celui de Job, a longtemps été philosophe, mais est devenu un chrétien, avant de recevoir son coup de lumière dans l’intelligence.
Ludovic Halévy est un homme d’esprit ; il a écrit de charmantes petites choses, d’un parisianisme assez vif et à la portée de toutes les intelligences. […] À quoi bon avoir été une lumière, une intelligence, un cerveau ? […] celui-là est tout clarté, tout charme, tout intelligence. […] Émile Zola possède à un degré moindre, c’est l’intelligence de la vie interne de l’homme. […] Tout le décor, toute l’émotion est dans les pensées, dans les passions, et dans cette intelligence suprême qui permet à M.
Les religions n’uniraient point les hommes si elles s’adressaient à l’intelligence, car l’intelligence est superbe et se plaît aux disputes. […] Sully-Prudhomme, l’intelligence l’emporta sur la sensibilité. […] Leur intelligence est pleine d’inquiétude et d’audace. […] Il a l’intelligence absolument libre. […] L’intelligence est sujette à l’erreur ; l’instinct ne trompe jamais.
À mesure que nous nous élevons par l’intelligence, elle augmente. […] Ce fait universel prend une valeur toute spéciale chez les hautes intelligences. […] Le traité de l’Intelligence en est un des piliers. […] Sans doute la galanterie fleurissait, mais relevée de sagesse, mais parfumée d’intelligence. […] Elle rapproche de nos cœurs le génie qui s’écartait tant de nos intelligences.
C’est ainsi que, pour lui, l’entente du passé devient la condition d’une intelligence étendue des choses humaines. […] Mais c’est à Jérusalem qu’il a fixé la demeure de son intelligence et de son cœur, afin d’observer comment une religion peut se répandre sur le monde, le conquérir et le consoler. […] Il pensait que l’intelligence humaine doit être en harmonie avec la nature, dont la vie consiste en une éternelle métamorphose. […] La conscience de son état, le pressentiment d’une fin prochaine ont attristé profondément cette intelligence qui est restée jusqu’au bout en possession d’elle-même. […] Il a voulu dompter les choses par la maîtrise de l’intelligence et par la tyrannie du savoir.
Madame de Girardin lui disait spirituellement : « Vous êtes le La Fayette de l’intelligence. » — Il donne l’accolade à tout ce qui est censé penser ou rêver.
Villemain, qui malheureusement n’avait pas toujours une volonté égale à ses lumières ; mais ce que nous n’avons jamais contesté ni méconnu, c’est qu’il est le plus grand littérateur proprement dit du temps ; c’est que s’il fallait chercher une définition précise de ce que c’est que talent, il ne faudrait pas le demander à un autre que lui ; c’est que, enfin, comme professeur en ces belles années 1826-1830, il a donné à la jeunesse et au public lettré les plus nobles fêtes de l’intelligence qui, dans ce genre de critique et d’histoire littéraire, aient jamais honoré une époque et un pays.